Gaya Tameron: Le dernier chaman
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GAYA TAMERON
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- GreenPepperSensei1000 messagesBadge gagné après 1000 messages et commentaires sur le forum.Un ancien de Manga-FanPlus de 5 ans sur Manga-Fan.
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Jeu 19 Fév 2015 - 4:23
Bonsoir, enchanté et bienvenue sur Manga-fan !
Alors, je trouve tout d’abord le thème très intéressant, je n'irai pas jusqu'à dire que je suis passionné par les chamans,
mais c'est un univers qui m'attire beaucoup, donc déjà le contexte de l'histoire me plaît bien.
Je suis pas un grand lecteur, encore moins de récits fantastiques, je préfère les textes lyriques,
donc je n'ai pas vraiment de référence en la matière, je me base donc sur un simple ressenti !
Première chose qui m'a donné plaisir à lire, c'est ce genre de passage :
GAYA TAMERON a écrit:
Haute d’au moins dix mètres, elle s’imposait comme l’aurait fait un géant. Massive, interminable, elle montrait une multitude de fenêtres de tous côtés. Comme des yeux qui scrutaient les alentours !
Je suis totalement fan des descriptions très imagées, comparaisons, métaphores, j'adore ça, c'est pour ça d'ailleurs que j'apprécie les textes lyriques,
donc j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ces passages que je trouve très bien écrit !
J'ai accroché l'histoire, je suis quelqu'un mine de rien assez terre à terre, alors j'aurais préféré identifier plus rapidement tous les personnages,
cela dit c'est habilement fait
Et toujours dans cet esprit, je suis resté sur ma faim quant à la description de ces personnages, on apprend par exemple que Elaï à des yeux verts,
mais je manque personnellement de détails, pareil pour Bassou et Shon.
Par ailleurs j'ai trouvé trèèèès silencieux Elaï et Shon après l’aparté entre Bassou et Tora, jusqu'à l'auberge même,
personne n'a pris la parole, je me mets à la place de l'un ou l'autre, je n'ai qu'une envie c'est de lâcher un
"What the fuck is going on ???!!"'
Ils étaient sensés aller dans une maison et MEGA changement de cap, mais tout le monde reste très calme et serein,
et surtout une famille mais alors PAS DU TOUT curieuse XD
Ensuite j'ai bien aimé le passage avec la révélation, il y a une attente qui est très prenante, j'avais envie de dire au garçon de café d'aller voir ailleurs,
que j'étais ready avec mon pop-corn moi et qu'il me gâchait la vue de l'écran lol
Et de ce fait, j'attendais encore plus de la révélation, j'attendais une liaison avec Tora etc. Lol j’exagère bien sûre...
Donc un peu déçu par la révélation, qui au final est une surprise pour Elaï, mais pas pour les lecteurs,
cela dit quand Bassou approfondit un peu plus son histoire, ça calme un petit peu l'attente qu'on avait.
Maintenant, témoignage d'en jeune homme qui a reçu une éducation ultra strict,
personnellement, une telle décision, elle est partagée de cette manière dans ma tête si je compare à ma famille :
Pouvoir de décision :
Papa : 50%
Maman : 40% (éh oui je suis né dans les années 80 hein.. )
garçon de 13 ans : 10%
Donc la mère qui supplie Shon de prendre la bonne décision, ça m'a beaucoup gêné,
par rapport à mon propre vécu, ça reste un avis très personnel pour le coup.
Et la dernière chose que j'ai à dire, qui va un peu rejoindre le fait que je trouvais la famille pas très curieuse,
à la fin du chapitre 2, il se passe tout un tas de choses avec le médaillon, et pour une famille lambda,
je doute qu'on puisse reprendre ses activités si vite, je pense que dans un moment pareil, on a quantité de choses à se dire,
on apprend soudainement l'existence de faits totalement irréels pour nous, c 'est l'heure de la confession,
du partage des ressentis, je suis d'accord que la vie reprenne son cours, mais après une phase de partage pour moi.
Quoiqu'il en soit, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce texte, je le trouve bien écrit, et j'attends également la suite
L'histoire me parle !
Il est tard, je sais pas si j'ai bien dit tout ce que j'avais à dire, et si j'ai bien formulé tout ça, mais j'ai fait mon maximum pour cette heure là lol
- GAYA TAMERONKouhaiVotre premier message !Un premier message sur le forum.Un ancien de Manga-FanPlus de 5 ans sur Manga-Fan.
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Jeu 19 Fév 2015 - 11:09
Déjà je te remercie infiniment d'avoir passé du temps à me lire à une heure aussi tardive, ça m'a touche énormément. Toute critique est bonne à prendre, je vais bien sûr en tenir compte et retravailler tout ça ! Grâce à tous vos conseils, j'espère créer une histoire plaisante à lire. J écris de nombreuses histoires en même temps, alors ne te montre pas trop impatient mais je te promets de relire ma copie. Je vous dois bien ça! :<33:
- GreenPepperSensei1000 messagesBadge gagné après 1000 messages et commentaires sur le forum.Un ancien de Manga-FanPlus de 5 ans sur Manga-Fan.
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Ven 20 Fév 2015 - 3:25
GAYA TAMERON a écrit:Déjà je te remercie infiniment d'avoir passé du temps à me lire à une heure aussi tardive, ça m'a touche énormément. Toute critique est bonne à prendre, je vais bien sûr en tenir compte et retravailler tout ça ! Grâce à tous vos conseils, j'espère créer une histoire plaisante à lire. J écris de nombreuses histoires en même temps, alors ne te montre pas trop impatient mais je te promets de relire ma copie. Je vous dois bien ça! :<33:
Avec plaisir, et si tu as d'autres histoires, n'hésite pas à nous les faire partager !
Tu as déjà publié un livre ?
- GAYA TAMERONKouhaiVotre premier message !Un premier message sur le forum.Un ancien de Manga-FanPlus de 5 ans sur Manga-Fan.
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Ven 20 Fév 2015 - 14:30
Malheureusement non, mais je m'y emploie. Le chemin est abrupt, chaotique mais je ne suis pas du genre à perdre espoir! Un jour peut-être. .......
- GAYA TAMERONKouhaiVotre premier message !Un premier message sur le forum.Un ancien de Manga-FanPlus de 5 ans sur Manga-Fan.
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Ven 27 Fév 2015 - 14:34
Ca y est, les modifications sont faites! J'espère que cela vous conviendra. J'ai fait de mon mieux pour tenir compte de tous vos conseils. Bonne lecture et n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez!
- GAYA TAMERONKouhaiVotre premier message !Un premier message sur le forum.Un ancien de Manga-FanPlus de 5 ans sur Manga-Fan.
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Sam 14 Mar 2015 - 16:44
J'ai encore encore corrigé les deux premiers chapitres, si ça vous dit de les relire?!
Sinon, je vous propose de découvrir le troisième chapitre. A tous, bonne lecture et merci pour le temps que vous voudrez bien y consacrer!
Chapitre 3 : Rencontre avec Tora
Sur une carte des environs, Bassou avait repéré la rue Quentin Tiben. Elle se trouvait à seulement dix minutes de là. Ils feraient donc le chemin à pied. Mais la nuit compliqua leur recherche : le nom des rues n’était pas très visible. S’armant de patience, ils errèrent durant quelques minutes.
Arrivés à destination, ils découvrirent une ravissante petite maison.
Entièrement construite en bois, avec une porte d’entrée rouge brillant et des volets blancs, elle était entourée d’un petit jardin arrangé avec soin. L’ensemble était charmant, presque irréel ; c’était une maison très accueillante, qui donnait envie d’y vivre. Seul Bassou savait qu’il s’agissait d’un autre cadeau de Tora ; mais ce n’était pas encore le moment d’en parler.
Ils passèrent le portillon et suivirent le petit sentier pavé. Quelques arbustes, qui seraient bientôt de formidables producteurs de fruits, étaient éclairés grâce à une série de spots judicieusement placés. Un peu plus loin, deux massifs rouges et blancs menaient à la porte d’entrée.
Ils firent tinter la grosse cloche pour avertir de leur arrivée. Et c’était comme si, du même coup, ils tournaient le dos à leur ancienne vie, sans espoir de retour.
La porte s’ouvrit, seule, en émettant un bruyant grincement. Elaï et Shon se figèrent sur place, pétrifiés. Bassou, lui, était simplement curieux de voir ce qui les attendait.
A l’intérieur, régnait une obscurité oppressante qui jurait avec l’aspect extérieur. La porte se referma derrière eux et une lumière surgit de nulle part. Elle se déplaça jusqu’à une cheminée, située dans un coin de la pièce, l’alluma et s’approcha d’eux. Elle fit apparaître trois chaises et une table. Puis elle continua à s’approcher. Elle toucha le sol et prit l’apparence d’une magnifique jeune femme, tout droit sortie d’un conte de fée. Ses vêtements lui donnaient de la prestance mais elle avait quelque chose de mystérieux qui avait de quoi fasciner. Elle était vêtue d’une robe époustouflante ; et la coiffe qu’elle portait sur la tête était spectaculaire. A sa main droite, un sceptre magique semblait lui conférer de fantastiques pouvoirs. Dans un large sourire qui la rendait plus séduisante encore, elle s’empressa de les accueillir:
- Bienvenue à vous, mes amis, mes enfants ! Faites comme chez vous. Asseyez-vous.
Seul Bassou s’installa autour de la table. Elaï et Shon n’osaient pas bouger. Ils étaient désemparés ; ils sentaient que tous leurs repères s’étaient envolés. Tora le comprit et d’une voix douce, qui se voulait rassurante, elle les invita une nouvelle fois à s’asseoir. Ils se décidèrent, finalement, obtempérant. La Grande Tora les observa d’un air satisfait, puis se mit en lévitation, assise en tailleur. Elle ne restait pas complètement immobile ; elle flottait telle une bulle de savon. Son regard bienveillant se posa à nouveau sur eux ; aussitôt, l’atmosphère s’en trouva réchauffée et ils semblèrent en ressentir les effets. Elle estima que le moment était venu de leur parler. Après tout, il était plus que temps de leur annoncer ce que l’avenir leur réservait. Elle se concentra, un instant, sur un point loin au-dessus de leur tête. Elle réfléchissait. Son visage était crispé par la concentration ; puis elle se ressaisit et leur sourit en disant :
- Je suis enchantée de vous rencontrer, enfin, tous les deux ! Elaï, j’ai des choses à te dire ; et toi, Shon….. Il me semble que tu n’es pas très grand pour ton âge. Mais peu importe, je m’égare. Je souhaiterais te faire passer une série de tests afin de connaître tes aptitudes naturelles pour la magie. Si tu es d’accord. As-tu apporté le médaillon ?
Shon hocha la tête en guise de réponse. Il avait pourtant essayé de l’ôter à plusieurs reprises, mais sans succès. En y repensant, il esquissa un sourire forcé.
- Très bien…Tiens donc ! Alors ça, c’est une surprise ! Le médaillon t’a déjà adopté ?!
Elle se tourna vers Bassou, qui était assis en face de son fils et le dévisagea, d’un air amusé.
- Sais-tu ce que cela signifie, mon ami ? lui demanda-t-elle, toute excitée.
- Tu crois qu’il est celui que tu attends, c’est bien ça ?!
- Ton fils n’est pas un garçon comme les autres, malgré ce que tu peux penser. C’est la preuve que tu te trompes et qu’il doit impérativement passer les tests. Il semble avoir certaines prédispositions ; c’est tout ce dont je suis sûre pour le moment !
A présent, tous l’observaient. Elaï, qui était assise à ses côtés, serra la main de son fils dans la sienne. Elle n’aimait pas ce qui venait de se dire. Elle sentait que tout allait se décider sans elle et elle détestait ça. Il était hors de question qu’un fantôme prenne en main la vie de son fils. Elle avait bien l’intention de le protéger quoiqu’il advienne. Et rien ne l’en empêcherait ; pas même cette « chose ».
Submergée par la peur et la colère, elle prit la parole haut et fort :
- Une minute, je vous prie, je suis la mère de Shon et à ce titre, je suis en droit de choisir ce qui est bien ou non pour lui. Bassou, je ne sais pas ce qu’il t’arrive. Je ne te comprends plus. Tu te comportes de manière si étrange, depuis hier soir ! On dirait qu’elle t’a ensorcelé. Je refuse qu’il risque sa vie ; vous pouvez récupérer votre précieux médaillon ! Nous n’en avons pas besoin. Quant à toi, si tu es incapable de protéger notre fils, ce n’est pas mon cas. Je vous empêcherai de le mettre en danger. Viens, mon chéri, rentrons à la pension ; nous n’avons plus rien à faire ici. Que ton père reste si cela lui chante ! Quand je pense que nous avons tout quitté pour toi et ta carrière ! Et c’est comme ça que tu nous remercies ?
Elle venait de se lever, des sanglots dans la voix et s’éloigna d’eux, traînant son fils derrière elle. Une fois encore, Shon était incapable de choisir entre ses deux parents. Il était pourtant désireux d’en apprendre plus sur les chamans. Mais sa mère semblait si inquiète qu’il ne se sentait pas le courage de lui désobéir. Voilà pourquoi il la laissait l’emmener loin de son père et de Tora. Il ferma les yeux, espérant que l’un des deux intervienne avant qu’ils n’aient franchi la porte. Mais que pouvaient-ils faire pour les retenir ?
A son grand soulagement, ses prières furent exaucées.
La grande prêtresse pivota dans leur direction, puis lança son bâton contre un mur de la pièce. Il ricocha sur les autres cloisons et l’endroit où ils se trouvaient, perdit toute sa consistance. Tout devint noir et mousseux, comme rongé par une infatigable bestiole. La masse sombre grandit jusqu’à ce qu’ils se retrouvent suspendus en l’air, hors du temps et de l’espace connus.
La situation avait beau être étrange et un peu effrayante, mais même Elaï en profitait. Cette sensation de légèreté ne souffrait aucune comparaison avec ce que l’on pouvait vivre sur Terre. Cet état d’apesanteur les enivrait ; les trois Rémassien riaient et s’amusaient, en toute insouciance. Tora les observait en silence. Bassou, le premier, retrouva son calme. Il connaissait déjà cet « entre-deux-mondes ». Il savait que Tora aimait bien y amener ses nouvelles recrues. A chaque fois, ils étaient impressionnés par l’étendue de ses pouvoirs et ils ne lui obéissaient que plus facilement, par la suite. Il le savait ; son fils ne ferait pas exception.
Lorsque Tora constata qu’ils étaient tous calmés, elle prit un air satisfait.
La grande prêtresse était d’une beauté sans égal sur la planète. Le jeune garçon ne pouvait s’empêcher de l’admirer. Elle avait de beaux yeux noirs, pétillant de malice et d’intelligence ; un visage parfait, d’une finesse à couper le souffle, qui respirait la bonté. Sa chevelure, sombre comme la nuit, tombait en cascade sur ses épaules à demi découvertes. Elle portait une robe, d’un rouge profond, en velours et ornée de fils d’or, qui galbait à merveille sa silhouette. Sa coiffe dissimulait le sommet de son crâne et ressemblait à un vestige de l’Egypte Antique. Tora se laissait contempler par Shon, sans dire un mot. Puis, l’observant à son tour, elle s’adressa à sa mère :
- Ton fils semble être un bon garçon. Tu l’as bien élevé avec Bassou. Il ressemble à ton père ; tu n’es pas de mon avis, ma chère ?
- Ssi… Vous l’avez connu ?
- Oui, ma chère enfant. J’ai bien connu ton père, Gordon, ainsi que ta mère, Marie. J’ai des informations sur ta famille ; informations que tu ignores. Et je m’apprête à te les révéler, au cours de la soirée. Si, bien sûr, tu le souhaites. Quant à ton fils, n’aie aucune crainte ; je n’ai pas l’intention d’agir contre toi ou derrière ton dos. Tu es une mère et je respecte cela. Je ne te le prendrai jamais. J’attendrai que tu me le confies. Je t’assure que tu peux te fier à moi. Je n’ai aucun intérêt à te faire du mal ou à devenir ton ennemie !
Mais Elaï ne fut pas rassurée pour autant. Sa méfiance résistait. C’était plus fort qu’elle ; elle n’avait pas confiance. Même si elle avait hâte d’entendre ces révélations, elle s’inquiétait. D’aussi loin qu’elle se souvenait, ses parents avaient maintenu une part de mystère dans leur existence. Ces séjours imprévus chez ses grands-parents maternels qu’elle devait accepter sans que personne ne juge utile de lui en expliquer la raison, lui avaient toujours semblée très mystérieux. A l’époque et à chaque fois que cela se produisait, elle n’avait pas manqué de poser des questions, mais elle avait toujours droit à la même réponse : il s’agissait de problèmes d’adulte et une enfant n’avait pas à en connaître la nature. Elle avait donc du se résigner et grandir, sans savoir, comme si de rien n’était. En y repensant, elle se dit que toutes ces années de silence allaient bientôt prendre fin. Elle fit signe à la Grande Tora qu’elle était prête à l’écouter et celle-ci ne se fit pas prier.
- D’abord, il faut que tu saches que ce secret devait en rester un jusqu’à aujourd’hui. Tu en comprendras la raison, plus tard. J’ignore si Bassou t’en a déjà parlée mais tout chaman a besoin de la protection d’une guérisseuse. Je fais toujours en sorte que ce soit un parent proche de l’enfant, mais aussi avec laquelle il a de bons rapports. La complicité qui les unit est primordiale pour deux raisons. D’abord, parce qu’ils passeront beaucoup de temps ensemble et qu’ils devront pouvoir compter l’un sur l’autre ; ensuite, parce que, du lien qui les unit dépend la force de leur interconnexion télépathique. C’est ce qui permet à la guérisseuse d’être alertée dès que son protégé a besoin d’elle. Et maintenant, j’en arrive à ce qui te concerne. Tu descends d’une longue lignée de guérisseuses. Tout comme ton mari descend d’une longue lignée de puissants chamans. Avec de tels parents, votre fils est un être unique. Pourtant vos pouvoirs, à tous les deux, sont comme stockés au plus profond de vous-mêmes, parce que vous n’avez pas été formés. Vous avez de grands pouvoirs, mais même s’ils font partie de vous, vous n’en avez pas conscience. Telle était la volonté de tes grands-parents maternels, après l’accident. Tu étais leur unique petite fille et ils voulaient te protéger. Tes parents ont péri et ta véritable nature, avec eux. En ce qui concerne ton fils, il faut que je vous montre quelque chose ; cela t’aidera peut-être à comprendre ce que j’attends exactement de lui.
Elle pressa ses deux mains l’une contre l’autre et une minuscule sphère bleue prit naissance. Elle la laissa s’envoler au-dessus d’eux et tournoyer sur elle-même. Ils formèrent une ronde autour d’elle, conformément aux indications de Tora et virent leur planète se matérialiser sous leurs yeux ébahis. La Grande Prêtresse lui imprima un mouvement plus rapide encore et attendit un long moment, cherchant une chose qu’elle seule pouvait apercevoir. Lorsqu’elle le trouva enfin, elle fit ralentir l’énorme sphère, pointa du doigt un endroit précis et l’agrandit tant et tant que les trois Rémassien purent aisément observer ce qu’il s’y passait. Un jeune homme que Shon reconnut aussitôt comme lui-même se battait contre des fantômes aussi sombres que des démons. Habillé comme un super-héros, il était indéniablement fort. Des éclairs émanaient de ses mains, de ses yeux. C’était vraiment impressionnant à voir ! Etait-ce son avenir ? Deviendrait-il ce combattant hors paire si ses parents acceptaient de lui laisser embrasser son destin ? Si la décision lui avait appartenu, tout aurait été plus simple : il brûlait littéralement d’en savoir davantage, malheureusement, il faudrait convaincre sa mère et rien ne disait que ce serait chose aisée. Elle n’était pas du genre à prendre des décisions à la légère et ce qu’elle en savait déjà ne semblait pas du tout lui convenir. Si Tora avait décidé de leur dévoiler son avenir, cela signifiait forcément qu’elle devait espérer que cela aurait un effet positif sur leur décision finale. Shon observa avec attention son père et vit qu’il lui souriait, aussi enthousiaste que lui. Il étudia ensuite avec attention sa mère. Elle semblait stupéfaite, sous le choc et pétrifiée sur place. Son attitude figée lui donnait à penser qu’elle devait être en plein débat avec elle-même, pesant le pour et le contre.
Tora surprit le regard inquiet de Shon et lui adressa un sourire qui se voulait confiant. Elle décida de poursuivre sa plaidoirie sans laisser trop de temps à Elaï pour trouver des raisons de camper sur ses positions.
- Votre fils est destiné, semble-t-il, à devenir mon remplaçant et le plus puissant de tous les chamans ayant jamais existé. Mais pour en être tout à fait certaine, il doit passer quelques épreuves.
Seriez-vous d’accord tous les deux pour me confier Shon ?
Bassou observa sa femme. Elle arborait un air résigné. Elle avait vu l’enthousiasme de son fils ; elle ne pouvait décemment pas demeurer inflexible, et par là même l’empêcher d’être heureux. Elle n’était pas ce genre de mère. Elle ne voulait pas être possessive, au point de refuser de voir ce que son fils désirait vraiment. Elle se contenta de hocher la tête ; elle acceptait. Si tel était son destin, s’il devait sauver des âmes perdues, être utile au monde et si cela devait le rendre heureux, elle n’avait pas le droit de s’y opposer. Les deux parents se tournèrent vers leur fils. Ils voulaient lui laisser le dernier mot. Après tout, il s’agissait de sa vie. Mais il avait déjà choisi. Il n’avait qu’un seul souhait : devenir un chaman comme son père. A présent, ses deux parents le soutenaient et il se sentait libéré.
Tora le dévisagea et lui sourit.
- Et bien, mon garçon, tiens toi prêt. Nous partons pour la Salle des Epreuves. Donne-moi la main. Ils t’attendront ici. Ils ne risquent absolument rien. Allons-y !
Sinon, je vous propose de découvrir le troisième chapitre. A tous, bonne lecture et merci pour le temps que vous voudrez bien y consacrer!
Chapitre 3 : Rencontre avec Tora
Sur une carte des environs, Bassou avait repéré la rue Quentin Tiben. Elle se trouvait à seulement dix minutes de là. Ils feraient donc le chemin à pied. Mais la nuit compliqua leur recherche : le nom des rues n’était pas très visible. S’armant de patience, ils errèrent durant quelques minutes.
Arrivés à destination, ils découvrirent une ravissante petite maison.
Entièrement construite en bois, avec une porte d’entrée rouge brillant et des volets blancs, elle était entourée d’un petit jardin arrangé avec soin. L’ensemble était charmant, presque irréel ; c’était une maison très accueillante, qui donnait envie d’y vivre. Seul Bassou savait qu’il s’agissait d’un autre cadeau de Tora ; mais ce n’était pas encore le moment d’en parler.
Ils passèrent le portillon et suivirent le petit sentier pavé. Quelques arbustes, qui seraient bientôt de formidables producteurs de fruits, étaient éclairés grâce à une série de spots judicieusement placés. Un peu plus loin, deux massifs rouges et blancs menaient à la porte d’entrée.
Ils firent tinter la grosse cloche pour avertir de leur arrivée. Et c’était comme si, du même coup, ils tournaient le dos à leur ancienne vie, sans espoir de retour.
La porte s’ouvrit, seule, en émettant un bruyant grincement. Elaï et Shon se figèrent sur place, pétrifiés. Bassou, lui, était simplement curieux de voir ce qui les attendait.
A l’intérieur, régnait une obscurité oppressante qui jurait avec l’aspect extérieur. La porte se referma derrière eux et une lumière surgit de nulle part. Elle se déplaça jusqu’à une cheminée, située dans un coin de la pièce, l’alluma et s’approcha d’eux. Elle fit apparaître trois chaises et une table. Puis elle continua à s’approcher. Elle toucha le sol et prit l’apparence d’une magnifique jeune femme, tout droit sortie d’un conte de fée. Ses vêtements lui donnaient de la prestance mais elle avait quelque chose de mystérieux qui avait de quoi fasciner. Elle était vêtue d’une robe époustouflante ; et la coiffe qu’elle portait sur la tête était spectaculaire. A sa main droite, un sceptre magique semblait lui conférer de fantastiques pouvoirs. Dans un large sourire qui la rendait plus séduisante encore, elle s’empressa de les accueillir:
- Bienvenue à vous, mes amis, mes enfants ! Faites comme chez vous. Asseyez-vous.
Seul Bassou s’installa autour de la table. Elaï et Shon n’osaient pas bouger. Ils étaient désemparés ; ils sentaient que tous leurs repères s’étaient envolés. Tora le comprit et d’une voix douce, qui se voulait rassurante, elle les invita une nouvelle fois à s’asseoir. Ils se décidèrent, finalement, obtempérant. La Grande Tora les observa d’un air satisfait, puis se mit en lévitation, assise en tailleur. Elle ne restait pas complètement immobile ; elle flottait telle une bulle de savon. Son regard bienveillant se posa à nouveau sur eux ; aussitôt, l’atmosphère s’en trouva réchauffée et ils semblèrent en ressentir les effets. Elle estima que le moment était venu de leur parler. Après tout, il était plus que temps de leur annoncer ce que l’avenir leur réservait. Elle se concentra, un instant, sur un point loin au-dessus de leur tête. Elle réfléchissait. Son visage était crispé par la concentration ; puis elle se ressaisit et leur sourit en disant :
- Je suis enchantée de vous rencontrer, enfin, tous les deux ! Elaï, j’ai des choses à te dire ; et toi, Shon….. Il me semble que tu n’es pas très grand pour ton âge. Mais peu importe, je m’égare. Je souhaiterais te faire passer une série de tests afin de connaître tes aptitudes naturelles pour la magie. Si tu es d’accord. As-tu apporté le médaillon ?
Shon hocha la tête en guise de réponse. Il avait pourtant essayé de l’ôter à plusieurs reprises, mais sans succès. En y repensant, il esquissa un sourire forcé.
- Très bien…Tiens donc ! Alors ça, c’est une surprise ! Le médaillon t’a déjà adopté ?!
Elle se tourna vers Bassou, qui était assis en face de son fils et le dévisagea, d’un air amusé.
- Sais-tu ce que cela signifie, mon ami ? lui demanda-t-elle, toute excitée.
- Tu crois qu’il est celui que tu attends, c’est bien ça ?!
- Ton fils n’est pas un garçon comme les autres, malgré ce que tu peux penser. C’est la preuve que tu te trompes et qu’il doit impérativement passer les tests. Il semble avoir certaines prédispositions ; c’est tout ce dont je suis sûre pour le moment !
A présent, tous l’observaient. Elaï, qui était assise à ses côtés, serra la main de son fils dans la sienne. Elle n’aimait pas ce qui venait de se dire. Elle sentait que tout allait se décider sans elle et elle détestait ça. Il était hors de question qu’un fantôme prenne en main la vie de son fils. Elle avait bien l’intention de le protéger quoiqu’il advienne. Et rien ne l’en empêcherait ; pas même cette « chose ».
Submergée par la peur et la colère, elle prit la parole haut et fort :
- Une minute, je vous prie, je suis la mère de Shon et à ce titre, je suis en droit de choisir ce qui est bien ou non pour lui. Bassou, je ne sais pas ce qu’il t’arrive. Je ne te comprends plus. Tu te comportes de manière si étrange, depuis hier soir ! On dirait qu’elle t’a ensorcelé. Je refuse qu’il risque sa vie ; vous pouvez récupérer votre précieux médaillon ! Nous n’en avons pas besoin. Quant à toi, si tu es incapable de protéger notre fils, ce n’est pas mon cas. Je vous empêcherai de le mettre en danger. Viens, mon chéri, rentrons à la pension ; nous n’avons plus rien à faire ici. Que ton père reste si cela lui chante ! Quand je pense que nous avons tout quitté pour toi et ta carrière ! Et c’est comme ça que tu nous remercies ?
Elle venait de se lever, des sanglots dans la voix et s’éloigna d’eux, traînant son fils derrière elle. Une fois encore, Shon était incapable de choisir entre ses deux parents. Il était pourtant désireux d’en apprendre plus sur les chamans. Mais sa mère semblait si inquiète qu’il ne se sentait pas le courage de lui désobéir. Voilà pourquoi il la laissait l’emmener loin de son père et de Tora. Il ferma les yeux, espérant que l’un des deux intervienne avant qu’ils n’aient franchi la porte. Mais que pouvaient-ils faire pour les retenir ?
A son grand soulagement, ses prières furent exaucées.
La grande prêtresse pivota dans leur direction, puis lança son bâton contre un mur de la pièce. Il ricocha sur les autres cloisons et l’endroit où ils se trouvaient, perdit toute sa consistance. Tout devint noir et mousseux, comme rongé par une infatigable bestiole. La masse sombre grandit jusqu’à ce qu’ils se retrouvent suspendus en l’air, hors du temps et de l’espace connus.
La situation avait beau être étrange et un peu effrayante, mais même Elaï en profitait. Cette sensation de légèreté ne souffrait aucune comparaison avec ce que l’on pouvait vivre sur Terre. Cet état d’apesanteur les enivrait ; les trois Rémassien riaient et s’amusaient, en toute insouciance. Tora les observait en silence. Bassou, le premier, retrouva son calme. Il connaissait déjà cet « entre-deux-mondes ». Il savait que Tora aimait bien y amener ses nouvelles recrues. A chaque fois, ils étaient impressionnés par l’étendue de ses pouvoirs et ils ne lui obéissaient que plus facilement, par la suite. Il le savait ; son fils ne ferait pas exception.
Lorsque Tora constata qu’ils étaient tous calmés, elle prit un air satisfait.
La grande prêtresse était d’une beauté sans égal sur la planète. Le jeune garçon ne pouvait s’empêcher de l’admirer. Elle avait de beaux yeux noirs, pétillant de malice et d’intelligence ; un visage parfait, d’une finesse à couper le souffle, qui respirait la bonté. Sa chevelure, sombre comme la nuit, tombait en cascade sur ses épaules à demi découvertes. Elle portait une robe, d’un rouge profond, en velours et ornée de fils d’or, qui galbait à merveille sa silhouette. Sa coiffe dissimulait le sommet de son crâne et ressemblait à un vestige de l’Egypte Antique. Tora se laissait contempler par Shon, sans dire un mot. Puis, l’observant à son tour, elle s’adressa à sa mère :
- Ton fils semble être un bon garçon. Tu l’as bien élevé avec Bassou. Il ressemble à ton père ; tu n’es pas de mon avis, ma chère ?
- Ssi… Vous l’avez connu ?
- Oui, ma chère enfant. J’ai bien connu ton père, Gordon, ainsi que ta mère, Marie. J’ai des informations sur ta famille ; informations que tu ignores. Et je m’apprête à te les révéler, au cours de la soirée. Si, bien sûr, tu le souhaites. Quant à ton fils, n’aie aucune crainte ; je n’ai pas l’intention d’agir contre toi ou derrière ton dos. Tu es une mère et je respecte cela. Je ne te le prendrai jamais. J’attendrai que tu me le confies. Je t’assure que tu peux te fier à moi. Je n’ai aucun intérêt à te faire du mal ou à devenir ton ennemie !
Mais Elaï ne fut pas rassurée pour autant. Sa méfiance résistait. C’était plus fort qu’elle ; elle n’avait pas confiance. Même si elle avait hâte d’entendre ces révélations, elle s’inquiétait. D’aussi loin qu’elle se souvenait, ses parents avaient maintenu une part de mystère dans leur existence. Ces séjours imprévus chez ses grands-parents maternels qu’elle devait accepter sans que personne ne juge utile de lui en expliquer la raison, lui avaient toujours semblée très mystérieux. A l’époque et à chaque fois que cela se produisait, elle n’avait pas manqué de poser des questions, mais elle avait toujours droit à la même réponse : il s’agissait de problèmes d’adulte et une enfant n’avait pas à en connaître la nature. Elle avait donc du se résigner et grandir, sans savoir, comme si de rien n’était. En y repensant, elle se dit que toutes ces années de silence allaient bientôt prendre fin. Elle fit signe à la Grande Tora qu’elle était prête à l’écouter et celle-ci ne se fit pas prier.
- D’abord, il faut que tu saches que ce secret devait en rester un jusqu’à aujourd’hui. Tu en comprendras la raison, plus tard. J’ignore si Bassou t’en a déjà parlée mais tout chaman a besoin de la protection d’une guérisseuse. Je fais toujours en sorte que ce soit un parent proche de l’enfant, mais aussi avec laquelle il a de bons rapports. La complicité qui les unit est primordiale pour deux raisons. D’abord, parce qu’ils passeront beaucoup de temps ensemble et qu’ils devront pouvoir compter l’un sur l’autre ; ensuite, parce que, du lien qui les unit dépend la force de leur interconnexion télépathique. C’est ce qui permet à la guérisseuse d’être alertée dès que son protégé a besoin d’elle. Et maintenant, j’en arrive à ce qui te concerne. Tu descends d’une longue lignée de guérisseuses. Tout comme ton mari descend d’une longue lignée de puissants chamans. Avec de tels parents, votre fils est un être unique. Pourtant vos pouvoirs, à tous les deux, sont comme stockés au plus profond de vous-mêmes, parce que vous n’avez pas été formés. Vous avez de grands pouvoirs, mais même s’ils font partie de vous, vous n’en avez pas conscience. Telle était la volonté de tes grands-parents maternels, après l’accident. Tu étais leur unique petite fille et ils voulaient te protéger. Tes parents ont péri et ta véritable nature, avec eux. En ce qui concerne ton fils, il faut que je vous montre quelque chose ; cela t’aidera peut-être à comprendre ce que j’attends exactement de lui.
Elle pressa ses deux mains l’une contre l’autre et une minuscule sphère bleue prit naissance. Elle la laissa s’envoler au-dessus d’eux et tournoyer sur elle-même. Ils formèrent une ronde autour d’elle, conformément aux indications de Tora et virent leur planète se matérialiser sous leurs yeux ébahis. La Grande Prêtresse lui imprima un mouvement plus rapide encore et attendit un long moment, cherchant une chose qu’elle seule pouvait apercevoir. Lorsqu’elle le trouva enfin, elle fit ralentir l’énorme sphère, pointa du doigt un endroit précis et l’agrandit tant et tant que les trois Rémassien purent aisément observer ce qu’il s’y passait. Un jeune homme que Shon reconnut aussitôt comme lui-même se battait contre des fantômes aussi sombres que des démons. Habillé comme un super-héros, il était indéniablement fort. Des éclairs émanaient de ses mains, de ses yeux. C’était vraiment impressionnant à voir ! Etait-ce son avenir ? Deviendrait-il ce combattant hors paire si ses parents acceptaient de lui laisser embrasser son destin ? Si la décision lui avait appartenu, tout aurait été plus simple : il brûlait littéralement d’en savoir davantage, malheureusement, il faudrait convaincre sa mère et rien ne disait que ce serait chose aisée. Elle n’était pas du genre à prendre des décisions à la légère et ce qu’elle en savait déjà ne semblait pas du tout lui convenir. Si Tora avait décidé de leur dévoiler son avenir, cela signifiait forcément qu’elle devait espérer que cela aurait un effet positif sur leur décision finale. Shon observa avec attention son père et vit qu’il lui souriait, aussi enthousiaste que lui. Il étudia ensuite avec attention sa mère. Elle semblait stupéfaite, sous le choc et pétrifiée sur place. Son attitude figée lui donnait à penser qu’elle devait être en plein débat avec elle-même, pesant le pour et le contre.
Tora surprit le regard inquiet de Shon et lui adressa un sourire qui se voulait confiant. Elle décida de poursuivre sa plaidoirie sans laisser trop de temps à Elaï pour trouver des raisons de camper sur ses positions.
- Votre fils est destiné, semble-t-il, à devenir mon remplaçant et le plus puissant de tous les chamans ayant jamais existé. Mais pour en être tout à fait certaine, il doit passer quelques épreuves.
Seriez-vous d’accord tous les deux pour me confier Shon ?
Bassou observa sa femme. Elle arborait un air résigné. Elle avait vu l’enthousiasme de son fils ; elle ne pouvait décemment pas demeurer inflexible, et par là même l’empêcher d’être heureux. Elle n’était pas ce genre de mère. Elle ne voulait pas être possessive, au point de refuser de voir ce que son fils désirait vraiment. Elle se contenta de hocher la tête ; elle acceptait. Si tel était son destin, s’il devait sauver des âmes perdues, être utile au monde et si cela devait le rendre heureux, elle n’avait pas le droit de s’y opposer. Les deux parents se tournèrent vers leur fils. Ils voulaient lui laisser le dernier mot. Après tout, il s’agissait de sa vie. Mais il avait déjà choisi. Il n’avait qu’un seul souhait : devenir un chaman comme son père. A présent, ses deux parents le soutenaient et il se sentait libéré.
Tora le dévisagea et lui sourit.
- Et bien, mon garçon, tiens toi prêt. Nous partons pour la Salle des Epreuves. Donne-moi la main. Ils t’attendront ici. Ils ne risquent absolument rien. Allons-y !
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Mar 17 Mar 2015 - 18:51
Je suis en retard mais je suis là quand même, prépare toi je serais sans pitié
Chapitre un peu court par rapport aux autres ( ou c'est une impression ) mais nous avons deux révélations : le passé d'Elaï et donc le fait qu'elle descend d'une grande lignée de guérisseurs et le destin de Shon et son futur en tant que chaman le plus puissant ayant jamais foulé cette terre.
Deux choses qui m'ont un peu gêné, pourquoi Tora prend la forme d'une vieille peau une fois sur deux ?!
Laisse la en mode grande prêtresse sexy, tu vas briser son image de marque =O
Et tu ne penses pas que Elaï s'est facilement laissée convaincre après la scène qu'elle a faite pour protéger son fils ? J'ai pensé ( *alleluia* oui il pense ! ) pourquoi Tora ne montrerait pas une vision de Shon dans le futur comme élément déclencheur plutôt que le sort, ce serait peut-être plus rassurant pour une mère, enfin après c'est une idée j'ai pas dit qu'elle était bonne xD mais dit moi ce que tu en penses.
Pour finir encore une chose qui me choque :
Tu as pas tenu compte des miens j'espère ? xD
Maintenant on va entrer dans le feu de l'action au prochain chapitre, donc j'attends de voir ça, mais en tout cas
Bon du coup je vais relire attentivement les premiers chapitres pour voir si tu as tenu compte de mes conseils
Chapitre un peu court par rapport aux autres ( ou c'est une impression ) mais nous avons deux révélations : le passé d'Elaï et donc le fait qu'elle descend d'une grande lignée de guérisseurs et le destin de Shon et son futur en tant que chaman le plus puissant ayant jamais foulé cette terre.
Deux choses qui m'ont un peu gêné, pourquoi Tora prend la forme d'une vieille peau une fois sur deux ?!
Laisse la en mode grande prêtresse sexy, tu vas briser son image de marque =O
Et tu ne penses pas que Elaï s'est facilement laissée convaincre après la scène qu'elle a faite pour protéger son fils ? J'ai pensé ( *alleluia* oui il pense ! ) pourquoi Tora ne montrerait pas une vision de Shon dans le futur comme élément déclencheur plutôt que le sort, ce serait peut-être plus rassurant pour une mère, enfin après c'est une idée j'ai pas dit qu'elle était bonne xD mais dit moi ce que tu en penses.
Pour finir encore une chose qui me choque :
GAYA TAMERON a écrit:J'ai fait de mon mieux pour tenir compte de tous vos conseils
Tu as pas tenu compte des miens j'espère ? xD
Maintenant on va entrer dans le feu de l'action au prochain chapitre, donc j'attends de voir ça, mais en tout cas
Bon du coup je vais relire attentivement les premiers chapitres pour voir si tu as tenu compte de mes conseils
- GAYA TAMERONKouhaiVotre premier message !Un premier message sur le forum.Un ancien de Manga-FanPlus de 5 ans sur Manga-Fan.
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Mar 17 Mar 2015 - 20:07
Merci d’être toujours là pour suivre les aventures de Shon! C’est toujours un plaisir de lire tes commentaires et tes remarques! Tora te remercie de veiller à ses intérêts! Je vais sans doute changer ça, tu as raison! Quant à ton idée de la vision dans le futur, je vais l'inclure de ce pas dans l’histoire. Très bonne idée!
Ce troisième chapitre est à peu près de la même longueur que le premier, c’est surtout le second qui est particulièrement long. Est-ce que c’est vraiment gênant à la lecture?
Et oui, j'accorde une grande importance à ceux qui ont la gentillesse de prendre le temps de me lire, et donc à leurs conseils!
Ce troisième chapitre est à peu près de la même longueur que le premier, c’est surtout le second qui est particulièrement long. Est-ce que c’est vraiment gênant à la lecture?
Et oui, j'accorde une grande importance à ceux qui ont la gentillesse de prendre le temps de me lire, et donc à leurs conseils!
- AokiSensei1000 messagesBadge gagné après 1000 messages et commentaires sur le forum.Un ancien de Manga-FanPlus de 5 ans sur Manga-Fan.
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Mar 17 Mar 2015 - 20:53
GAYA TAMERON a écrit:Ce troisième chapitre est à peu près de la même longueur que le premier, c’est surtout le second qui est particulièrement long. Est-ce que c’est vraiment gênant à la lecture?
Non pas du tout au contraire c'est léger ça se lit tout seul, si j'ai trouvé ça plus court ça veut dire que j'ai accroché à l'histoire, tu as bien bossé !
Après pour ma petite idée je veux pas te forcer la main, tu restes la seule chef à bord !
Mais si l'idée te plaît heureux d'avoir pu être utile
En tout cas, c'est moi qui te remercie et au plaisir de continuer à te lire !
P.S : On s'arrangera pour les droits d'auteur de mes idées
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Mer 18 Mar 2015 - 16:06
Je t'assure que je ne me sens pas obligée de rajouter ton idée, bien au contraire! Je suis vraiment sincère quand je dis que je l’aime beaucoup ! J ’ apprécie cette émulsion que permet le dialogue avec des lecteurs! Il n’ y a à rien de mieux, je t'assure! C’est que du bonheur pour moi! Je suis ravie d'avoir trouvé une personne comme toi, aussi bienveillante ! Et t'inquiète, le jour où je suis éditée, je ne t’oublierais pas!!!!!!
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Jeu 19 Mar 2015 - 19:03
:happyy: C'est gentil ça
Si tu es éditée, je veux être nommé premier conseiller
Mais tu sais c'est pas si irréalisable que ça, faudrait que je retrouve le nom du site ( enfin peut-être que tu connais déjà ) mais j'ai vu un site où tu postes ton bouquin, et si il plaît , ils t'éditent *-*
D'ailleurs pure curiosité, combien de temps ça te prends pour imaginer et écrire un chapitre ?
Si tu es éditée, je veux être nommé premier conseiller
Mais tu sais c'est pas si irréalisable que ça, faudrait que je retrouve le nom du site ( enfin peut-être que tu connais déjà ) mais j'ai vu un site où tu postes ton bouquin, et si il plaît , ils t'éditent *-*
D'ailleurs pure curiosité, combien de temps ça te prends pour imaginer et écrire un chapitre ?
- GAYA TAMERONKouhaiVotre premier message !Un premier message sur le forum.Un ancien de Manga-FanPlus de 5 ans sur Manga-Fan.
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Jeu 19 Mar 2015 - 20:51
C’est vrai !? C’est quoi le nom de ce site ? Pour l’instant, je suis sur lulu.com, une plateforme d’autoedition mais c’est pas super pour se faire connaître. J’ai envoyé mon manuscrit à quelques éditeurs mais ils ont du mal à donner leur chance à de nouveaux auteurs, par définition inconnus, autrement dit investissement risqué! Quand on voit parfois ce qui est édité (un peu toujours sur les thèmes qui font vendre), ça m'énerve!
C’est pour ça que ta gentillesse et ton soutien sont aussi précieux à mes yeux! C’est super pour le moral!
Et pour répondre à ta question: les idées proviennent uniquement de mes rêves, et ensuite je les couche sur papier. Mais pour écrire tout un chapitre, je dirais que je mets environ une semaine ou deux, selon la taille du chapitre.
C’est pour ça que ta gentillesse et ton soutien sont aussi précieux à mes yeux! C’est super pour le moral!
Et pour répondre à ta question: les idées proviennent uniquement de mes rêves, et ensuite je les couche sur papier. Mais pour écrire tout un chapitre, je dirais que je mets environ une semaine ou deux, selon la taille du chapitre.
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Jeu 19 Mar 2015 - 22:23
C'est vrai que c'est frustrant parce que tu galères, juste parce que tu traites dans un sujet différent là où les autres font du vu et revu et peuvent se faire éditer plus facilement...
Au moins tu auras le mérite d'avoir choisi un thème qui te plaît et pas un thème vendeur.
Deux semaines, c'est un travail de longue haleine tout ça.
P.S: je t'ai envoyé un mp pour le site dont je te parlais plus haut
Au moins tu auras le mérite d'avoir choisi un thème qui te plaît et pas un thème vendeur.
Deux semaines, c'est un travail de longue haleine tout ça.
P.S: je t'ai envoyé un mp pour le site dont je te parlais plus haut
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Jeu 19 Mar 2015 - 23:07
En fait les deux semaines, c’est surtout parce que j'écris plusieurs histoires en même temps. C’est pas bien il paraît, mais c’est plus fort que moi, j’ai l'imagination galopante et mes idées s'enchaînent. Alors j'écris le soir, le matin, devant la télé, en écoutant de la musique ou en faisant la vaisselle (ouais je te jure!!!). En fait, pour moi l'écriture ce n’est ni un loisir, ni une passion c’est mon mode de vie! Je crois bien que je suis accro! C’est grave docteur?
Et merci pour le mp. C’est trop gentil!
Tant que j'y pense, je suis en train de faire les corrections du troisième chapitre, j'espère pouvoir les poster prochainement!
Et merci pour le mp. C’est trop gentil!
Tant que j'y pense, je suis en train de faire les corrections du troisième chapitre, j'espère pouvoir les poster prochainement!
- GAYA TAMERONKouhaiVotre premier message !Un premier message sur le forum.Un ancien de Manga-FanPlus de 5 ans sur Manga-Fan.
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Sam 21 Mar 2015 - 17:27
Comme promis, j'ai fait la correction du chapitre 3 en tenant compte des suggestions de Aoki! Bonne lecture et au plaisir de découvrir vos remarques ou idées!
- GAYA TAMERONKouhaiVotre premier message !Un premier message sur le forum.Un ancien de Manga-FanPlus de 5 ans sur Manga-Fan.
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Lun 6 Avr 2015 - 21:21
J'ai encore retravaillé les trois précédents chapitres. J'espère qu'ils n'en deviennent que plus agréables à lire.
Je vous propose de découvrir le quatrième chapitre. En espérant qu'il plaira à tous ceux qui voudront bien le lire!
Chapitre 4: Les Tests
Shon avança tant bien que mal pour se rapprocher de la Grande Prêtresse. Luttant contre l’apesanteur, il parvint finalement à effleurer sa main. Et, en un clin d’œil, tous deux s’éclipsèrent.
Il l’entendait réciter des phrases incompréhensibles et se laissait emporter au loin. Il ne sentait plus son corps, sauf sa tête, qui le faisait souffrir atrocement.
Pour son malheur, le voyage semblait ne pas avoir de fin. Il ne voyait que ce rouleau de brouillard bleuté, au sein duquel ils évoluaient et qui menaçait, à chaque instant, de s’abattre sur eux. Tel un tsunami, il allait les écraser. Une frayeur lancinante s’empara de tout son être. Mais il y avait plus inquiétant encore. Le jeune garçon percevait, de temps en temps, des bruits étranges qui le glaçaient d’effroi. Des hurlements, des cliquetis et des crépitements résonnaient autour d’eux, à chaque fois que le rouleau ralentissait ou accélérait. C’était comme s’ils entraient en collision avec ce qui les entourait. Objets, êtres vivants ou non, il ignorait leur nature. Parfois, le choc était si violent qu’il ne sentait plus la main à laquelle il s’accrochait. Heureusement, Tora le rattrapait, à chaque fois. Cela dura une vingtaines de minutes et Shon commençait à trouver le temps long. Ce périple avait le mauvais goût de s’éterniser et sa tête qui menaçait d’exploser d’une minute à l’autre ! Miraculeusement, le rouleau de brouillard s’éclaircit brutalement. C’était comme s’il avait senti le calvaire qu’il lui infligeait. La lumière du soleil réchauffa son visage et ses pieds se posèrent sur un sol.
Etourdi par le trajet, la lumière qui commençait à l’éblouir, ne l’étonnait guère. Il recevait trop de données pour son cerveau humain et rien n’avait de sens. Il réagissait comme un automate. Incapable même de voir que le sol qu’il foulait n’était en rien ordinaire. En surface, la brume qui le tapissait voilait ses pieds. Et à chacun de ses pas, il rebondissait comme sur un trampoline. Même les murs étaient étranges : ils semblaient n’avoir aucune consistance. Ils étaient flous, lointains, presque irréels. Mais Shon se sentait vidé, incapable du moindre raisonnement.
Pendant ce temps, ses parents, restés seuls, flottaient toujours dans l’espace infini. Ils avaient entamé une longue descente depuis le départ de Tora et Shon. Et ils attendaient patiemment d’apercevoir un sol qui devrait bien se montrer un jour. Même si Elaï était blottie dans les bras de son mari, elle n’avait pas peur, se sentait même sereine, étrangement. Enfin, ils finirent par atterrir. Ils se trouvaient toujours dans la petite maison, qui devait devenir la leur. Sur la table que Tora avait fait apparaître, Bassou aperçut une lettre. Il reconnu une Visapost. Il s’approcha, l’effleura d’une main puis recula. L’enveloppe se souleva, flottant au-dessus du meuble. Elle émit un halo de lumière et se décacheta, comme animée d’une volonté propre. Le visage de la Grande Prêtresse apparut. Il flottait, en l’air, à leur hauteur. Elaï ne put réprimer un cri de surprise. Mais l’ancien chaman lui sourit et lui dit :
-Tu as devant toi ce que nous appelons une « Visapost ». Il s’agit d’un genre de lettre. D’ordinaire, elle est strictement réservée aux chamans et aux guérisseuses. C’est un moyen de communication bien pratique et surtout très rapide. En outre, elle ne se lit pas, elle s’écoute. Pour nous, elle devrait être invisible, mais Tora a dû lui jeter un sort d’apparition.
Malgré l’étrangeté du phénomène, sa femme se rasséréna. Elle avait confiance en son mari, plus qu’en quiconque. S’il lui disait qu’elle n’avait rien à craindre, elle le croyait. Et même s’il se trompait, elle savait qu’à ses côtés, rien de fâcheux ne pouvait lui arriver. Ils étaient ensemble depuis si longtemps ! Pourtant, pour la première fois, il l’emportait loin du monde qu’elle connaissait ; loin de sa routine chérie, de son cocon familial, et de tout ce qui était normal. C’était un nouveau monde qui s’ouvrait à elle, où l’inconnu et les mystères devaient régner en maîtres. Mettant fin à ses réflexions, l’Esprit s’adressa à eux :
- Ecoutez-moi bien tous les deux. J’ai des révélations à vous faire. Elaï, comme je te l’ai dit tout à l’heure, tu es une guérisseuse et en tant que telle, tu devras veiller sur un chaman. Réjouis-toi, car ce sera ton propre fils. De cette manière, tu pourras le protéger et le conseiller avec l’aide de ton époux. Je vais avoir besoin de vous deux pour une mission capitale. La situation actuelle est très grave et votre résidence est au cœur du problème. En fait, le Mal suprême s’en sert comme d’une passerelle entre le monde des vivants et celui des morts. Il a d’ailleurs l’intention d’y faire passer tous les Esprits à sa solde, au cours de la nuit d’Halloween. Et ce ne sera pas pour une visite de courtoisie, vous pouvez me croire ! S’il parvient à ses fins, l’équilibre entre les deux mondes, Affantésis et Thanatosis, sera rompu à tout jamais. Et cela aurait des conséquences désastreuses ! Jusqu’à présent, ils ont coexisté comme les deux faces d’un même miroir : tout événement dans l’un a des répercussions dans l’autre mais ils ne sont pas faits pour être raccordés en permanence. Nous avons même créé une loi qui l’interdit formellement, à cause de quelques exemples malheureux, qui font parti de l’histoire. En effet, nous avons pu constater que les rêves de conquête étaient dangereux pour le bien commun. Les morts veulent retrouver leur vie perdue, tandis que les vivants souhaitent récupérer leurs morts. Si l’équilibre était rompu, les deux mondes disparaîtraient. Ils sont comme le yin et le yang, le Bien et le Mal ; ils ont beau être antinomiques, ils n’en sont pas moins indissociables. Je vais avoir besoin de vous pour épauler votre fils. Votre mission à tous les trois sera de sauver le monde, ou plutôt les deux mondes. Les tests que Shon doit passer ne sont qu’une simple formalité, selon moi ; même si j’ai préféré le taire en sa présence. Mais, à mon avis, il est plus qu’évident qu’il est bien mon digne successeur. Je dois cependant respecter la procédure. A cause de son jeune âge et de son inexpérience, il aura besoin de vous deux : toi, Bassou, tu seras son mentor, son conseiller. Et toi, Elaï, tu seras une guérisseuse parfaite pour ton fils. En temps normal, vous ne devriez pas être seuls, mais un être diabolique a tué tous mes chamans et toutes mes guérisseuses. Vous êtes le dernier espoir, le dernier rempart contre la menace qui pèse sur nous tous, mais fort heureusement, vous avez la puissance nécessaire pour faire face à l’ennemi qui nous menace. Il semble l’ignorer et c’est tant mieux ; vous n’êtes pas mon denier recours, faute de mieux, mais plutôt mes cartes maîtresses, mes trois armes secrètes. Encore une dernière chose avant de vous laisser : notre ennemi est extrêmement dangereux. Chaque fois qu’il tue, il gagne un soldat supplémentaire et il absorbe son énergie ; il devient ainsi plus fort. Il a aussi le pouvoir de se dédoubler à l’infini ; il devient alors capable de prendre possession de n’importe quelle enveloppe physique afin de commettre ses méfaits. En effet, pour rentrer dans Affantésis, il faut être un humain, ou utiliser un Pastige, ou bien encore habiter une enveloppe charnelle. Et c’est ce dernier procédé qu’il a utilisé pour tous les exterminer. Je suis à présent sans armée pour agir contre lui, et il le sait. Il ne me reste plus que vous trois. Sachez une chose, malgré tous ses pouvoirs, il a un point faible : il a besoin de corps. Or, ils ont une durée de vie très restreinte, une fois l’âme retirée, et le rituel qui permet de s’en emparer est des plus complexes. Il n’est pas à la portée de n’importe quel Esprit…Mais je ne vous en dis pas plus. Je dois vous laisser. A plus tard !
Sitôt son message terminé, son visage devint flou jusqu’à disparaître complètement.
Il était temps, à présent, pour elle d’entamer la série de tests auxquels Shon devait se soumettre. Et même si elle était convaincue qu’il était né pour être un chaman, il n’aurait le droit d’utiliser ses pouvoirs qu’après avoir été contrôlé.
- Mon garçon, lui dit-elle, concentre-toi bien ; reproduis exactement chacun de mes gestes et répètes chacun des mots que je dirais. Tu verras, tout se passera bien. Nous allons vérifier ensemble ce dont tu es vraiment capable. Oublie tout ce que tu sais ou crois savoir à propos de la magie. Oublie aussi toutes les entraves du monde des humains. Tu vas pouvoir manipuler les différents éléments. Mais pour y parvenir, un novice tel que toi, doit d’abord avoir foi en ses capacités. Les tests que tu t’apprêtes à passer sont une sorte de marathon ; tu n’auras qu’une minute de repos entre chaque épreuve. Je sais, c’est très court, mais c’est ainsi. Commençons par quelque chose de simple : la lévitation.
Tora claqua à deux reprises des doigts et sa belle robe se transforma en kimono de satin blanc. Puis, elle s’assit, jambes croisées, ferma les yeux et scanda à voix haute : « arru balto voli ». Elle quitta le sol aussitôt et s’arrêta à environ quatre mètres au-dessus de la tête de son disciple.
-Mets-toi dans la même position que moi. Voilà. Maintenant, ferme les yeux. Et répète avec moi : «arru», «balto», «voli». Allez, concentre-toi et visualise ce que tu veux faire.
Shon s’exécuta, s’efforçant de respecter scrupuleusement les consignes de Tora. Il essaya de ne plus penser qu’à une seule chose : il voulait léviter, comme elle. Il répéta les trois mots encore et encore ; en vain.
Tora se rendit compte qu’il avait beau faire de son mieux, quelque chose lui manquait pour réussir. Mais rapidement, elle réalisa qu’il y avait une solution très simple à ce problème. Elle lui sourit, avec une lueur dans le regard que Shon trouva étrange ; et elle prononça à nouveau des mots dépourvus de sens. Puis, elle leva la tête, fixa un moment la lumière du soleil et ses yeux devinrent plus sombres que la nuit. Elle ferma les paupières et les rouvrit presque aussitôt afin de libérer deux sphères noirâtres. Elles fusionnèrent pour former un gigantesque globe noir. Il se mit à tournoyer sur lui-même, tout en avançant vers le jeune garçon.
Qu’allait-il lui arriver ? Et que pouvait-il faire pour lui échapper ?
Néanmoins, il n’eut pas le temps de trouver une réponse. Les deux sphères s’étaient seulement croisées, en vérité, et la seconde s’était fixée en hauteur. De la cavité qu’elle avait formée, il vit avec horreur sa mère tomber, hurlant de terreur. Si elle touchait le sol, elle en mourrait ; il en était sûr. Shon était affolé, apeuré, désemparé, et en colère aussi. Une colère sourde qui grandissait et qui ne tarderait pas à le submerger. Il était furieux que Tora ose mettre en péril la vie de sa mère. Il ne comprenait pas ses motivations.
Il lança un regard plein de haine dans sa direction et prononça les trois mots magiques. Il ne voulait qu’une seule chose : sauver sa mère. En quelques secondes, il observa le sol qui s’éloignait de lui puis finit par comprendre que c’était le contraire. Il avait réussi à décoller ! Il s’élança et parvint in extremis à l’attraper. Du même coup, ils échappèrent aussi à l’astre noir qui les menaçait. Afin d’en venir à bout, un champ magnétique, émanant du regard de Shon, l’emprisonna et réduisit sa taille jusqu’à ce qu’il devienne microscopique.
Ensuite, son attention se porta sur Tora. Elle s’en était prise à sa mère, elle devait donc être punie. Une barrière électrique vint l’encercler, si rapidement qu’elle ne put s’y soustraire. Puis elle fut projetée contre une des parois, dans une explosion assourdissante. Aveuglé par sa colère, Shon n’avait rien prémédité. Il était stupéfait de voir ce qu’il avait fait. Et il ne comprenait pas comment de telles choses étaient possibles. Rien ne l’avait préparé à une situation pareille. Mais il était encore bien loin d’avoir tout vu. La preuve ? Ce qu’il avait dans les bras. Il s’agissait d’un hologramme incarné ; ce que les chamans nomment un « Pastige ». Pourtant, il n’était pas encore en mesure de s’en rendre compte. Après quelques minutes, sans avoir bougé d’un pouce, il fondit en larmes, à bout de nerfs. Il était submergé par ses émotions ; et épuisé, aussi. Comme s’il venait de piquer un sprint. Quant à Tora, elle était en train de se relever. Elle n’en revenait pas. Shon avait une puissance phénoménale ! Néanmoins, il devrait s’endurcir pour être capable de contrôler ses pouvoirs.
-Shon, cesse de pleurer. Secoue-toi un peu. Tu ne mérites pas d’être un chaman. Qu’est-ce qu’il te prend ? Observe plutôt ce que tu tiens contre toi ! Non, il ne s’agit pas de ta mère ! Je n’aurai jamais pris le risque de la blesser ! lui dit-elle d’un ton sévère.
Elle voulait qu’il se ressaisisse au plus vite. S’il ne parvenait pas dès maintenant à réprimer ses émotions, ses ennemis en profiteraient pour le manipuler et le mener à sa perte. C’était un jeu que les Esprits malfaisants affectionnaient tout particulièrement. Ils s’enorgueillissaient d’être sans affects et sans attaches. Ils étaient donc les plus forts ; et tous ceux qui se laissaient guider par leurs sentiments étaient des proies faciles.
Tora se disait, tout en l’observant, que ce garçon de treize ans était sans doute le dernier espoir de l’humanité. Ce qui était une bonne et une mauvaise chose à la fois. Elle ne pouvait pas s’empêcher d’être inquiète à son sujet :
Serait- il à la hauteur ?
Etait- il possible qu’il échoue ?
Et dans ce cas qu’adviendrait-il ? …
Shon, quant à lui, se remettait à peine de ses émotions. Il lâcha le Pastige qui s’évapora instantanément.
Tora plongea son regard dans le sien et lui sourit.
-Tu as une sacrée force, mon petit, quand tu es en colère ! Il va falloir que tu apprennes à te maîtriser. C’est primordial ! Tu ne peux pas te permettre avec de tels pouvoirs d’en user sans aucun contrôle ! Quoiqu’il en soit, tu es bien celui que j’attendais. La puissance qui est en toi depuis ta naissance guettait le bon moment pour être révélée. Mais poursuivons quand même. Je dois pouvoir étudier tes aptitudes dans les autres arts. Commençons par ceci.
Elle s’assit, à nouveau, les jambes croisées et fit apparaître une bulle autour d’eux. Elle éviterait ainsi les éventuels soucis en limitant son jeune élève. Pour sa première fois, il était préférable qu’il ne s’éloigne pas trop de son corps, une fois qu’il s’en serait libéré.
- Nous nous apprêtons à quitter nos enveloppes charnelles. Cela permet en temps normal de prendre possession d’un animal ou même d’un objet, pourquoi pas. Pour l’instant, je veux simplement vérifier que tu en es capable. Le contrôle d’un corps étranger, ce sera pour plus tard. Mets-toi dans la même position que moi et ferme les yeux. Fais le vide en toi, ne pense plus à rien. Ensuite, concentre toute ton énergie sur ton but : séparer le spirituel du physique. Allez, vas-y !
Il obéit. Y mettant tout son cœur. Se disant que, cette fois, il devait réussir du premier coup. En même temps, échec ou réussite, peu importait, il apprenait ; et il s’imaginait de plus en plus dans la peau d’un chaman.
- Maintenant, répète avec moi : « aero kappé ».
Et Shon regarda son corps s’éloigner de lui. Bien sûr, c’était lui qui s’en éloignait mais il le vivait différemment. Inconscient de son nouvel état, il ne pouvait détacher son regard de cet amas de chair qui venait de s’effondrer. Il avait l’impression d’observer une marionnette abandonnée. Inerte, sans vie, ce n’était plus qu’une masse d’atomes qui gisait là-bas, peut-être pour toujours. Et lui, qu’était-il, à présent ? Il ne se voyait plus ; il était transparent. Il avait l’impression d’être un fantôme ; il ne contrôlait plus rien. Ses mouvements étaient inexistant ou presque. Il était en train de flotter dans les airs. Il vit Tora à quelques mètres de lui et tenta de s’approcher d’elle, sans y parvenir. Il commença à sentir une angoisse grandir en lui : réussirait-il à regagner son statut d’humain ?
En tout cas, sa préceptrice n’avait pas l’air pressé de lui en expliquer la méthode.
Quelques minutes s’écoulèrent, qui lui semblèrent une éternité. Puis elle vint vers lui. Avait-elle deviné ses craintes, en fin de compte ? Elle lui prit la main et ils descendirent ensemble, graduellement. Lorsqu’ils touchèrent le sol, la bulle disparut et Shon constata qu’ils étaient à nouveau incarnés. Le Pastige pour elle et le corps mortel pour lui. Pourtant, quelque chose avait changé : malgré ses tentatives, impossible de bouger le moindre de ses membres !
Tora le remarqua. Elle savait ce qu’elle devait faire. Psalmodiant à voix basse, elle apposa ses mains sur son torse, puis sur ses tempes, ses bras et enfin ses jambes. Il sentait la chaleur, presque une brûlure qui se dégageait d’elle et qu’elle lui transmettait. Il n’avait jamais connu une pareille sensation ; c’était déconcertant. Elle avait pris le contrôle de son corps, qui s’était mis à trembler, pour le reconditionner et éviter ainsi toute forme de rejet. En effet, celui-ci était plongé dans un profond coma. Elle devait simplement l’en faire sortir. Les soins prirent une dizaine de minutes, durant lesquelles il eut la sensation de faire un somme. Finalement, il redevint calme, serein même. Il se releva et observa la Grande Prêtresse avec attention. Il était fasciné par l’étendue de ses pouvoirs, mais elle était aussi très belle. Il n’avait jamais vu une femme pareille ! Il était ébloui ! Puis, il se souvint qu’elle était morte et que l’image qu’elle projetait – un Pastige qu’elle modifiait à loisir –, était fictive.
Le tirant de sa rêverie, elle lui fit signe de la suivre ; d’autres épreuves l’attendaient.
Ils avancèrent droit devant eux et une jungle leur ouvrit les bras. Ils y pénétrèrent. Une panthère musculeuse, surgissant de nulle part, vint à leur rencontre. Elle s’arrêta devant Tora, ignorant celui qui la suivait. Toutes deux se fixèrent intensément, durant quelques minutes, ne laissant échapper aucun son, pas même un grognement. L’animal s’inclina en signe de respect et la dépassa. Il vint ensuite se planter devant Shon, qui avait reculé de quelques mètres, pas vraiment rassuré de voir un félin de si près. Celui-ci l’observait avec curiosité. Aucune agressivité ne se lisait dans son regard ; il n’y avait pas de crainte à avoir. Ce qui venait de se passer était extraordinaire : cet animal avait communiqué avec un membre d’une autre espèce ! Même s’il s’agissait de la Grande Unificatrice, pour lui, c’était inédit !
Jamais il n’avait eu d’animaux de compagnie ; ses parents étaient contre. Néanmoins, il avait déjà pu observer ses camarades de classe avec leur chien ou leur chat. Leur complicité était telle qu’il avait eu le sentiment qu’ils ne leur manquaient que la parole ! Souvent ils les avaient enviés d’avoir un tel ami, pour tout partager. Etre fils unique lui pesait quelque fois !
Le cœur battant, le jeune garçon tendit la main pour toucher l’animal. Celui-ci s’y opposerait-il ? A sa grande surprise, et non sans jeter un coup d’œil en direction de son professeur, Keoni, c’était son nom, approcha sa tête pour être caressé. Shon s’empressa d’accéder à sa demande. Sa fourrure était douce et épaisse, comme une peluche. Mais la panthère était en vie et bientôt elle en voulut davantage. Elle posa ses deux pattes sur les frêles épaules adolescentes, et de tout son poids le fit basculer doucement vers l’arrière. L’aspirant-chaman se retrouva étendu, dans la jungle, avec le félin sur lui, en train de le débarbouiller. Il éclata de rire, heureux. Il n’arrivait pas à croire ce qui lui arrivait. Il faisait un câlin à un animal sauvage, comme s’il s’était agi d’un chaton ou d’un chiot.
Tora mit fin à tout cela d’un raclement de la gorge. Aussitôt, Keoni se redressa et s’assit devant lui. Tandis que Shon se relevait, époussetant ses vêtements. Face à face, ils s’observaient mutuellement. Mal à l’aise, Shon eut le sentiment que l’animal cherchait à lire au plus profond de lui. Mais, en fait, celui-ci voulait autre chose. Il comprit ce que c’était lorsqu’il vit le médaillon luire intensément et une sensation bizarre l’envahir. La panthère venait, en quelque sorte, d’activer son médaillon. Ce qui, en principe, devait lui permettre de la comprendre, tout comme Tora. Il ne se trompait pas ; il l’entendait clairement dans sa tête, à présent. Il lui disait qu’il était heureux de faire sa connaissance, qu’ils étaient amis, et qu’il espérait le revoir pour jouer. Sans avoir besoin de réfléchir, Shon lui répondit, de la même manière. L’absence de mots impliquait une honnêteté parfaite dans les dialogues.
Tora le salua d’un signe de la tête et il fit de même. Keoni sembla satisfait et s’en retourna au cœur de la jungle. Celle-ci disparut avec lui.
Sans aucun temps mort, la Grande Prêtresse le prit par les épaules et l’entraîna un peu plus loin. Ils entrèrent dans un dôme entièrement vitré. Il s’agissait encore d’une épreuve, il en était certain. Elle lui expliqua que la vie était possible grâce aux Esprits ; qu’il en existait différentes sortes. Des classes avec des aptitudes et des faiblesses. Mais toutes utiles. Parmi elles, il y avait les Miséreux, et un spécimen s’exhiba devant lui. Puis, vint un Capteur. Shon les examinait avec beaucoup d’attention. A chaque fois, elle lui demandait s’il les voyait et il attestait en toute bonne foi que c’était bien le cas. Ensuite, elle lui demandait de les décrire et il se pliait docilement à l’exercice. Il y avait celui qui avait l’air d’une âme en peine et qui hurlait si fort : le Miséreux. Celui qui était en feu, était un Capteur mais Tora lui précisa que ces Esprits-éléments appartenaient à des sous-classes : le feu, la terre, l’eau et l’électricité. Et ils poursuivirent avec le Monolithe et le Polythos. Mais tout bascula lorsque ce fut le tour du Vengeur. Au lieu de disparaître, comme les autres, une fois les explications de Tora achevées, il s’avança vers eux. Ses prunelles transperçaient la matière et glaçait d’effroi tous ceux qui le croisaient. Shon ne pouvait détacher son regard de ces yeux qui l’épouvantaient. Il était absorbé à tel point qu’il ne remarqua pas, dans un premier temps, que la Grande Prêtresse, ainsi que le dôme qui les abritaient, avaient disparu. Il avait été transporté ailleurs par la créature qui se tenait devant lui, immobile à présent. Il l’avait hypnotisé, du moins c’était tout comme ; accaparant son attention, il avait été facile de l’isoler. Là où le Vengeur l’avait emmené, Shon était devenu une proie facile, sans pouvoir espérer de l’aide. Lorsque son emprise sur le jeune garçon céda, celui-ci étudia consciencieusement les lieux. Tout n’était que noirceur et peur. Il avait l’impression d’être à l’intérieur d’un énorme nuage sombre. Un silence de mort y régnait. Il se sentit piégé, livré à son destin funeste. Sans Tora, il n’avait aucune chance d’en sortir vivant. Et ses parents, que deviendraient-ils ?
L’Esprit maléfique, qui se confondait avec les ténèbres, mit fin au silence :
- Je te salue, misérable morceau de viande. Je me nomme Mavorack le terrible. Tu es à présent en mon pouvoir, à moins de répondre correctement à mon énigme. La voici : Quelle est la seule chose qui ait de l’importance pour tous les Humains ? Alors ?... J’attends ta réponse ! Mais, prends garde, si tu te trompes, tu m’appartiendras pour toujours et ton âme errera à jamais dans le néant !
Shon était anéanti. Où était-il ? Où se trouvait Tora ? Cela faisait-il parti du test ? Et si ce n’était pas le cas, que devait-il faire ? Parviendrait-il à trouver la bonne réponse ?
Soudain, une voix, qui lui était familière, retentit dans sa tête. C’était elle :
- Ecoute ton cœur, mon garçon et la solution sera, pour toi, évidente. N’aie pas peur, je ne suis pas très loin.
« Ecouter son cœur » ? Il l’entendait battre à un rythme fou. Il sentait les veines de son cou et de ses tempes se gonfler sous l’afflux de sang. Il était incapable de réfléchir. Pourtant, il devait réagir. Il n’avait pas envie d’abandonner son corps à un Esprit démoniaque. Mais les minutes passaient et son cerveau restait désespérément vide.
Alors Mavorack s’impatienta :
-Tu me fais perdre mon temps ! J’exige une réponse… Décidément, vous êtes tous les mêmes ! Des couards ! Aurais-tu à ce point peur de te tromper que tu préfères passer le restant de ta petite vie en ma compagnie ? Je suis déçu ! J’aurais espéré davantage de courage, d’inventivité et d’intelligence de la part d’un futur chaman ! Mais, peut-être que je devrais attaquer tes chers parents pour que tu réagisses ! Qu’en penses-tu ?
Le jeune garçon eut envie de hurler. Ce monstre n’avait pas le droit de s’en prendre à ses parents ! Il n’avait plus peur ; il était furieux. Il serra les poings, très fort et ferma les yeux, pour mieux se concentrer. « La chose la plus importante pour tous les humains ? »… Pour lui, c’était ses parents. Il les aimait de tout son cœur… Après tout, c’était peut-être ça la réponse : l’Amour ! Quand il y réfléchissait, à l’échelle planétaire, c’était ce qui donnait un sens à la vie humaine. Peu importait la richesse, la pauvreté, la maladie, quand on avait à ses côtés celui ou celle qui comptait ! Oui, ça devait être ça ! Il ne pouvait pas se tromper, il en était sûr ! Le visage de ses parents s’imposa à lui ; ils lui souriaient. Sa fureur s’amplifia du même coup ; il ferait tout pour les protéger ! Il ne voulait à aucun prix les perdre !
Comme s’il était connecté à sa volonté, le médaillon devint incandescent et Shon put quitter son corps. Il était à nouveau un pur Esprit, sans aucun lien avec le monde physique. Il n’avait plus aucune sensation. Mais il était toujours en mesure de penser et de ressentir des émotions. Sa rage était intacte et tout ce qui restait de lui désirait plus que tout anéantir ledit Mavorack. Encore une fois, il était incapable de se contrôler. Il avait le sentiment d’être devenu une machine à tuer. Et personne ne pourrait l’arrêter ! Son regard se posa sur sa cible et il fit apparaître, en une fraction de seconde, une gigantesque boule de feu. Mesurant près de trois mètres de circonférence, elle brillait comme un soleil. En son centre, un curieux point noir était en train de ronger la sphère flamboyante. Les deux globes superposés l’un sur l’autre gravitaient chacun dans un sens différent. Lorsque le disque obscur eut atteint sa maturité, il donna naissance à une porte étincelante. Il s’agissait d’un passage pour la multitude de Miséreux qui ne tardèrent pas à faire leur entrée. Ils hurlaient, et gémissaient. Tel un banc de poissons, ils se dirigèrent tous vers le Vengeur. Celui-ci, trop sûr de lui, s’était révélé ; ectoplasme gris argenté, il était une cible parfaite. Les Jeunemorts était une horde de spectres désordonnés, qui allait et venait dans un bruit assourdissant jusqu’au cœur même du démon. Il avait beau résister en essayant de s’infiltrer à l’intérieur de l’organisme humain laissé vaquant, sa défaite ne faisait aucun doute. Tour à tour, l’Esprit diabolique apparaissait et disparaissait. Il savait que sa fin était proche. Ensemble, les Esprits novices, luisants et déterminés, se ruèrent sur la pauvre dépouille. Ils y pénétrèrent tous en même temps ; et ce fut l’overdose. Une implosion assourdissante mit fin à l’assaut.
«Mavorack le terrible» n’était plus ! Shon réintégra son corps. Quelques mèches bleues étaient apparues sur sa tête blonde ! Dès que la lumière fut dissipée, l’intégralité de l’armée spirituelle disparut ; sauf un.
Il s’approcha de Shon, avec la grâce d’un dauphin. Sous ses yeux écarquillés, il reprit peu à peu son ancienne apparence. D’abord, un amas d’os ambulants, puis il revêtit son pelage ; lorsque sa transformation fut achevée, il se planta devant lui. Il se nommait Rickstar. Le chien, type chien de berger, souhaitait demeurer auprès de lui. Il était « parti » loin de sa maîtresse sans avoir eu le temps de lui dire adieu. Et elle ne s’en remettait pas.
- Il faut que tu m’aides à la retrouver et à lui parler ! le supplia-t-il. En échange, tu pourras compter sur moi. J’espère que nous deviendrons rapidement des amis. Si tu acceptes, ouvre ton médaillon et je serai aspiré à l’intérieur, j’en ferai parti.
Shon l’avait écouté attentivement et sans hésiter, il leva la main droite jusqu’à son cou, tâtonnant jusqu’à l’objet doré. Mais il n’eut même pas le temps de l’entrouvrir. Le décor se figea et se transforma comme dans un rêve. Il eut brusquement une envie irrépressible de vomir. Incapable de réfréner le flux épais qui envahissait sa bouche et son nez, il se pencha en avant et n’opposa aucune résistance.
Je vous propose de découvrir le quatrième chapitre. En espérant qu'il plaira à tous ceux qui voudront bien le lire!
Chapitre 4: Les Tests
Shon avança tant bien que mal pour se rapprocher de la Grande Prêtresse. Luttant contre l’apesanteur, il parvint finalement à effleurer sa main. Et, en un clin d’œil, tous deux s’éclipsèrent.
Il l’entendait réciter des phrases incompréhensibles et se laissait emporter au loin. Il ne sentait plus son corps, sauf sa tête, qui le faisait souffrir atrocement.
Pour son malheur, le voyage semblait ne pas avoir de fin. Il ne voyait que ce rouleau de brouillard bleuté, au sein duquel ils évoluaient et qui menaçait, à chaque instant, de s’abattre sur eux. Tel un tsunami, il allait les écraser. Une frayeur lancinante s’empara de tout son être. Mais il y avait plus inquiétant encore. Le jeune garçon percevait, de temps en temps, des bruits étranges qui le glaçaient d’effroi. Des hurlements, des cliquetis et des crépitements résonnaient autour d’eux, à chaque fois que le rouleau ralentissait ou accélérait. C’était comme s’ils entraient en collision avec ce qui les entourait. Objets, êtres vivants ou non, il ignorait leur nature. Parfois, le choc était si violent qu’il ne sentait plus la main à laquelle il s’accrochait. Heureusement, Tora le rattrapait, à chaque fois. Cela dura une vingtaines de minutes et Shon commençait à trouver le temps long. Ce périple avait le mauvais goût de s’éterniser et sa tête qui menaçait d’exploser d’une minute à l’autre ! Miraculeusement, le rouleau de brouillard s’éclaircit brutalement. C’était comme s’il avait senti le calvaire qu’il lui infligeait. La lumière du soleil réchauffa son visage et ses pieds se posèrent sur un sol.
Etourdi par le trajet, la lumière qui commençait à l’éblouir, ne l’étonnait guère. Il recevait trop de données pour son cerveau humain et rien n’avait de sens. Il réagissait comme un automate. Incapable même de voir que le sol qu’il foulait n’était en rien ordinaire. En surface, la brume qui le tapissait voilait ses pieds. Et à chacun de ses pas, il rebondissait comme sur un trampoline. Même les murs étaient étranges : ils semblaient n’avoir aucune consistance. Ils étaient flous, lointains, presque irréels. Mais Shon se sentait vidé, incapable du moindre raisonnement.
Pendant ce temps, ses parents, restés seuls, flottaient toujours dans l’espace infini. Ils avaient entamé une longue descente depuis le départ de Tora et Shon. Et ils attendaient patiemment d’apercevoir un sol qui devrait bien se montrer un jour. Même si Elaï était blottie dans les bras de son mari, elle n’avait pas peur, se sentait même sereine, étrangement. Enfin, ils finirent par atterrir. Ils se trouvaient toujours dans la petite maison, qui devait devenir la leur. Sur la table que Tora avait fait apparaître, Bassou aperçut une lettre. Il reconnu une Visapost. Il s’approcha, l’effleura d’une main puis recula. L’enveloppe se souleva, flottant au-dessus du meuble. Elle émit un halo de lumière et se décacheta, comme animée d’une volonté propre. Le visage de la Grande Prêtresse apparut. Il flottait, en l’air, à leur hauteur. Elaï ne put réprimer un cri de surprise. Mais l’ancien chaman lui sourit et lui dit :
-Tu as devant toi ce que nous appelons une « Visapost ». Il s’agit d’un genre de lettre. D’ordinaire, elle est strictement réservée aux chamans et aux guérisseuses. C’est un moyen de communication bien pratique et surtout très rapide. En outre, elle ne se lit pas, elle s’écoute. Pour nous, elle devrait être invisible, mais Tora a dû lui jeter un sort d’apparition.
Malgré l’étrangeté du phénomène, sa femme se rasséréna. Elle avait confiance en son mari, plus qu’en quiconque. S’il lui disait qu’elle n’avait rien à craindre, elle le croyait. Et même s’il se trompait, elle savait qu’à ses côtés, rien de fâcheux ne pouvait lui arriver. Ils étaient ensemble depuis si longtemps ! Pourtant, pour la première fois, il l’emportait loin du monde qu’elle connaissait ; loin de sa routine chérie, de son cocon familial, et de tout ce qui était normal. C’était un nouveau monde qui s’ouvrait à elle, où l’inconnu et les mystères devaient régner en maîtres. Mettant fin à ses réflexions, l’Esprit s’adressa à eux :
- Ecoutez-moi bien tous les deux. J’ai des révélations à vous faire. Elaï, comme je te l’ai dit tout à l’heure, tu es une guérisseuse et en tant que telle, tu devras veiller sur un chaman. Réjouis-toi, car ce sera ton propre fils. De cette manière, tu pourras le protéger et le conseiller avec l’aide de ton époux. Je vais avoir besoin de vous deux pour une mission capitale. La situation actuelle est très grave et votre résidence est au cœur du problème. En fait, le Mal suprême s’en sert comme d’une passerelle entre le monde des vivants et celui des morts. Il a d’ailleurs l’intention d’y faire passer tous les Esprits à sa solde, au cours de la nuit d’Halloween. Et ce ne sera pas pour une visite de courtoisie, vous pouvez me croire ! S’il parvient à ses fins, l’équilibre entre les deux mondes, Affantésis et Thanatosis, sera rompu à tout jamais. Et cela aurait des conséquences désastreuses ! Jusqu’à présent, ils ont coexisté comme les deux faces d’un même miroir : tout événement dans l’un a des répercussions dans l’autre mais ils ne sont pas faits pour être raccordés en permanence. Nous avons même créé une loi qui l’interdit formellement, à cause de quelques exemples malheureux, qui font parti de l’histoire. En effet, nous avons pu constater que les rêves de conquête étaient dangereux pour le bien commun. Les morts veulent retrouver leur vie perdue, tandis que les vivants souhaitent récupérer leurs morts. Si l’équilibre était rompu, les deux mondes disparaîtraient. Ils sont comme le yin et le yang, le Bien et le Mal ; ils ont beau être antinomiques, ils n’en sont pas moins indissociables. Je vais avoir besoin de vous pour épauler votre fils. Votre mission à tous les trois sera de sauver le monde, ou plutôt les deux mondes. Les tests que Shon doit passer ne sont qu’une simple formalité, selon moi ; même si j’ai préféré le taire en sa présence. Mais, à mon avis, il est plus qu’évident qu’il est bien mon digne successeur. Je dois cependant respecter la procédure. A cause de son jeune âge et de son inexpérience, il aura besoin de vous deux : toi, Bassou, tu seras son mentor, son conseiller. Et toi, Elaï, tu seras une guérisseuse parfaite pour ton fils. En temps normal, vous ne devriez pas être seuls, mais un être diabolique a tué tous mes chamans et toutes mes guérisseuses. Vous êtes le dernier espoir, le dernier rempart contre la menace qui pèse sur nous tous, mais fort heureusement, vous avez la puissance nécessaire pour faire face à l’ennemi qui nous menace. Il semble l’ignorer et c’est tant mieux ; vous n’êtes pas mon denier recours, faute de mieux, mais plutôt mes cartes maîtresses, mes trois armes secrètes. Encore une dernière chose avant de vous laisser : notre ennemi est extrêmement dangereux. Chaque fois qu’il tue, il gagne un soldat supplémentaire et il absorbe son énergie ; il devient ainsi plus fort. Il a aussi le pouvoir de se dédoubler à l’infini ; il devient alors capable de prendre possession de n’importe quelle enveloppe physique afin de commettre ses méfaits. En effet, pour rentrer dans Affantésis, il faut être un humain, ou utiliser un Pastige, ou bien encore habiter une enveloppe charnelle. Et c’est ce dernier procédé qu’il a utilisé pour tous les exterminer. Je suis à présent sans armée pour agir contre lui, et il le sait. Il ne me reste plus que vous trois. Sachez une chose, malgré tous ses pouvoirs, il a un point faible : il a besoin de corps. Or, ils ont une durée de vie très restreinte, une fois l’âme retirée, et le rituel qui permet de s’en emparer est des plus complexes. Il n’est pas à la portée de n’importe quel Esprit…Mais je ne vous en dis pas plus. Je dois vous laisser. A plus tard !
Sitôt son message terminé, son visage devint flou jusqu’à disparaître complètement.
Il était temps, à présent, pour elle d’entamer la série de tests auxquels Shon devait se soumettre. Et même si elle était convaincue qu’il était né pour être un chaman, il n’aurait le droit d’utiliser ses pouvoirs qu’après avoir été contrôlé.
- Mon garçon, lui dit-elle, concentre-toi bien ; reproduis exactement chacun de mes gestes et répètes chacun des mots que je dirais. Tu verras, tout se passera bien. Nous allons vérifier ensemble ce dont tu es vraiment capable. Oublie tout ce que tu sais ou crois savoir à propos de la magie. Oublie aussi toutes les entraves du monde des humains. Tu vas pouvoir manipuler les différents éléments. Mais pour y parvenir, un novice tel que toi, doit d’abord avoir foi en ses capacités. Les tests que tu t’apprêtes à passer sont une sorte de marathon ; tu n’auras qu’une minute de repos entre chaque épreuve. Je sais, c’est très court, mais c’est ainsi. Commençons par quelque chose de simple : la lévitation.
Tora claqua à deux reprises des doigts et sa belle robe se transforma en kimono de satin blanc. Puis, elle s’assit, jambes croisées, ferma les yeux et scanda à voix haute : « arru balto voli ». Elle quitta le sol aussitôt et s’arrêta à environ quatre mètres au-dessus de la tête de son disciple.
-Mets-toi dans la même position que moi. Voilà. Maintenant, ferme les yeux. Et répète avec moi : «arru», «balto», «voli». Allez, concentre-toi et visualise ce que tu veux faire.
Shon s’exécuta, s’efforçant de respecter scrupuleusement les consignes de Tora. Il essaya de ne plus penser qu’à une seule chose : il voulait léviter, comme elle. Il répéta les trois mots encore et encore ; en vain.
Tora se rendit compte qu’il avait beau faire de son mieux, quelque chose lui manquait pour réussir. Mais rapidement, elle réalisa qu’il y avait une solution très simple à ce problème. Elle lui sourit, avec une lueur dans le regard que Shon trouva étrange ; et elle prononça à nouveau des mots dépourvus de sens. Puis, elle leva la tête, fixa un moment la lumière du soleil et ses yeux devinrent plus sombres que la nuit. Elle ferma les paupières et les rouvrit presque aussitôt afin de libérer deux sphères noirâtres. Elles fusionnèrent pour former un gigantesque globe noir. Il se mit à tournoyer sur lui-même, tout en avançant vers le jeune garçon.
Qu’allait-il lui arriver ? Et que pouvait-il faire pour lui échapper ?
Néanmoins, il n’eut pas le temps de trouver une réponse. Les deux sphères s’étaient seulement croisées, en vérité, et la seconde s’était fixée en hauteur. De la cavité qu’elle avait formée, il vit avec horreur sa mère tomber, hurlant de terreur. Si elle touchait le sol, elle en mourrait ; il en était sûr. Shon était affolé, apeuré, désemparé, et en colère aussi. Une colère sourde qui grandissait et qui ne tarderait pas à le submerger. Il était furieux que Tora ose mettre en péril la vie de sa mère. Il ne comprenait pas ses motivations.
Il lança un regard plein de haine dans sa direction et prononça les trois mots magiques. Il ne voulait qu’une seule chose : sauver sa mère. En quelques secondes, il observa le sol qui s’éloignait de lui puis finit par comprendre que c’était le contraire. Il avait réussi à décoller ! Il s’élança et parvint in extremis à l’attraper. Du même coup, ils échappèrent aussi à l’astre noir qui les menaçait. Afin d’en venir à bout, un champ magnétique, émanant du regard de Shon, l’emprisonna et réduisit sa taille jusqu’à ce qu’il devienne microscopique.
Ensuite, son attention se porta sur Tora. Elle s’en était prise à sa mère, elle devait donc être punie. Une barrière électrique vint l’encercler, si rapidement qu’elle ne put s’y soustraire. Puis elle fut projetée contre une des parois, dans une explosion assourdissante. Aveuglé par sa colère, Shon n’avait rien prémédité. Il était stupéfait de voir ce qu’il avait fait. Et il ne comprenait pas comment de telles choses étaient possibles. Rien ne l’avait préparé à une situation pareille. Mais il était encore bien loin d’avoir tout vu. La preuve ? Ce qu’il avait dans les bras. Il s’agissait d’un hologramme incarné ; ce que les chamans nomment un « Pastige ». Pourtant, il n’était pas encore en mesure de s’en rendre compte. Après quelques minutes, sans avoir bougé d’un pouce, il fondit en larmes, à bout de nerfs. Il était submergé par ses émotions ; et épuisé, aussi. Comme s’il venait de piquer un sprint. Quant à Tora, elle était en train de se relever. Elle n’en revenait pas. Shon avait une puissance phénoménale ! Néanmoins, il devrait s’endurcir pour être capable de contrôler ses pouvoirs.
-Shon, cesse de pleurer. Secoue-toi un peu. Tu ne mérites pas d’être un chaman. Qu’est-ce qu’il te prend ? Observe plutôt ce que tu tiens contre toi ! Non, il ne s’agit pas de ta mère ! Je n’aurai jamais pris le risque de la blesser ! lui dit-elle d’un ton sévère.
Elle voulait qu’il se ressaisisse au plus vite. S’il ne parvenait pas dès maintenant à réprimer ses émotions, ses ennemis en profiteraient pour le manipuler et le mener à sa perte. C’était un jeu que les Esprits malfaisants affectionnaient tout particulièrement. Ils s’enorgueillissaient d’être sans affects et sans attaches. Ils étaient donc les plus forts ; et tous ceux qui se laissaient guider par leurs sentiments étaient des proies faciles.
Tora se disait, tout en l’observant, que ce garçon de treize ans était sans doute le dernier espoir de l’humanité. Ce qui était une bonne et une mauvaise chose à la fois. Elle ne pouvait pas s’empêcher d’être inquiète à son sujet :
Serait- il à la hauteur ?
Etait- il possible qu’il échoue ?
Et dans ce cas qu’adviendrait-il ? …
Shon, quant à lui, se remettait à peine de ses émotions. Il lâcha le Pastige qui s’évapora instantanément.
Tora plongea son regard dans le sien et lui sourit.
-Tu as une sacrée force, mon petit, quand tu es en colère ! Il va falloir que tu apprennes à te maîtriser. C’est primordial ! Tu ne peux pas te permettre avec de tels pouvoirs d’en user sans aucun contrôle ! Quoiqu’il en soit, tu es bien celui que j’attendais. La puissance qui est en toi depuis ta naissance guettait le bon moment pour être révélée. Mais poursuivons quand même. Je dois pouvoir étudier tes aptitudes dans les autres arts. Commençons par ceci.
Elle s’assit, à nouveau, les jambes croisées et fit apparaître une bulle autour d’eux. Elle éviterait ainsi les éventuels soucis en limitant son jeune élève. Pour sa première fois, il était préférable qu’il ne s’éloigne pas trop de son corps, une fois qu’il s’en serait libéré.
- Nous nous apprêtons à quitter nos enveloppes charnelles. Cela permet en temps normal de prendre possession d’un animal ou même d’un objet, pourquoi pas. Pour l’instant, je veux simplement vérifier que tu en es capable. Le contrôle d’un corps étranger, ce sera pour plus tard. Mets-toi dans la même position que moi et ferme les yeux. Fais le vide en toi, ne pense plus à rien. Ensuite, concentre toute ton énergie sur ton but : séparer le spirituel du physique. Allez, vas-y !
Il obéit. Y mettant tout son cœur. Se disant que, cette fois, il devait réussir du premier coup. En même temps, échec ou réussite, peu importait, il apprenait ; et il s’imaginait de plus en plus dans la peau d’un chaman.
- Maintenant, répète avec moi : « aero kappé ».
Et Shon regarda son corps s’éloigner de lui. Bien sûr, c’était lui qui s’en éloignait mais il le vivait différemment. Inconscient de son nouvel état, il ne pouvait détacher son regard de cet amas de chair qui venait de s’effondrer. Il avait l’impression d’observer une marionnette abandonnée. Inerte, sans vie, ce n’était plus qu’une masse d’atomes qui gisait là-bas, peut-être pour toujours. Et lui, qu’était-il, à présent ? Il ne se voyait plus ; il était transparent. Il avait l’impression d’être un fantôme ; il ne contrôlait plus rien. Ses mouvements étaient inexistant ou presque. Il était en train de flotter dans les airs. Il vit Tora à quelques mètres de lui et tenta de s’approcher d’elle, sans y parvenir. Il commença à sentir une angoisse grandir en lui : réussirait-il à regagner son statut d’humain ?
En tout cas, sa préceptrice n’avait pas l’air pressé de lui en expliquer la méthode.
Quelques minutes s’écoulèrent, qui lui semblèrent une éternité. Puis elle vint vers lui. Avait-elle deviné ses craintes, en fin de compte ? Elle lui prit la main et ils descendirent ensemble, graduellement. Lorsqu’ils touchèrent le sol, la bulle disparut et Shon constata qu’ils étaient à nouveau incarnés. Le Pastige pour elle et le corps mortel pour lui. Pourtant, quelque chose avait changé : malgré ses tentatives, impossible de bouger le moindre de ses membres !
Tora le remarqua. Elle savait ce qu’elle devait faire. Psalmodiant à voix basse, elle apposa ses mains sur son torse, puis sur ses tempes, ses bras et enfin ses jambes. Il sentait la chaleur, presque une brûlure qui se dégageait d’elle et qu’elle lui transmettait. Il n’avait jamais connu une pareille sensation ; c’était déconcertant. Elle avait pris le contrôle de son corps, qui s’était mis à trembler, pour le reconditionner et éviter ainsi toute forme de rejet. En effet, celui-ci était plongé dans un profond coma. Elle devait simplement l’en faire sortir. Les soins prirent une dizaine de minutes, durant lesquelles il eut la sensation de faire un somme. Finalement, il redevint calme, serein même. Il se releva et observa la Grande Prêtresse avec attention. Il était fasciné par l’étendue de ses pouvoirs, mais elle était aussi très belle. Il n’avait jamais vu une femme pareille ! Il était ébloui ! Puis, il se souvint qu’elle était morte et que l’image qu’elle projetait – un Pastige qu’elle modifiait à loisir –, était fictive.
Le tirant de sa rêverie, elle lui fit signe de la suivre ; d’autres épreuves l’attendaient.
Ils avancèrent droit devant eux et une jungle leur ouvrit les bras. Ils y pénétrèrent. Une panthère musculeuse, surgissant de nulle part, vint à leur rencontre. Elle s’arrêta devant Tora, ignorant celui qui la suivait. Toutes deux se fixèrent intensément, durant quelques minutes, ne laissant échapper aucun son, pas même un grognement. L’animal s’inclina en signe de respect et la dépassa. Il vint ensuite se planter devant Shon, qui avait reculé de quelques mètres, pas vraiment rassuré de voir un félin de si près. Celui-ci l’observait avec curiosité. Aucune agressivité ne se lisait dans son regard ; il n’y avait pas de crainte à avoir. Ce qui venait de se passer était extraordinaire : cet animal avait communiqué avec un membre d’une autre espèce ! Même s’il s’agissait de la Grande Unificatrice, pour lui, c’était inédit !
Jamais il n’avait eu d’animaux de compagnie ; ses parents étaient contre. Néanmoins, il avait déjà pu observer ses camarades de classe avec leur chien ou leur chat. Leur complicité était telle qu’il avait eu le sentiment qu’ils ne leur manquaient que la parole ! Souvent ils les avaient enviés d’avoir un tel ami, pour tout partager. Etre fils unique lui pesait quelque fois !
Le cœur battant, le jeune garçon tendit la main pour toucher l’animal. Celui-ci s’y opposerait-il ? A sa grande surprise, et non sans jeter un coup d’œil en direction de son professeur, Keoni, c’était son nom, approcha sa tête pour être caressé. Shon s’empressa d’accéder à sa demande. Sa fourrure était douce et épaisse, comme une peluche. Mais la panthère était en vie et bientôt elle en voulut davantage. Elle posa ses deux pattes sur les frêles épaules adolescentes, et de tout son poids le fit basculer doucement vers l’arrière. L’aspirant-chaman se retrouva étendu, dans la jungle, avec le félin sur lui, en train de le débarbouiller. Il éclata de rire, heureux. Il n’arrivait pas à croire ce qui lui arrivait. Il faisait un câlin à un animal sauvage, comme s’il s’était agi d’un chaton ou d’un chiot.
Tora mit fin à tout cela d’un raclement de la gorge. Aussitôt, Keoni se redressa et s’assit devant lui. Tandis que Shon se relevait, époussetant ses vêtements. Face à face, ils s’observaient mutuellement. Mal à l’aise, Shon eut le sentiment que l’animal cherchait à lire au plus profond de lui. Mais, en fait, celui-ci voulait autre chose. Il comprit ce que c’était lorsqu’il vit le médaillon luire intensément et une sensation bizarre l’envahir. La panthère venait, en quelque sorte, d’activer son médaillon. Ce qui, en principe, devait lui permettre de la comprendre, tout comme Tora. Il ne se trompait pas ; il l’entendait clairement dans sa tête, à présent. Il lui disait qu’il était heureux de faire sa connaissance, qu’ils étaient amis, et qu’il espérait le revoir pour jouer. Sans avoir besoin de réfléchir, Shon lui répondit, de la même manière. L’absence de mots impliquait une honnêteté parfaite dans les dialogues.
Tora le salua d’un signe de la tête et il fit de même. Keoni sembla satisfait et s’en retourna au cœur de la jungle. Celle-ci disparut avec lui.
Sans aucun temps mort, la Grande Prêtresse le prit par les épaules et l’entraîna un peu plus loin. Ils entrèrent dans un dôme entièrement vitré. Il s’agissait encore d’une épreuve, il en était certain. Elle lui expliqua que la vie était possible grâce aux Esprits ; qu’il en existait différentes sortes. Des classes avec des aptitudes et des faiblesses. Mais toutes utiles. Parmi elles, il y avait les Miséreux, et un spécimen s’exhiba devant lui. Puis, vint un Capteur. Shon les examinait avec beaucoup d’attention. A chaque fois, elle lui demandait s’il les voyait et il attestait en toute bonne foi que c’était bien le cas. Ensuite, elle lui demandait de les décrire et il se pliait docilement à l’exercice. Il y avait celui qui avait l’air d’une âme en peine et qui hurlait si fort : le Miséreux. Celui qui était en feu, était un Capteur mais Tora lui précisa que ces Esprits-éléments appartenaient à des sous-classes : le feu, la terre, l’eau et l’électricité. Et ils poursuivirent avec le Monolithe et le Polythos. Mais tout bascula lorsque ce fut le tour du Vengeur. Au lieu de disparaître, comme les autres, une fois les explications de Tora achevées, il s’avança vers eux. Ses prunelles transperçaient la matière et glaçait d’effroi tous ceux qui le croisaient. Shon ne pouvait détacher son regard de ces yeux qui l’épouvantaient. Il était absorbé à tel point qu’il ne remarqua pas, dans un premier temps, que la Grande Prêtresse, ainsi que le dôme qui les abritaient, avaient disparu. Il avait été transporté ailleurs par la créature qui se tenait devant lui, immobile à présent. Il l’avait hypnotisé, du moins c’était tout comme ; accaparant son attention, il avait été facile de l’isoler. Là où le Vengeur l’avait emmené, Shon était devenu une proie facile, sans pouvoir espérer de l’aide. Lorsque son emprise sur le jeune garçon céda, celui-ci étudia consciencieusement les lieux. Tout n’était que noirceur et peur. Il avait l’impression d’être à l’intérieur d’un énorme nuage sombre. Un silence de mort y régnait. Il se sentit piégé, livré à son destin funeste. Sans Tora, il n’avait aucune chance d’en sortir vivant. Et ses parents, que deviendraient-ils ?
L’Esprit maléfique, qui se confondait avec les ténèbres, mit fin au silence :
- Je te salue, misérable morceau de viande. Je me nomme Mavorack le terrible. Tu es à présent en mon pouvoir, à moins de répondre correctement à mon énigme. La voici : Quelle est la seule chose qui ait de l’importance pour tous les Humains ? Alors ?... J’attends ta réponse ! Mais, prends garde, si tu te trompes, tu m’appartiendras pour toujours et ton âme errera à jamais dans le néant !
Shon était anéanti. Où était-il ? Où se trouvait Tora ? Cela faisait-il parti du test ? Et si ce n’était pas le cas, que devait-il faire ? Parviendrait-il à trouver la bonne réponse ?
Soudain, une voix, qui lui était familière, retentit dans sa tête. C’était elle :
- Ecoute ton cœur, mon garçon et la solution sera, pour toi, évidente. N’aie pas peur, je ne suis pas très loin.
« Ecouter son cœur » ? Il l’entendait battre à un rythme fou. Il sentait les veines de son cou et de ses tempes se gonfler sous l’afflux de sang. Il était incapable de réfléchir. Pourtant, il devait réagir. Il n’avait pas envie d’abandonner son corps à un Esprit démoniaque. Mais les minutes passaient et son cerveau restait désespérément vide.
Alors Mavorack s’impatienta :
-Tu me fais perdre mon temps ! J’exige une réponse… Décidément, vous êtes tous les mêmes ! Des couards ! Aurais-tu à ce point peur de te tromper que tu préfères passer le restant de ta petite vie en ma compagnie ? Je suis déçu ! J’aurais espéré davantage de courage, d’inventivité et d’intelligence de la part d’un futur chaman ! Mais, peut-être que je devrais attaquer tes chers parents pour que tu réagisses ! Qu’en penses-tu ?
Le jeune garçon eut envie de hurler. Ce monstre n’avait pas le droit de s’en prendre à ses parents ! Il n’avait plus peur ; il était furieux. Il serra les poings, très fort et ferma les yeux, pour mieux se concentrer. « La chose la plus importante pour tous les humains ? »… Pour lui, c’était ses parents. Il les aimait de tout son cœur… Après tout, c’était peut-être ça la réponse : l’Amour ! Quand il y réfléchissait, à l’échelle planétaire, c’était ce qui donnait un sens à la vie humaine. Peu importait la richesse, la pauvreté, la maladie, quand on avait à ses côtés celui ou celle qui comptait ! Oui, ça devait être ça ! Il ne pouvait pas se tromper, il en était sûr ! Le visage de ses parents s’imposa à lui ; ils lui souriaient. Sa fureur s’amplifia du même coup ; il ferait tout pour les protéger ! Il ne voulait à aucun prix les perdre !
Comme s’il était connecté à sa volonté, le médaillon devint incandescent et Shon put quitter son corps. Il était à nouveau un pur Esprit, sans aucun lien avec le monde physique. Il n’avait plus aucune sensation. Mais il était toujours en mesure de penser et de ressentir des émotions. Sa rage était intacte et tout ce qui restait de lui désirait plus que tout anéantir ledit Mavorack. Encore une fois, il était incapable de se contrôler. Il avait le sentiment d’être devenu une machine à tuer. Et personne ne pourrait l’arrêter ! Son regard se posa sur sa cible et il fit apparaître, en une fraction de seconde, une gigantesque boule de feu. Mesurant près de trois mètres de circonférence, elle brillait comme un soleil. En son centre, un curieux point noir était en train de ronger la sphère flamboyante. Les deux globes superposés l’un sur l’autre gravitaient chacun dans un sens différent. Lorsque le disque obscur eut atteint sa maturité, il donna naissance à une porte étincelante. Il s’agissait d’un passage pour la multitude de Miséreux qui ne tardèrent pas à faire leur entrée. Ils hurlaient, et gémissaient. Tel un banc de poissons, ils se dirigèrent tous vers le Vengeur. Celui-ci, trop sûr de lui, s’était révélé ; ectoplasme gris argenté, il était une cible parfaite. Les Jeunemorts était une horde de spectres désordonnés, qui allait et venait dans un bruit assourdissant jusqu’au cœur même du démon. Il avait beau résister en essayant de s’infiltrer à l’intérieur de l’organisme humain laissé vaquant, sa défaite ne faisait aucun doute. Tour à tour, l’Esprit diabolique apparaissait et disparaissait. Il savait que sa fin était proche. Ensemble, les Esprits novices, luisants et déterminés, se ruèrent sur la pauvre dépouille. Ils y pénétrèrent tous en même temps ; et ce fut l’overdose. Une implosion assourdissante mit fin à l’assaut.
«Mavorack le terrible» n’était plus ! Shon réintégra son corps. Quelques mèches bleues étaient apparues sur sa tête blonde ! Dès que la lumière fut dissipée, l’intégralité de l’armée spirituelle disparut ; sauf un.
Il s’approcha de Shon, avec la grâce d’un dauphin. Sous ses yeux écarquillés, il reprit peu à peu son ancienne apparence. D’abord, un amas d’os ambulants, puis il revêtit son pelage ; lorsque sa transformation fut achevée, il se planta devant lui. Il se nommait Rickstar. Le chien, type chien de berger, souhaitait demeurer auprès de lui. Il était « parti » loin de sa maîtresse sans avoir eu le temps de lui dire adieu. Et elle ne s’en remettait pas.
- Il faut que tu m’aides à la retrouver et à lui parler ! le supplia-t-il. En échange, tu pourras compter sur moi. J’espère que nous deviendrons rapidement des amis. Si tu acceptes, ouvre ton médaillon et je serai aspiré à l’intérieur, j’en ferai parti.
Shon l’avait écouté attentivement et sans hésiter, il leva la main droite jusqu’à son cou, tâtonnant jusqu’à l’objet doré. Mais il n’eut même pas le temps de l’entrouvrir. Le décor se figea et se transforma comme dans un rêve. Il eut brusquement une envie irrépressible de vomir. Incapable de réfréner le flux épais qui envahissait sa bouche et son nez, il se pencha en avant et n’opposa aucune résistance.
- AokiSensei1000 messagesBadge gagné après 1000 messages et commentaires sur le forum.Un ancien de Manga-FanPlus de 5 ans sur Manga-Fan.
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Sam 11 Avr 2015 - 19:23
Dis donc tu étais inspirée pour ce long chapitre ! xD
Ah bravo, j'ai du demander à Google ce que ça voulait dire
Dans l'ensemble j'ai bien aimé ce chapitre, tu as bien détaillé les actions, on a maintenant le " tableau " si je peux dire avec un peu le rôle de tout le monde, d'ailleurs c'est bien d'avoir choisi sa mère en tant que guérisseuse par contre je trouve que tu es allée un peu vite pour les épreuves, elles s'enchaînent très rapidement.
Après un point personnel, plutôt que dire que l'armée de Tora soit décimée, tu ne pourrais pas appuyer sur le fait qu'ils soient issus d'une puissante lignée ou le côté "élu" de Shon ?
Parce que je trouve que ça fait un peu cliché le coup des 3 seuls survivants pour sauver le monde =s
Donc un bon chapitre qui nous fait entrer dans l'action, assez bien détaillé mais peut-être un enchaînement trop rapide des épreuves.
P.S: Tu as jusqu'à la fin du mois pour écrire la suite
Gaya a écrit:ils ont beau être antinomiques
Ah bravo, j'ai du demander à Google ce que ça voulait dire
Dans l'ensemble j'ai bien aimé ce chapitre, tu as bien détaillé les actions, on a maintenant le " tableau " si je peux dire avec un peu le rôle de tout le monde, d'ailleurs c'est bien d'avoir choisi sa mère en tant que guérisseuse par contre je trouve que tu es allée un peu vite pour les épreuves, elles s'enchaînent très rapidement.
Après un point personnel, plutôt que dire que l'armée de Tora soit décimée, tu ne pourrais pas appuyer sur le fait qu'ils soient issus d'une puissante lignée ou le côté "élu" de Shon ?
Parce que je trouve que ça fait un peu cliché le coup des 3 seuls survivants pour sauver le monde =s
Donc un bon chapitre qui nous fait entrer dans l'action, assez bien détaillé mais peut-être un enchaînement trop rapide des épreuves.
P.S: Tu as jusqu'à la fin du mois pour écrire la suite
- GAYA TAMERONKouhaiVotre premier message !Un premier message sur le forum.Un ancien de Manga-FanPlus de 5 ans sur Manga-Fan.
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Sam 11 Avr 2015 - 21:18
Pardon pour le gros mot, j'essaierais de faire plus attention! Merci d’avoir lu ce chapitre! J’avais hâte d’avoir ton opinion!
Pour ce qui est du rythme des épreuves, le temps presse, et Shon doit au plus vite pouvoir assurer et assumer son rôle. Ce n’est qu’ un passage obligé et pas le corps de l’histoire! Tu verras par la suite ( ce tome est achevé et je viens de finir le second ), il y a des rebondissements et la vie de Shon est complètement bouleversée!
C’est difficile, tu sais, d'emprunter des chemins originaux, tout ou presque à été fait, c’est pourquoi mon but est tout autre! Si tu connaissais comme moi le reste de l’histoire, tu verrais que rien n’est jamais garanti et même ces trois - là ne sont à l'abri de rien! Mais je vais quand même voir ce que je peux faire! Je m’ en voudrais de ne pas satisfaire un de mes chers lecteurs !
En tout cas merci pour ce message, comme toujours constructif et gentil!
A bientôt!
Pour ce qui est du rythme des épreuves, le temps presse, et Shon doit au plus vite pouvoir assurer et assumer son rôle. Ce n’est qu’ un passage obligé et pas le corps de l’histoire! Tu verras par la suite ( ce tome est achevé et je viens de finir le second ), il y a des rebondissements et la vie de Shon est complètement bouleversée!
C’est difficile, tu sais, d'emprunter des chemins originaux, tout ou presque à été fait, c’est pourquoi mon but est tout autre! Si tu connaissais comme moi le reste de l’histoire, tu verrais que rien n’est jamais garanti et même ces trois - là ne sont à l'abri de rien! Mais je vais quand même voir ce que je peux faire! Je m’ en voudrais de ne pas satisfaire un de mes chers lecteurs !
En tout cas merci pour ce message, comme toujours constructif et gentil!
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- GAYA TAMERONKouhaiVotre premier message !Un premier message sur le forum.Un ancien de Manga-FanPlus de 5 ans sur Manga-Fan.
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Dim 12 Avr 2015 - 16:47
Je viens de faire quelques corrections sur les 4 chapitres! Et j'ai fait de mon mieux pour tenir de tes remarques, Aoki. J'espère que tu apprécieras!
A bientôt pour la suite des aventures de Shon, le dernier chaman.
A bientôt pour la suite des aventures de Shon, le dernier chaman.
- GAYA TAMERONKouhaiVotre premier message !Un premier message sur le forum.Un ancien de Manga-FanPlus de 5 ans sur Manga-Fan.
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Sam 9 Mai 2015 - 19:15
Désolé pour l'attente, mais voici le cinquième chapitre. Bonne lecture et n'hésitez pas à me donner votre avis!
Chapitre 5: Imprévus
Lorsque son environnement s’immobilisa, Tora réapparut presque aussitôt et se précipita sur lui. Toujours courbé, il sentit alors une chaleur envahir son crâne, allant crescendo jusqu’à la brûlure la plus vive. Elle avait placé ses deux mains à environ vingt centimètres de sa tête et voilà qu’elles rougeoyaient intensément. Le feu se dispersa à travers son organisme et il se sentit mieux, après quelques minutes de traitement.
Il se redressa et s’essuya la bouche d’un revers de la manche. Il déglutit, puis grimaça. Sa salive avait un goût atroce. Les pizzas se rappelaient à son souvenir d’une étrange manière ! Son estomac se tordit et protesta bruyamment. Il avait faim. Combien d’heures s’étaient écoulées depuis le fameux dîner ?
Ses parents l’accueillirent chaleureusement. Il était enfin revenu dans la petite maison. Soulagé, il se dit que ç’en était fini de ces épreuves, toutes plus étranges les unes que les autres. Sur la table, il aperçut une multitude de plats d’une blancheur d’albâtre, recouverts de nourriture. Il était le seul à ne pas s’être encore nourri. Il avait hâte de pouvoir y goûter. Les odeurs, captivantes, ne faisaient qu’accroître son appétit. Dès que Tora lui eut fait signe de prendre place, Shon s’exécuta, sans se faire prier. A peine assis, à côté de sa mère, une assiette et un verre apparurent devant lui. Et les plats dansèrent une farandole devant lui. Il eut ainsi le loisir de manger tout ce qu’il souhaitait. Il dévora littéralement chacun des mets présents : viandes et poissons, avec leurs accompagnements, fromages, et diligence de desserts. Une fois rassasié, il prit conscience des nombreuses questions qui le préoccupaient :
Mavorack faisait-il parti du test ou s’en était-il vraiment pris à lui ?
Dans quel but l’Esprit-Vengeur l’avait-il emmené loin de Tora ?
Pourquoi celle-ci ne l’avait-elle pas secouru ?
Et Rickstar, où était-il à présent ? Etait-il son nouveau compagnon ou bien avait-il disparu dans le néant ?
Les réponses viendraient sans doute plus tard. Durant sa formation, peut-être.
Il se tordit le cou, pour observer son père en grande discussion avec la Grande Prêtresse. Plusieurs fois, il entendit son prénom mais le reste de leur conversation demeura un mystère pour lui. D’autant que sa mère s’était mise en tête de le distraire.
Elaï ne souhaitait qu’une seule chose : protéger son fils, par tous les moyens. Mais elle redoutait aussi ce qui se disait juste à côté. Elle sentait que le moment était décisif. Ils décidaient de l’avenir de Shon ; sans elle. Et elle n’aimait pas ça !
Pour l’instant, Bassou et Tora ne leur prêtaient aucune attention. Elle avait des choses importantes à lui dire et il l’écoutait attentivement.
Leur fils était bien plus qu’un jeune espoir. Les pouvoirs ? Il les avait déjà. Ce qui lui manquait, par contre, c’était leur maîtrise. Ils se révélaient le plus souvent quand il était en colère et avec une grande violence ! Il découvrirait progressivement leur étendue, mais il devrait trouver par lui-même le moyen de se contrôler. Il était hors de question de laisser un garçon de treize ans détruire tout ce qui l’entoure à la moindre occasion !
Il lui manquait aussi la connaissance des différents rites chamaniques et leur histoire. Il devait comprendre ce dont il avait la charge et pour quelle raison. Selon Tora, c’était essentiel. Son père serait la personne idéale pour l’aider, elle en était sûre.
Il se tourna vers son fils et l’observa. Il avait la très nette impression qu’il le voyait pour la première fois. Ses parents à lui avaient-ils eu le même sentiment lorsqu’il était devenu chaman ? Il se rappelait ne s’être plus jamais senti comme avant ; comme si tout devait lui réussir, et peu importait les épreuves, il serait de taille à les affronter !
L’adolescent, que sa femme serrait obstinément contre elle, n’était plus tout à fait le Shon qu’il avait connu jusqu’alors. Il avait toujours été timide, peu sûr de lui, encore très gamin dans sa tête, mais, à présent, c’était différent. Le nouveau Shon respirait d’une manière presque imperceptible, se fiant à ses sens autant qu’à ses pouvoirs fraîchement acquis, instinctivement. Il était le même et pourtant différent. Son rapport au monde s’en était trouvé modifié. La puissance qui l’irradiait déroutait son père. Jamais auparavant, il n’avait ressenti cela.
Soudain, la vue de Bassou devint floue et il fut pris de vertiges. Que se passait-il ? Sans savoir pourquoi, il était incapable de réfléchir. Quelque chose l’en empêchait ! C’est alors qu’il vit Tora s’avancer d’un pas décidé vers sa femme. Elle se tourna en direction de Shon, lui dit de dire bonne nuit à sa mère, puis se concentra sur celle-ci. Un halo bleuté s’échappa de sa main et vint mourir dans le corps de la jeune femme. Sous le regard affolé de ceux qui l’aimaient, elle suffoqua puis s’effondra, une main posée sur son cœur. Son visage se para d’un voile de frayeur, mêlé de stupeur. Shon se précipita vers elle et tenta de retenir sa chute. Elle glissa à terre, lentement et se recroquevilla à ses pieds.
Submergé par le désespoir, le jeune garçon pleura à chaudes larmes. Il tomba à genoux, à côté d’elle et la prit dans ses bras.
Son monde s’écroulait. Ses forces l’abandonnaient. Il se sentait seul au monde.
Son père observait toujours, comme si rien de tout cela ne le concernait. Il était fasciné par le tempérament de cet enfant, si changeant. Il aurait voulu le rejoindre et le consoler. Il aurait du le rassurer mais il ne pouvait pas. Aucun mot ne parvenait à sortir de sa bouche. Pourtant, il aurait souhaité tout lui expliquer. Que sa mère ne risquait rien ; qu’elle était simplement plongée dans un profond sommeil, le Sotharlis et qu’elle allait ainsi suivre une formation en accéléré. C’était ainsi ! Tout se faisait hors du temps pour en gagner !
Il fut frappé par l’air serein de sa femme… Lorsqu’elle reviendrait à elle, ils seraient à nouveau réunis et ils pourraient soutenir leur fils dans sa nouvelle vie.
Perdu dans ses pensées, c’est Shon qui l’en fit sortir, l’apostrophant :
- Comment peux-tu la laisser faire du mal à Maman ?! Je croyais que tu l’aimais ? Je vous hais tous les deux ! Jamais je ne ferai parti de votre monde ; je refuse. Je ne veux pas devenir comme vous ! Vous n’êtes que des monstres ! Et vous, qu’est-ce qui vous prend ? Pourquoi avez-vous fait ça ? Je veux que vous me la rendiez ! Tout de suite ! Je ne plaisante pas ! Je suis prêt à me battre contre vous, si c’est la seule solution ! Vous ne me faites pas peur ; ramenez-la sinon gare à vous !
Malgré son assurance, la colère et le chagrin troublaient son jugement. Il proférait des menaces, à l’aveugle, sans réfléchir. Et peu lui importaient les conséquences, il devait agir, réagir pour la sauver.
Son père ne prit même pas la peine de lui répondre, l’air hébété. Il se contentait de les observer l’un après l’autre, comme s’ils étaient deux adversaires d’un match de tennis.
Quant à Tora, ignorant son ami, elle ne put dissimuler son irritation :
- Comment oses-tu me menacer ? Tu te figures peut-être que tu es de taille à me tenir tête ou encore à m’affronter ! Sache-le, tu te trompes lourdement ! Tu n’es rien face à moi ! Regarde-toi ! Tu es incapable de contrôler tes émotions ; comment espères-tu y parvenir avec tes pouvoirs ? Tu n’as vraiment aucune chance contre moi ! Allons, sois raisonnable, calme-toi et nous pourrons discuter.
Mais, pour Shon, c’était le mot de trop. Elle s’en était prise à sa mère, son père était sans réaction ; il ne restait que lui pour la sauver et réclamer que justice soit rendue. Seul hic : il ignorait comment procéder. En outre, c’était surtout son impuissance à éviter ce désastre qui lui était insupportable. Le visage inondé de larmes et le cœur envahi par le désespoir et la fureur, il se mit à hurler. De violents tremblements secouèrent aussi son corps ; et il disparut.
Médusé, Bassou découvrait les pouvoirs de son fils. Même si, pour l’instant, ils se réveillaient uniquement au gré de ses émotions les plus fortes, c’était extraordinaire !
Il était effectivement cet être exceptionnel qu’attendait Tora !
De son côté, Shon s’était enfui le plus loin possible. Il voulait simplement pouvoir réfléchir. Et quoiqu’il n’ait pas vraiment souhaité partir, quelque chose avait décidé pour lui et l’emportait. Il ne savait pas jusqu’où il irait mais il s’en moquait. Il avait la sensation d’être accompagné, que quelqu’un veillait sur lui ; et cela le réconfortait. La simple éventualité d’avoir un allié lui donnait à penser que tout serait plus facile, désormais. Etait-ce vrai, était-ce faux ? Pour l’heure, l’essentiel n’était pas là ! Il avait besoin de croire qu’il ne serait pas complètement seul pour secourir sa mère. Il s’en voulait aussi de l’avoir abandonnée. Il avait si peur pour elle ! Et si l’Esprit la torturait à cause de lui et de sa fuite ! Et si elle la blessait ou pire encore… Les images défilaient dans sa tête, comme un film d’horreur ! Il était incapable de les faire cesser ! En même temps, s’il continuait à y penser, il risquait de devenir complètement fou !
Soudain, comme s’il l’avait appelée, la présence amicale se matérialisa devant lui. Il s’agissait de Rickstar. Sans savoir pourquoi, il avait envie de se fier à lui. Il le connaissait à peine et pourtant il sentait qu’il était prêt à l’aider. Ils échangèrent un long regard et l’Esprit-chien devint minuscule. Il vint se poser sur son épaule, comme si c’était là sa vraie place.
Ils observèrent ensemble l’endroit où ils avaient atterri. C’était une grotte, presque ordinaire, vide. Apparemment, elle n’avait jamais abrité d’être humain. Elle était plus sombre que la nuit la plus noire ; il avançait pourtant, droit devant lui. Les parois latérales semblaient être séparées de plusieurs mètres, si bien qu’il pouvait marcher sans rencontrer le moindre obstacle. La noirceur qui l’engloutissait devenait de plus en plus épaisse, comme du coton. Ses pas l’éloignaient de leur point de départ mais devant ou derrière, il n’y avait pas la moindre lueur. A croire qu’il n’y avait ni entrée ni sortie ! Au lieu d’une grotte, c’était plus comme un tunnel sous-terrain dont on aurait condamné les deux extrémités. Le sol était sans aspérité mais formait une très légère descente. A plusieurs reprises, Shon frôla une des parois mais à chaque fois, il était doucement poussé au milieu de la galerie.
Il marcha un long moment, qui lui sembla une éternité, sans pour autant avoir découvert un conduit qui aurait mené à une sortie. Il commençait à s’impatienter. Tout ce noir le faisait devenir claustrophobe. Il voulait de la lumière.
En réponse à son souhait, une multitude de flambeaux apparurent contre les parois, à intervalle régulier. Surpris mais aussi satisfait, Shon jeta un regard à son épaule gauche, à l’endroit précis où se tenait son ami. Il avait l’intime conviction que c’était là son œuvre. Il avait exaucé son vœu, comme s’il était à la fois capable de lire en lui et de canaliser ses pouvoirs. Il lui sourit, en guise de remerciement, et en réponse, reçut un coup de langue baveux sur la joue. Bien que proportionnel à sa taille actuelle, Shon ne put réprimer une grimace. Il s’essuya la joue d’un revers de la manche de son sweat-shirt et bailla à s’en décrocher la mâchoire. Il était épuisé. Combien d’heures s’étaient écoulées depuis sa dernière nuit, à la pension ? Il ne savait qu’une chose : il avait besoin de dormir. Même par terre, il était prêt à s’étendre et fermer les yeux ; il se laissa tomber de toute sa hauteur, pour s’asseoir et c’est un canapé-lit qui l’accueillit. Ce serait sans aucun doute plus confortable que le sol ! Il s’allongea et s’endormit aussitôt. Rickstar, qui avait retrouvé sa taille normale, vint se coucher par terre, juste à côté. Il veillerait sur lui pendant qu’il dormait. Il ne voulait pas le laisser seul, craignant un visiteur surprise.
Il avait déjà hâte qu’il se réveille. Son jeune maître avait beaucoup à apprendre. Mais, pour le moment, il devait se reposer. Après tout, ce n’était qu’un humain et un enfant, de surcroît !
Il n’avait donc d’autre choix que d’attendre. Il patienta ainsi des heures durant.
Il le regardait dormir. Son sommeil était si paisible ! C’était comme si tout allait bien ! Soudain, Shon s’agita, poussa des gémissements ; il faisait un cauchemar. Ce brusque changement était étonnant. La réalité refaisait sans doute surface, même dans ses rêves !
Lorsqu’il se réveilla enfin, son visage était couvert de larmes. Le jeune garçon s’assit, un peu perdu, puis remarqua la présence de Rickstar. Avant qu’il ait prononcé un seul mot, celui-ci lui dit :
-Tu ne crains rien ici. Nous sommes en sécurité. Je suis resté avec toi pendant que tu dormais. Je suis de ton côté. Ensemble, nous irons sauver ta mère ; je devine qu’elle compte beaucoup pour toi !
- Oui, c’est vrai !
- Je me doute bien que cette situation est inédite pour toi ; c’est pareil pour moi ! Maintenant, nous sommes ensemble et aussi longtemps que tu le voudras. Je suppose que tu es intrigué par ma présence à tes côtés. Lors de notre rencontre, tout s’est passé si vite ! Tu n’as même pas eu le temps de me donner ta réponse. Tu es parti et j’ai été aspiré dans ton sillage. Si ton médaillon ne m’avait pas recueilli, j’aurais certainement disparu, dans le néant. C’est tout ce que je sais. Apparemment, il a senti que tu acceptais ma proposition et je t’en remercie. Tu n’imagines pas à quel point c’est important pour moi… Quoiqu’il en soit, je suis désormais en mesure d’achever ton apprentissage. Le médaillon m’a donné les connaissances nécessaires. Il les a partagées avec moi. C’était comme s’il m’attendait. Tu peux compter sur moi pour t’aider. Je te propose, si tu veux bien, de procéder de la manière suivante : tu pourrais y retourner, en leur disant combien tu es désolé. Que ton comportement est inexcusable et que tu implores leur pardon. Tu as bien réfléchi et tu sais maintenant que tu as eu tort d’agir ainsi. Il faut qu’ils te croient ; c’est essentiel pour la suite. L’effet de surprise est ta seule garantie de réussir. Pour cela, tu feras apparaître un épais brouillard dans toute la maison. De cette manière, tu auras le champ libre pour ramener ta mère ici. Qu’en penses-tu ?
L’Esprit-chien arborait une fierté sans borne. Son plan était excellent.
Quant à Shon, il aurait été bien incapable de trouver autre chose. Il ne pouvait pas réfléchir clairement, posément alors qu’il s’inquiétait pour sa mère. Il redoutait aussi que son père lui en veuille. Après tout c’était son amie ! Shon ne voulait pas lui faire de peine, mais il agissait selon ses convictions ! Et surtout, il sentait que le comportement de son père avait quelque chose d’étrange. Comme si on l’avait transformé en zombie ! Tora était-elle la responsable ? Elle en avait très certainement le pouvoir mais pourquoi aurait-elle fait une chose pareille ?
De toutes manières, son père n’était plus tout à fait lui-même. Son absence de réaction face au coma de sa femme en était la preuve la plus flagrante. Il aurait du avoir peur, tout comme son fils, de la perdre à tout jamais !
Shon espérait surtout être capable de la sauver de ce sommeil artificiel. Le souvenir de sa chute lente et désespérée le hantait et le torturait. Il ne le lâchait jamais et devenait toujours plus douloureux. Il n’avait pas le choix ; il devait la sauver ! Il avait besoin de son amour, de sa présence apaisante !
Mais, pour réussir, il devrait évoluer. Sûr de lui, il s’adressa à Rickstar :
- Enseigne-moi tout ce que je dois savoir. Nous n’avons pas une minute à perdre. Elle m’attend.
- Très bien ; mais avant de commencer, je dois t’informer de certaines choses. D’abord, le lien qui nous unit est une sorte de connexion. Ce qui signifie que tout ce que tu ressens, je le perçois aussi et inversement. Avec le temps, il deviendra si fort que nous saurons tout l’un de l’autre ; le moindre de tes souvenirs, de tes sentiments… Ce manque d’intimité risque de te peser parfois, mais il est nécessaire. Le médaillon te sert à la fois de catalyseur et de paratonnerre pour la magie. Chaque fois que tu invoques des Esprits, une extraordinaire quantité d’énergie de type électromagnétique se répand autour et à l’intérieur de toi. Sans le médaillon que tu portes à ton cou, ton corps serait réduit en cendres ! Quant à moi, je suis à la fois ton ami, ton professeur et celui qui t’aidera à contrôler tes pouvoirs. Il n’est pas question de détruire ton monde ou même de tuer des humains, n’est-ce pas ?! Bon, le moment est venu ; prépare-toi à apprendre !
Chapitre 5: Imprévus
Lorsque son environnement s’immobilisa, Tora réapparut presque aussitôt et se précipita sur lui. Toujours courbé, il sentit alors une chaleur envahir son crâne, allant crescendo jusqu’à la brûlure la plus vive. Elle avait placé ses deux mains à environ vingt centimètres de sa tête et voilà qu’elles rougeoyaient intensément. Le feu se dispersa à travers son organisme et il se sentit mieux, après quelques minutes de traitement.
Il se redressa et s’essuya la bouche d’un revers de la manche. Il déglutit, puis grimaça. Sa salive avait un goût atroce. Les pizzas se rappelaient à son souvenir d’une étrange manière ! Son estomac se tordit et protesta bruyamment. Il avait faim. Combien d’heures s’étaient écoulées depuis le fameux dîner ?
Ses parents l’accueillirent chaleureusement. Il était enfin revenu dans la petite maison. Soulagé, il se dit que ç’en était fini de ces épreuves, toutes plus étranges les unes que les autres. Sur la table, il aperçut une multitude de plats d’une blancheur d’albâtre, recouverts de nourriture. Il était le seul à ne pas s’être encore nourri. Il avait hâte de pouvoir y goûter. Les odeurs, captivantes, ne faisaient qu’accroître son appétit. Dès que Tora lui eut fait signe de prendre place, Shon s’exécuta, sans se faire prier. A peine assis, à côté de sa mère, une assiette et un verre apparurent devant lui. Et les plats dansèrent une farandole devant lui. Il eut ainsi le loisir de manger tout ce qu’il souhaitait. Il dévora littéralement chacun des mets présents : viandes et poissons, avec leurs accompagnements, fromages, et diligence de desserts. Une fois rassasié, il prit conscience des nombreuses questions qui le préoccupaient :
Mavorack faisait-il parti du test ou s’en était-il vraiment pris à lui ?
Dans quel but l’Esprit-Vengeur l’avait-il emmené loin de Tora ?
Pourquoi celle-ci ne l’avait-elle pas secouru ?
Et Rickstar, où était-il à présent ? Etait-il son nouveau compagnon ou bien avait-il disparu dans le néant ?
Les réponses viendraient sans doute plus tard. Durant sa formation, peut-être.
Il se tordit le cou, pour observer son père en grande discussion avec la Grande Prêtresse. Plusieurs fois, il entendit son prénom mais le reste de leur conversation demeura un mystère pour lui. D’autant que sa mère s’était mise en tête de le distraire.
Elaï ne souhaitait qu’une seule chose : protéger son fils, par tous les moyens. Mais elle redoutait aussi ce qui se disait juste à côté. Elle sentait que le moment était décisif. Ils décidaient de l’avenir de Shon ; sans elle. Et elle n’aimait pas ça !
Pour l’instant, Bassou et Tora ne leur prêtaient aucune attention. Elle avait des choses importantes à lui dire et il l’écoutait attentivement.
Leur fils était bien plus qu’un jeune espoir. Les pouvoirs ? Il les avait déjà. Ce qui lui manquait, par contre, c’était leur maîtrise. Ils se révélaient le plus souvent quand il était en colère et avec une grande violence ! Il découvrirait progressivement leur étendue, mais il devrait trouver par lui-même le moyen de se contrôler. Il était hors de question de laisser un garçon de treize ans détruire tout ce qui l’entoure à la moindre occasion !
Il lui manquait aussi la connaissance des différents rites chamaniques et leur histoire. Il devait comprendre ce dont il avait la charge et pour quelle raison. Selon Tora, c’était essentiel. Son père serait la personne idéale pour l’aider, elle en était sûre.
Il se tourna vers son fils et l’observa. Il avait la très nette impression qu’il le voyait pour la première fois. Ses parents à lui avaient-ils eu le même sentiment lorsqu’il était devenu chaman ? Il se rappelait ne s’être plus jamais senti comme avant ; comme si tout devait lui réussir, et peu importait les épreuves, il serait de taille à les affronter !
L’adolescent, que sa femme serrait obstinément contre elle, n’était plus tout à fait le Shon qu’il avait connu jusqu’alors. Il avait toujours été timide, peu sûr de lui, encore très gamin dans sa tête, mais, à présent, c’était différent. Le nouveau Shon respirait d’une manière presque imperceptible, se fiant à ses sens autant qu’à ses pouvoirs fraîchement acquis, instinctivement. Il était le même et pourtant différent. Son rapport au monde s’en était trouvé modifié. La puissance qui l’irradiait déroutait son père. Jamais auparavant, il n’avait ressenti cela.
Soudain, la vue de Bassou devint floue et il fut pris de vertiges. Que se passait-il ? Sans savoir pourquoi, il était incapable de réfléchir. Quelque chose l’en empêchait ! C’est alors qu’il vit Tora s’avancer d’un pas décidé vers sa femme. Elle se tourna en direction de Shon, lui dit de dire bonne nuit à sa mère, puis se concentra sur celle-ci. Un halo bleuté s’échappa de sa main et vint mourir dans le corps de la jeune femme. Sous le regard affolé de ceux qui l’aimaient, elle suffoqua puis s’effondra, une main posée sur son cœur. Son visage se para d’un voile de frayeur, mêlé de stupeur. Shon se précipita vers elle et tenta de retenir sa chute. Elle glissa à terre, lentement et se recroquevilla à ses pieds.
Submergé par le désespoir, le jeune garçon pleura à chaudes larmes. Il tomba à genoux, à côté d’elle et la prit dans ses bras.
Son monde s’écroulait. Ses forces l’abandonnaient. Il se sentait seul au monde.
Son père observait toujours, comme si rien de tout cela ne le concernait. Il était fasciné par le tempérament de cet enfant, si changeant. Il aurait voulu le rejoindre et le consoler. Il aurait du le rassurer mais il ne pouvait pas. Aucun mot ne parvenait à sortir de sa bouche. Pourtant, il aurait souhaité tout lui expliquer. Que sa mère ne risquait rien ; qu’elle était simplement plongée dans un profond sommeil, le Sotharlis et qu’elle allait ainsi suivre une formation en accéléré. C’était ainsi ! Tout se faisait hors du temps pour en gagner !
Il fut frappé par l’air serein de sa femme… Lorsqu’elle reviendrait à elle, ils seraient à nouveau réunis et ils pourraient soutenir leur fils dans sa nouvelle vie.
Perdu dans ses pensées, c’est Shon qui l’en fit sortir, l’apostrophant :
- Comment peux-tu la laisser faire du mal à Maman ?! Je croyais que tu l’aimais ? Je vous hais tous les deux ! Jamais je ne ferai parti de votre monde ; je refuse. Je ne veux pas devenir comme vous ! Vous n’êtes que des monstres ! Et vous, qu’est-ce qui vous prend ? Pourquoi avez-vous fait ça ? Je veux que vous me la rendiez ! Tout de suite ! Je ne plaisante pas ! Je suis prêt à me battre contre vous, si c’est la seule solution ! Vous ne me faites pas peur ; ramenez-la sinon gare à vous !
Malgré son assurance, la colère et le chagrin troublaient son jugement. Il proférait des menaces, à l’aveugle, sans réfléchir. Et peu lui importaient les conséquences, il devait agir, réagir pour la sauver.
Son père ne prit même pas la peine de lui répondre, l’air hébété. Il se contentait de les observer l’un après l’autre, comme s’ils étaient deux adversaires d’un match de tennis.
Quant à Tora, ignorant son ami, elle ne put dissimuler son irritation :
- Comment oses-tu me menacer ? Tu te figures peut-être que tu es de taille à me tenir tête ou encore à m’affronter ! Sache-le, tu te trompes lourdement ! Tu n’es rien face à moi ! Regarde-toi ! Tu es incapable de contrôler tes émotions ; comment espères-tu y parvenir avec tes pouvoirs ? Tu n’as vraiment aucune chance contre moi ! Allons, sois raisonnable, calme-toi et nous pourrons discuter.
Mais, pour Shon, c’était le mot de trop. Elle s’en était prise à sa mère, son père était sans réaction ; il ne restait que lui pour la sauver et réclamer que justice soit rendue. Seul hic : il ignorait comment procéder. En outre, c’était surtout son impuissance à éviter ce désastre qui lui était insupportable. Le visage inondé de larmes et le cœur envahi par le désespoir et la fureur, il se mit à hurler. De violents tremblements secouèrent aussi son corps ; et il disparut.
Médusé, Bassou découvrait les pouvoirs de son fils. Même si, pour l’instant, ils se réveillaient uniquement au gré de ses émotions les plus fortes, c’était extraordinaire !
Il était effectivement cet être exceptionnel qu’attendait Tora !
De son côté, Shon s’était enfui le plus loin possible. Il voulait simplement pouvoir réfléchir. Et quoiqu’il n’ait pas vraiment souhaité partir, quelque chose avait décidé pour lui et l’emportait. Il ne savait pas jusqu’où il irait mais il s’en moquait. Il avait la sensation d’être accompagné, que quelqu’un veillait sur lui ; et cela le réconfortait. La simple éventualité d’avoir un allié lui donnait à penser que tout serait plus facile, désormais. Etait-ce vrai, était-ce faux ? Pour l’heure, l’essentiel n’était pas là ! Il avait besoin de croire qu’il ne serait pas complètement seul pour secourir sa mère. Il s’en voulait aussi de l’avoir abandonnée. Il avait si peur pour elle ! Et si l’Esprit la torturait à cause de lui et de sa fuite ! Et si elle la blessait ou pire encore… Les images défilaient dans sa tête, comme un film d’horreur ! Il était incapable de les faire cesser ! En même temps, s’il continuait à y penser, il risquait de devenir complètement fou !
Soudain, comme s’il l’avait appelée, la présence amicale se matérialisa devant lui. Il s’agissait de Rickstar. Sans savoir pourquoi, il avait envie de se fier à lui. Il le connaissait à peine et pourtant il sentait qu’il était prêt à l’aider. Ils échangèrent un long regard et l’Esprit-chien devint minuscule. Il vint se poser sur son épaule, comme si c’était là sa vraie place.
Ils observèrent ensemble l’endroit où ils avaient atterri. C’était une grotte, presque ordinaire, vide. Apparemment, elle n’avait jamais abrité d’être humain. Elle était plus sombre que la nuit la plus noire ; il avançait pourtant, droit devant lui. Les parois latérales semblaient être séparées de plusieurs mètres, si bien qu’il pouvait marcher sans rencontrer le moindre obstacle. La noirceur qui l’engloutissait devenait de plus en plus épaisse, comme du coton. Ses pas l’éloignaient de leur point de départ mais devant ou derrière, il n’y avait pas la moindre lueur. A croire qu’il n’y avait ni entrée ni sortie ! Au lieu d’une grotte, c’était plus comme un tunnel sous-terrain dont on aurait condamné les deux extrémités. Le sol était sans aspérité mais formait une très légère descente. A plusieurs reprises, Shon frôla une des parois mais à chaque fois, il était doucement poussé au milieu de la galerie.
Il marcha un long moment, qui lui sembla une éternité, sans pour autant avoir découvert un conduit qui aurait mené à une sortie. Il commençait à s’impatienter. Tout ce noir le faisait devenir claustrophobe. Il voulait de la lumière.
En réponse à son souhait, une multitude de flambeaux apparurent contre les parois, à intervalle régulier. Surpris mais aussi satisfait, Shon jeta un regard à son épaule gauche, à l’endroit précis où se tenait son ami. Il avait l’intime conviction que c’était là son œuvre. Il avait exaucé son vœu, comme s’il était à la fois capable de lire en lui et de canaliser ses pouvoirs. Il lui sourit, en guise de remerciement, et en réponse, reçut un coup de langue baveux sur la joue. Bien que proportionnel à sa taille actuelle, Shon ne put réprimer une grimace. Il s’essuya la joue d’un revers de la manche de son sweat-shirt et bailla à s’en décrocher la mâchoire. Il était épuisé. Combien d’heures s’étaient écoulées depuis sa dernière nuit, à la pension ? Il ne savait qu’une chose : il avait besoin de dormir. Même par terre, il était prêt à s’étendre et fermer les yeux ; il se laissa tomber de toute sa hauteur, pour s’asseoir et c’est un canapé-lit qui l’accueillit. Ce serait sans aucun doute plus confortable que le sol ! Il s’allongea et s’endormit aussitôt. Rickstar, qui avait retrouvé sa taille normale, vint se coucher par terre, juste à côté. Il veillerait sur lui pendant qu’il dormait. Il ne voulait pas le laisser seul, craignant un visiteur surprise.
Il avait déjà hâte qu’il se réveille. Son jeune maître avait beaucoup à apprendre. Mais, pour le moment, il devait se reposer. Après tout, ce n’était qu’un humain et un enfant, de surcroît !
Il n’avait donc d’autre choix que d’attendre. Il patienta ainsi des heures durant.
Il le regardait dormir. Son sommeil était si paisible ! C’était comme si tout allait bien ! Soudain, Shon s’agita, poussa des gémissements ; il faisait un cauchemar. Ce brusque changement était étonnant. La réalité refaisait sans doute surface, même dans ses rêves !
Lorsqu’il se réveilla enfin, son visage était couvert de larmes. Le jeune garçon s’assit, un peu perdu, puis remarqua la présence de Rickstar. Avant qu’il ait prononcé un seul mot, celui-ci lui dit :
-Tu ne crains rien ici. Nous sommes en sécurité. Je suis resté avec toi pendant que tu dormais. Je suis de ton côté. Ensemble, nous irons sauver ta mère ; je devine qu’elle compte beaucoup pour toi !
- Oui, c’est vrai !
- Je me doute bien que cette situation est inédite pour toi ; c’est pareil pour moi ! Maintenant, nous sommes ensemble et aussi longtemps que tu le voudras. Je suppose que tu es intrigué par ma présence à tes côtés. Lors de notre rencontre, tout s’est passé si vite ! Tu n’as même pas eu le temps de me donner ta réponse. Tu es parti et j’ai été aspiré dans ton sillage. Si ton médaillon ne m’avait pas recueilli, j’aurais certainement disparu, dans le néant. C’est tout ce que je sais. Apparemment, il a senti que tu acceptais ma proposition et je t’en remercie. Tu n’imagines pas à quel point c’est important pour moi… Quoiqu’il en soit, je suis désormais en mesure d’achever ton apprentissage. Le médaillon m’a donné les connaissances nécessaires. Il les a partagées avec moi. C’était comme s’il m’attendait. Tu peux compter sur moi pour t’aider. Je te propose, si tu veux bien, de procéder de la manière suivante : tu pourrais y retourner, en leur disant combien tu es désolé. Que ton comportement est inexcusable et que tu implores leur pardon. Tu as bien réfléchi et tu sais maintenant que tu as eu tort d’agir ainsi. Il faut qu’ils te croient ; c’est essentiel pour la suite. L’effet de surprise est ta seule garantie de réussir. Pour cela, tu feras apparaître un épais brouillard dans toute la maison. De cette manière, tu auras le champ libre pour ramener ta mère ici. Qu’en penses-tu ?
L’Esprit-chien arborait une fierté sans borne. Son plan était excellent.
Quant à Shon, il aurait été bien incapable de trouver autre chose. Il ne pouvait pas réfléchir clairement, posément alors qu’il s’inquiétait pour sa mère. Il redoutait aussi que son père lui en veuille. Après tout c’était son amie ! Shon ne voulait pas lui faire de peine, mais il agissait selon ses convictions ! Et surtout, il sentait que le comportement de son père avait quelque chose d’étrange. Comme si on l’avait transformé en zombie ! Tora était-elle la responsable ? Elle en avait très certainement le pouvoir mais pourquoi aurait-elle fait une chose pareille ?
De toutes manières, son père n’était plus tout à fait lui-même. Son absence de réaction face au coma de sa femme en était la preuve la plus flagrante. Il aurait du avoir peur, tout comme son fils, de la perdre à tout jamais !
Shon espérait surtout être capable de la sauver de ce sommeil artificiel. Le souvenir de sa chute lente et désespérée le hantait et le torturait. Il ne le lâchait jamais et devenait toujours plus douloureux. Il n’avait pas le choix ; il devait la sauver ! Il avait besoin de son amour, de sa présence apaisante !
Mais, pour réussir, il devrait évoluer. Sûr de lui, il s’adressa à Rickstar :
- Enseigne-moi tout ce que je dois savoir. Nous n’avons pas une minute à perdre. Elle m’attend.
- Très bien ; mais avant de commencer, je dois t’informer de certaines choses. D’abord, le lien qui nous unit est une sorte de connexion. Ce qui signifie que tout ce que tu ressens, je le perçois aussi et inversement. Avec le temps, il deviendra si fort que nous saurons tout l’un de l’autre ; le moindre de tes souvenirs, de tes sentiments… Ce manque d’intimité risque de te peser parfois, mais il est nécessaire. Le médaillon te sert à la fois de catalyseur et de paratonnerre pour la magie. Chaque fois que tu invoques des Esprits, une extraordinaire quantité d’énergie de type électromagnétique se répand autour et à l’intérieur de toi. Sans le médaillon que tu portes à ton cou, ton corps serait réduit en cendres ! Quant à moi, je suis à la fois ton ami, ton professeur et celui qui t’aidera à contrôler tes pouvoirs. Il n’est pas question de détruire ton monde ou même de tuer des humains, n’est-ce pas ?! Bon, le moment est venu ; prépare-toi à apprendre !
- AokiSensei1000 messagesBadge gagné après 1000 messages et commentaires sur le forum.Un ancien de Manga-FanPlus de 5 ans sur Manga-Fan.
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Dim 10 Mai 2015 - 9:31
Humm jolie transition vers l'apprentissage même si tu restes pas mal évasive
Pour le coup de la bouffe et de la colère, ton héros m'a fait penser à Natsu
Et le fait que le père ne soit pas choqué pour la mère est normal, libéré de sa femme il est maintenant libre
Bon, blagues à part j'ai trouvé ça fun le coup du familier prof, j'aime bien le concept, par contre j'aurais préféré un esprit de loup plutôt, c'est tellement plus classe
Le petit chien c'est pas mal non plus, ça lui donne un petit côté affectif, xD
Sinon, ce chapitre se lit tout seul je crois avoir tout dit.
Pour le coup de la bouffe et de la colère, ton héros m'a fait penser à Natsu
Et le fait que le père ne soit pas choqué pour la mère est normal, libéré de sa femme il est maintenant libre
Bon, blagues à part j'ai trouvé ça fun le coup du familier prof, j'aime bien le concept, par contre j'aurais préféré un esprit de loup plutôt, c'est tellement plus classe
Le petit chien c'est pas mal non plus, ça lui donne un petit côté affectif, xD
Sinon, ce chapitre se lit tout seul je crois avoir tout dit.
- GAYA TAMERONKouhaiVotre premier message !Un premier message sur le forum.Un ancien de Manga-FanPlus de 5 ans sur Manga-Fan.
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Films préférés : Si tu tends l’oreille, La colline aux coquelicots
Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Dim 10 Mai 2015 - 10:34
Salut Aoki, merci de continuer à me suivre! Il est vrai que ce chapitre est une sorte de transition, une préparation pour le reste. Le prochain devrait satisfaire un peu plus ta curiosité.
Tu as raison pour Natsu, Shon lui ressemble beaucoup, mais à ma décharge, ce n’est qu’une coïncidence, à l’époque ou j’ai écrit cette histoire, je ne connaissais pas Fairy Tail!
La bonne blague!! Pauvre Elaï !
Oui, j’ai choisi un chien, pour le côté affectif, tu verras plus tard pourquoi !!!!!
Merci pour ta fidélité et comme toujours ta gentillesse ! Je sais que ce chapitre était un peu court, mais la suite va vite devenir mouvementée. J’espère que l’histoire continuera à te plaire.
A bientôt !
Tu as raison pour Natsu, Shon lui ressemble beaucoup, mais à ma décharge, ce n’est qu’une coïncidence, à l’époque ou j’ai écrit cette histoire, je ne connaissais pas Fairy Tail!
La bonne blague!! Pauvre Elaï !
Oui, j’ai choisi un chien, pour le côté affectif, tu verras plus tard pourquoi !!!!!
Merci pour ta fidélité et comme toujours ta gentillesse ! Je sais que ce chapitre était un peu court, mais la suite va vite devenir mouvementée. J’espère que l’histoire continuera à te plaire.
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- GAYA TAMERONKouhaiVotre premier message !Un premier message sur le forum.Un ancien de Manga-FanPlus de 5 ans sur Manga-Fan.
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Lun 18 Mai 2015 - 14:53
Bonjour! Voici le chapitre 6. Bonne lecture à tous et j'attends avec impatience vos commentaires!
Chapitre 6 : Transformation
Jamais Shon n’aurait pu imaginer voir ça un jour. Alors qu’il pensait devoir assister à des cours théoriques, ennuyeux, et un peu de pratique ensuite, il s’aperçut rapidement qu’il se trompait lourdement. Il vit un couteau surgir de nulle part et venir trancher en un seul coup le sommet du crâne de Rickstar. Semblable à un opercule, celui-ci bascula et dévoila son contenu. Une sphère rouge s’en échappa. Elle brillait avec l’intensité d’un soleil. Elle se dirigea en direction de Shon et s’immobilisa à environ un mètre de lui.
- Place tes deux mains au-dessus ; vide ton esprit et concentre toute ton attention sur elle, lui expliqua Rickstar.
Shon effleura l’objet flottant devant lui. Il s’attendait à quelque chose de chaud mais, en fait, c’était froid, glacé même, et dure, avec des irrégularités. En les observant de plus près, il reconnut deux empreintes de main. Il y glissa ses mains et comme dans un moule, elles se fondirent dans la lumière rouge. Il plongea son regard encore plus profondément dans le halo et ses yeux changèrent de couleur. Brillant d’une lueur semblable, la sphère et ses iris étaient parfaitement accordés. Quelques minutes s’écoulèrent et un froid glacial se répandit dans tout son corps. Que lui arrivait-il ? Il avait la curieuse et désagréable sensation que quelqu’un jouait avec ses organes. Comme s’il s’agissait d’un jeu d’osselets, ils étaient déplacés, sans arrêt. Une nouvelle unité se formait en lui ; peut-être pour le préparer à sa nouvelle vie !
Et brusquement, il se figea. Il venait d’atteindre le point de rupture. Il finit par s’évanouir.
Rickstar l’allongea sur le canapé, avec précaution. Puis un pinceau apparut. Il n’avait rien d’ordinaire. Il possédait un long manche rouge et noir, incrusté de pierres précieuses, inconnues des humains. Apparemment doué d’une volonté propre, il s’approcha du visage du jeune garçon et débuta son œuvre. Il traça d’étranges symboles sur ses joues, son front, puis sur son torse. L’Esprit-chien l’observait, en silence. Il reconnut des signes cabalistiques, des symboles représentant la vie, la mort et la nature. Lorsque le pinceau disparut, une fois le travail achevé, une dizaine de bougies firent leur apparition. Elles flottaient dans les airs et répandaient une forte odeur : un mélange subtil d’encens et de paraffine. Pour compléter le cérémonial, des chants ancestraux envahirent la grotte. La scène avait quelque chose de mystérieux et d’envoûtant.
Les minutes s’écoulaient, lentement, et le corps de Shon se mit à trembler. D’abord, légèrement, mais ensuite ce fut comme s’il était en pleine crise d’épilepsie. Il transpirait aussi, abondamment. Des gouttes de sang. Pendant plusieurs jours, son état ne subit aucun changement notable ; du moins, de manière visible. Dans sa chair, le rituel suivait son cours. Le jeune apprenti semblait entre la vie et la mort. Il gémissait, hurlait aussi ; la fièvre le faisait délirer.
Lorsqu’il rouvrit les yeux, il semblait apaisé et reposé. Le médaillon avait disparu ; il n’était plus autour de son cou. Il n’avait plus aucune trace sur sa peau ; seulement, un tatouage qui s’étalait sur son torse. Il était très différent des symboles tracés par le pinceau. Il brillait comme le médaillon et lui ressemblait beaucoup. C’était comme s’il avait pénétré son épiderme. Mais c’était surtout le signe que son organisme avait accepté la transformation.
A présent, il était chaman. Tout était clair pour lui. Plus jamais, il ne serait malade, ou faible. Il se sentait de taille à mener n’importe quel combat, si périlleux soit-il ! Seul l’avenir pourrait lui donner raison ou tort sur ce point ; néanmoins, il avait confiance ! Il savait que son allié resterait à ses côtés et serait toujours là pour l’aider.
Pour l’instant, il avait la tête si pleine, qu’il lui semblait qu’elle allait exploser. S’il ne savait pas tout, il en savait déjà beaucoup et Rickstar serait là pour combler ses lacunes, si cela se révélait nécessaire. Il aurait aussi besoin de lui pour réussir à se contrôler. Ce serait le plus difficile pour lui ; il en était conscient. Désormais, il était puissant, il devrait veiller, par conséquent, à ses brusques changements d’humeur. Il était capable de tant de choses que les conséquences pouvaient rapidement devenir catastrophiques. Il savait créer un épais brouillard, faire appel aux différents Esprits pour venir le soutenir lors d’un combat particulièrement difficile. Il pouvait aussi quitter son corps, à volonté, s’emparer de n’importe quelle enveloppe et la posséder, voler, et communiquer avec les animaux et les Esprits. Il n’était plus un garçon normal !
Il avait hâte de pouvoir utiliser ses pouvoirs. Il savait qu’il n’aurait pas longtemps à attendre. Sa mère attendait qu’il vienne la secourir. Il décida de suivre scrupuleusement le plan établi par son ami. Il se concentra et visualisa la petite maison de la rue Quentin Tiben. En quelques secondes, il disparut, suivi de près par Rickstar. Ils atterrirent juste devant le portillon. Cette propriété avait changé sa vie.
Dès que Shon entra à l’intérieur, il aperçut son père, assis au chevet de sa mère, toujours inconsciente. Il observa Tora. Elle aménageait leur intérieur, plaçant leurs meubles, dans les différentes pièces. Apparemment, elle avait décidé que cette tâche lui revenait de droit.
Cela ne pouvait signifier que deux choses : d’abord, ils devraient vivre ici, dorénavant ; ensuite, elle semblait penser que sa mère ne reviendrait pas.
Autrefois, c’était elle qui s’en occupait, privilégiant le confort et la fonctionnalité pour sa famille. Nerveux, le jeune chaman hésita un bref instant avant d’agir. Une voix retentit, alors, dans sa tête. C’était Rickstar. Il l’encourageait, le motivait. Il savait qu’il avait raison ; il n’avait pas le choix. Il devait soustraire sa mère à la menace qui la guettait. Et la passivité de son père l’encourageait à agir au plus vite.
Aucun d’eux ne l’avait vu. Il était invisible, pour tous. Il ferma les yeux, inspira profondément et les ouvrit. Il devint à nouveau visible.
Pour la première fois, il parvint à mentir. Cela lui prit un long moment pour les convaincre tout à fait mais ils finirent par admettre ses explications. Son père, le premier, lui sourit, et s’approcha pour le prendre dans ses bras. Son fils, pour ne pas attirer les soupçons, ne refusa pas l’étreinte ; pourtant, elle le mettait mal à l’aise. Tora, elle aussi, s’avança vers eux ; mais elle en profita, surtout, pour envelopper la jeune femme d’un bouclier de protection. Elle se méfiait. Et le masque de Shon n’y résista pas. Il se laissa submerger par la rage. Il n’y pouvait rien, c’était plus fort que lui ! Ce champ de force lui compliquait la tâche !
L’Esprit-chien tenta de l’apaiser :
- Calme-toi, mon ami. Concentre-toi sur ton but, notre but. Ne compromets pas nos chances de réussite. Si tu laisses la colère t’aveugler, tu le regretteras plus tard. Ecoute-moi plutôt et fais preuve de tempérance !
Ces paroles l’aidèrent. Il savait qu’il devait se reprendre, jouer la comédie, pour, ensuite, porter l’estocade. Tel était le plan. Il eut besoin de toute sa volonté pour retrouver son calme et lorsqu’il y parvint, il arbora un sourire forcé. Son visage se figea, sans rien laisser transparaître.
Par la seule force de sa volonté, la bulle protectrice qui enveloppait sa mère, explosa. Un épais brouillard se propagea, aussitôt, et gagna l’ensemble de l’habitation.
D’un simple regard, il projeta Tora contre un mur et la ligota, fermement. Les liens qui la retenaient, étaient de l’or tressé ; ils étaient les seuls capables d’emprisonner un Esprit.
Mais, bien sûr, elle n’était pas un Esprit semblable à tous les autres, et elle parvint à s’en libérer, aisément.
- Eh bien, que te voilà métamorphosé ! Et en quelques jours, seulement ! Où est donc le gentil garçon, timide et sage ? Ton père s’inquiétait pour toi ! Tu devrais avoir honte ! Il n’a pas dormi depuis ton départ ! Il a veillé sur ta mère jour et nuit, en attendant ton retour ! Je suis sûre que ton comportement le déçoit ! Tu n’es en fait qu’un vulgaire petit voyou ! lui reprocha-t-elle, impassible.
- Tout est de votre faute ! Ce que vous avez infligé à ma mère justifie pleinement mes actes ; et rien ne me fera changer d’avis ! hurla-t-il, brisant le calme qu’il tentait de conserver.
Le brouillard devenait plus épais et amoindrissait la visibilité. Il isolait Bassou, qui se mit à tousser. L’air se changeait en un rideau épais de fumée. Pourtant, il voulait avancer ; aveugle et à bout de force, son cerveau lui disait de bouger, malgré tout. Il devait rejoindre son fils, lui expliquer, le faire revenir à la raison. Son fils avait beaucoup changé. Il avait sans doute été possédé ; c’était la seule explication possible. Mais cette idée le terrifiait ; il savait exactement ce que cela impliquait. Si Shon était bel et bien habité par un Vengeur, la seule catégorie capable de le faire, celui-ci le mènerait à sa perte. Autrement dit, il perdrait son fils. Le simple fait de l’envisager lui donnait de bonnes raisons pour continuer à avancer. La gorge de plus en plus sèche, il lui était impossible de voir ni même d’entendre ce qui se passait autour de lui. Quand un obstacle le fit trébucher, il reconnut assez vite le canapé sur lequel était étendue sa femme. Mais il ne put se relever. Un vent glacial l’immobilisa sur place. En quelques secondes, il fut paralysé par le froid.
- Désolé, papa ! Ce n’était pas toi que je visais. Mais au cas où, je ne peux pas t’autoriser à la toucher. Quant à vous, je vais m’occuper de vous et définitivement ! s’empressa de dire Shon.
Il leva les bras vers le ciel, joignant les mains en une sorte de prière et visa ensuite Tora. Du bout de ses doigts jaillit un terrible blizzard qui s’abattit férocement sur elle. Il était si puissant que rien ne lui résistait. Il envahit toute la maison. Ses rafales firent chanceler Bassou, réduit à une simple statue de glace. En tombant, il aurait pu se briser mais par chance il resta entier. Contre toute attente, des dizaines de gouttes de sang perlèrent sur sa peau blanche comme du marbre et se figèrent en touchant le sol. Même réduit à un simple objet, sa sensibilité n’en était pas pour autant réduite ; il avait très précisément senti les milliers de couteaux à la lame tranchante s’enfoncer dans sa chair. Il avait enduré la déchirure et la brûlure qui suivait ; sans un mot.
Son fils, furieux, n’avait rien vu de ce qu’il faisait endurer à son père. Mais ce n’était pas le cas de Rickstar. Il alerta le jeune chaman. Celui-ci resta figé un moment sans pouvoir réaliser ce qui se passait. Mais une attaque de la Grande Prêtresse le réveilla et malgré la honte qu’il ne pouvait manquer d’éprouver, il invoqua des Capteurs de classes distinctes. Il avait failli tuer son père, c’était horrible, soit ; mais, il lui appartenait de réparer sa terrible erreur. Des flammèches se regroupèrent autour de Bassou. Elles allaient le réchauffer, en faisant fondre sa prison de glace. Des flaques rosées se formèrent progressivement et bientôt, il fut capable de bouger. Frigorifié, glacé, l’ancien chaman grelottait et claquait des dents. Sa température corporelle restait encore en-dessous de la normale. Un feu de camp se forma à ses pieds et il s’assit à proximité.
L’attaque de Tora avait fait l’effet d’un électrochoc sur Shon. Elle lui avait permis de réagir à temps. Il avait lancé, à son tour, une offensive où la terre, l’eau et le feu se mêlaient pour former une arme massive, destinée à la faire plier. En effet, elle fut contrainte de se protéger et fit apparaître un bouclier de feu, dans ce but. La puissance de l’assaut l’avait mise de mauvaise humeur et elle lui adressa un sourire malveillant. Elle fit virevolter le bouclier, de plus en plus vite et des pierres de lave s’en échappèrent, prenant pour cible unique : Shon.
Son père vint s’interposer entre les deux adversaires et s’adressa à son amie :
- Je t’en supplie, arrête ! Tu t’en prends à mon fils ! Même s’il a tort, je ne veux pas que tu lui fasses du mal ! Laisse-le emmener sa mère ! Il pense qu’elle est en danger avec nous. Alors, s’il-te-plaît, fais-le pour moi, en souvenir de notre amitié !
A ces mots, la Grande Tora le dévisagea longuement ; elle sembla réfléchir, puis éclata de rire. Un rire forcé, dérangeant et étrange. De son côté, le jeune garçon demeurait interdit. Cette réaction le mettait mal à l’aise. Toute attaque s’était interrompue dès l’intervention de son père, et les Esprit-éléments attendaient impatiemment la reprise de la bataille. Mais cela ne pouvait arriver, car quelque chose allait tout changer.
La Grande Unificatrice fut, brusquement, prise de violents tremblements, qui gagnaient en intensité. C’était comme si elle se disloquait de l’intérieur. Progressivement, du bas vers le haut, elle disparut. Ce qui avait été n’était plus et à la place un Vengeur se rua sur son père.
Avant même de pouvoir réagir, Shon s’aperçut que quelqu’un avait ralenti le cours du temps. Il pouvait, ainsi, à loisir, observer l’attaque de l’Esprit maléfique. Il savait qu’il n’y était pour rien et devina en un éclair le nom du responsable : Rickstar. Heureusement qu’il était là ! A l’intérieur de sa tête, il entendit la voix de son ami résonner :
- Ce n’est pas Tora qui a endormi ta mère. Cela lui était impossible ; elle est prisonnière d’un autre monde, parallèle au vôtre où une nouvelle réalité a pris vie. Le Mal suprême qui a pour nom Torax y règne en maître absolu. Tora n’a jamais existé dans ce monde-ci. Mais pour que son pouvoir soit invulnérable, il devait s’en prendre à « notre » Tora. Cette dimension singulière n’est autre que le Royaume des morts. Tout être qui y existe, vit aussi dans votre monde. Je sais, c’est compliqué. Je vais essayer d’être plus clair. Tous les êtres humains ont une partie de leur âme qui les attend là-bas. Lorsqu’ils meurent, leur corps se désagrège et leur âme redevient complète. Seuls les chamans et les guérisseuses sont entiers durant toute leur vie. A Affantésis, Tora avait un frère jumeau mais celui-ci est décédé bien avant sa naissance. C’est pour cette raison qu’il voue une haine sans borne à sa sœur et au monde des humains. Il est persuadé qu’elle lui a volé sa vie et que votre monde l’a rejeté sciemment. A Thanatosis, il s’est bâti une réputation à la hauteur de ses méfaits et de ses pouvoirs. Aujourd’hui, s’il a envoyé un Vengeur, c’était pour te rallier à sa cause. En plongeant ta mère dans cette léthargie, il espérait que tu oublierais ta véritable nature. Mais crois-moi, tu peux te fier à Tora. Ce qu’elle t’a dit est la stricte vérité : tu es son successeur ! En fait, tu es précieux pour les deux camps ; c’est toi qui a le pouvoir de faire triompher ou le Bien ou le Mal ! Ne te fais aucun souci pour ta mère, je l’ai mise en sécurité, à l’intérieur de la grotte. En ce qui concerne ton père, c’est autre chose. Tu dois impérativement le protéger et détruire ce Vengeur. Il ne pourra jamais résister à une autre attaque. Le meilleur moyen pour le sauver est très simple : tu dois échanger ton corps avec le sien. De cette manière, il se trouvera en sécurité ; ton corps est une véritable armure en soi. Dès que tu auras procédé à l’échange, tu n’auras plus qu’à exterminer ton adversaire. C’est sa faute si ton père te paraissait étrange tout ce temps. Ils sont capables de faire de n’importe quel humain un zombie, étranger à lui-même ; et cela rien que par leur présence. Je suis très étonné que tu aies perçu l’effet de ce maléfice et aussi que Tora la fausse n’était pas celle qu’elle prétendait être. Tu as une intuition très puissante. Je suis persuadé qu’elle te sera très utile, au cours de ta carrière de chaman. Une dernière chose, encore. Sache que c’est Tora qui m’a donné toutes ces informations. Elle t’a aussi transmis tous ses pouvoirs, alors que tu étais entre la vie et la mort. Elle ne voulait surtout pas que son frère malfaisant s’en empare. A présent, tu as en ta possession toutes les cartes pour gagner. Tout dépend de toi ! Maintenant, tiens-toi prêt ! Je vais rétablir le cours normal du temps. Bonne chance !
Shon hocha la tête. Il avait confiance en lui comme jamais.
En une fraction de seconde, le Vengeur retrouva toute sa vitalité et poursuivit son attaque. Il avait beau être incroyablement rapide, Shon eut pourtant le temps de procéder à l’échange des corps et de le contrer. L’enveloppe de son père lui donnait de nouvelles sensations. Son corps était musclé et nerveux ; l’excitation du combat l’irradiait. Il était bien plus grand, aussi ; il mesurait un mètre quatre-vingt-dix. La différence était flagrante. Il avait le sentiment d’être devenu un géant. Posséder un corps pareil était une chance formidable ! Il se sentait bien plus fort. Le Vengeur n’avait aucune chance contre lui, il en était certain !
En parant son attaque, il l’éloigna suffisamment pour pouvoir prévoir le moindre de ses mouvements tout en réfléchissant à la manière de le terrasser. Cette fois, il devait prendre en compte la sécurité de son père. Il ne lui en voulait plus ; il savait qu’il n’était pas responsable de ce qui était arrivé à sa mère. Afin d’éviter les dommages collatéraux, il décida d’en finir au plus vite avec le Vengeur. Le plus simple était une frappe d’envergure. Il invoqua un grand nombre de Miséreux, de Capteurs, de Monolithes et de Polythos. Ces Esprits jaillirent tous en même temps du médaillon que portait en permanence son père, déchirant sa chemise de coton. Brûlant d’un feu bleu et blanc, le jeune chaman était devenu à la fois accumulateur d’énergie, récepteur et portail d’accès. Il était en transe. Rickstar prit l’initiative de prendre part à l’attaque groupée. Il précéda l’armée rugissante et tous s’élancèrent en direction du Vengeur. Celui-ci avait l’air surpris et déconcerté ; ressentait-il sa fin toute proche ?
A distance, Shon commandait la horde. Chaque catégorie avait une aptitude différente. Il allait s’en servir. Il y eut des hurlements assourdissant, des geysers de lave, des cyclones et des cascades d’eau ; tout cela vers une unique cible. Ensemble, ils pénétrèrent la robe protectrice de l’Esprit démoniaque. Sous l’impact, celui-ci se disloqua violemment. Nichés en masse dans son cœur, ils avaient eu raison de lui. Mais, il lui restait encore assez de force pour tenter de se reconstituer. Son champ magnétique en était capable. Les différents corpuscules s’épuisaient en vaines tentatives. Chaque nouvel essai était aussitôt réduit à néant par l’armée d’Esprits. Si bien qu’aux termes de maints efforts, le Vengeur finit par s’éteindre définitivement.
Shon était le grand vainqueur. Il eut besoin de quelques minutes pour quitter l’état extatique. Pendant ce temps, une demi-ombre fugitive disparut sous un des meubles, sans que nul n’y prête la moindre attention ; et l’armée quitta le monde des vivants.
Chapitre 6 : Transformation
Jamais Shon n’aurait pu imaginer voir ça un jour. Alors qu’il pensait devoir assister à des cours théoriques, ennuyeux, et un peu de pratique ensuite, il s’aperçut rapidement qu’il se trompait lourdement. Il vit un couteau surgir de nulle part et venir trancher en un seul coup le sommet du crâne de Rickstar. Semblable à un opercule, celui-ci bascula et dévoila son contenu. Une sphère rouge s’en échappa. Elle brillait avec l’intensité d’un soleil. Elle se dirigea en direction de Shon et s’immobilisa à environ un mètre de lui.
- Place tes deux mains au-dessus ; vide ton esprit et concentre toute ton attention sur elle, lui expliqua Rickstar.
Shon effleura l’objet flottant devant lui. Il s’attendait à quelque chose de chaud mais, en fait, c’était froid, glacé même, et dure, avec des irrégularités. En les observant de plus près, il reconnut deux empreintes de main. Il y glissa ses mains et comme dans un moule, elles se fondirent dans la lumière rouge. Il plongea son regard encore plus profondément dans le halo et ses yeux changèrent de couleur. Brillant d’une lueur semblable, la sphère et ses iris étaient parfaitement accordés. Quelques minutes s’écoulèrent et un froid glacial se répandit dans tout son corps. Que lui arrivait-il ? Il avait la curieuse et désagréable sensation que quelqu’un jouait avec ses organes. Comme s’il s’agissait d’un jeu d’osselets, ils étaient déplacés, sans arrêt. Une nouvelle unité se formait en lui ; peut-être pour le préparer à sa nouvelle vie !
Et brusquement, il se figea. Il venait d’atteindre le point de rupture. Il finit par s’évanouir.
Rickstar l’allongea sur le canapé, avec précaution. Puis un pinceau apparut. Il n’avait rien d’ordinaire. Il possédait un long manche rouge et noir, incrusté de pierres précieuses, inconnues des humains. Apparemment doué d’une volonté propre, il s’approcha du visage du jeune garçon et débuta son œuvre. Il traça d’étranges symboles sur ses joues, son front, puis sur son torse. L’Esprit-chien l’observait, en silence. Il reconnut des signes cabalistiques, des symboles représentant la vie, la mort et la nature. Lorsque le pinceau disparut, une fois le travail achevé, une dizaine de bougies firent leur apparition. Elles flottaient dans les airs et répandaient une forte odeur : un mélange subtil d’encens et de paraffine. Pour compléter le cérémonial, des chants ancestraux envahirent la grotte. La scène avait quelque chose de mystérieux et d’envoûtant.
Les minutes s’écoulaient, lentement, et le corps de Shon se mit à trembler. D’abord, légèrement, mais ensuite ce fut comme s’il était en pleine crise d’épilepsie. Il transpirait aussi, abondamment. Des gouttes de sang. Pendant plusieurs jours, son état ne subit aucun changement notable ; du moins, de manière visible. Dans sa chair, le rituel suivait son cours. Le jeune apprenti semblait entre la vie et la mort. Il gémissait, hurlait aussi ; la fièvre le faisait délirer.
Lorsqu’il rouvrit les yeux, il semblait apaisé et reposé. Le médaillon avait disparu ; il n’était plus autour de son cou. Il n’avait plus aucune trace sur sa peau ; seulement, un tatouage qui s’étalait sur son torse. Il était très différent des symboles tracés par le pinceau. Il brillait comme le médaillon et lui ressemblait beaucoup. C’était comme s’il avait pénétré son épiderme. Mais c’était surtout le signe que son organisme avait accepté la transformation.
A présent, il était chaman. Tout était clair pour lui. Plus jamais, il ne serait malade, ou faible. Il se sentait de taille à mener n’importe quel combat, si périlleux soit-il ! Seul l’avenir pourrait lui donner raison ou tort sur ce point ; néanmoins, il avait confiance ! Il savait que son allié resterait à ses côtés et serait toujours là pour l’aider.
Pour l’instant, il avait la tête si pleine, qu’il lui semblait qu’elle allait exploser. S’il ne savait pas tout, il en savait déjà beaucoup et Rickstar serait là pour combler ses lacunes, si cela se révélait nécessaire. Il aurait aussi besoin de lui pour réussir à se contrôler. Ce serait le plus difficile pour lui ; il en était conscient. Désormais, il était puissant, il devrait veiller, par conséquent, à ses brusques changements d’humeur. Il était capable de tant de choses que les conséquences pouvaient rapidement devenir catastrophiques. Il savait créer un épais brouillard, faire appel aux différents Esprits pour venir le soutenir lors d’un combat particulièrement difficile. Il pouvait aussi quitter son corps, à volonté, s’emparer de n’importe quelle enveloppe et la posséder, voler, et communiquer avec les animaux et les Esprits. Il n’était plus un garçon normal !
Il avait hâte de pouvoir utiliser ses pouvoirs. Il savait qu’il n’aurait pas longtemps à attendre. Sa mère attendait qu’il vienne la secourir. Il décida de suivre scrupuleusement le plan établi par son ami. Il se concentra et visualisa la petite maison de la rue Quentin Tiben. En quelques secondes, il disparut, suivi de près par Rickstar. Ils atterrirent juste devant le portillon. Cette propriété avait changé sa vie.
Dès que Shon entra à l’intérieur, il aperçut son père, assis au chevet de sa mère, toujours inconsciente. Il observa Tora. Elle aménageait leur intérieur, plaçant leurs meubles, dans les différentes pièces. Apparemment, elle avait décidé que cette tâche lui revenait de droit.
Cela ne pouvait signifier que deux choses : d’abord, ils devraient vivre ici, dorénavant ; ensuite, elle semblait penser que sa mère ne reviendrait pas.
Autrefois, c’était elle qui s’en occupait, privilégiant le confort et la fonctionnalité pour sa famille. Nerveux, le jeune chaman hésita un bref instant avant d’agir. Une voix retentit, alors, dans sa tête. C’était Rickstar. Il l’encourageait, le motivait. Il savait qu’il avait raison ; il n’avait pas le choix. Il devait soustraire sa mère à la menace qui la guettait. Et la passivité de son père l’encourageait à agir au plus vite.
Aucun d’eux ne l’avait vu. Il était invisible, pour tous. Il ferma les yeux, inspira profondément et les ouvrit. Il devint à nouveau visible.
Pour la première fois, il parvint à mentir. Cela lui prit un long moment pour les convaincre tout à fait mais ils finirent par admettre ses explications. Son père, le premier, lui sourit, et s’approcha pour le prendre dans ses bras. Son fils, pour ne pas attirer les soupçons, ne refusa pas l’étreinte ; pourtant, elle le mettait mal à l’aise. Tora, elle aussi, s’avança vers eux ; mais elle en profita, surtout, pour envelopper la jeune femme d’un bouclier de protection. Elle se méfiait. Et le masque de Shon n’y résista pas. Il se laissa submerger par la rage. Il n’y pouvait rien, c’était plus fort que lui ! Ce champ de force lui compliquait la tâche !
L’Esprit-chien tenta de l’apaiser :
- Calme-toi, mon ami. Concentre-toi sur ton but, notre but. Ne compromets pas nos chances de réussite. Si tu laisses la colère t’aveugler, tu le regretteras plus tard. Ecoute-moi plutôt et fais preuve de tempérance !
Ces paroles l’aidèrent. Il savait qu’il devait se reprendre, jouer la comédie, pour, ensuite, porter l’estocade. Tel était le plan. Il eut besoin de toute sa volonté pour retrouver son calme et lorsqu’il y parvint, il arbora un sourire forcé. Son visage se figea, sans rien laisser transparaître.
Par la seule force de sa volonté, la bulle protectrice qui enveloppait sa mère, explosa. Un épais brouillard se propagea, aussitôt, et gagna l’ensemble de l’habitation.
D’un simple regard, il projeta Tora contre un mur et la ligota, fermement. Les liens qui la retenaient, étaient de l’or tressé ; ils étaient les seuls capables d’emprisonner un Esprit.
Mais, bien sûr, elle n’était pas un Esprit semblable à tous les autres, et elle parvint à s’en libérer, aisément.
- Eh bien, que te voilà métamorphosé ! Et en quelques jours, seulement ! Où est donc le gentil garçon, timide et sage ? Ton père s’inquiétait pour toi ! Tu devrais avoir honte ! Il n’a pas dormi depuis ton départ ! Il a veillé sur ta mère jour et nuit, en attendant ton retour ! Je suis sûre que ton comportement le déçoit ! Tu n’es en fait qu’un vulgaire petit voyou ! lui reprocha-t-elle, impassible.
- Tout est de votre faute ! Ce que vous avez infligé à ma mère justifie pleinement mes actes ; et rien ne me fera changer d’avis ! hurla-t-il, brisant le calme qu’il tentait de conserver.
Le brouillard devenait plus épais et amoindrissait la visibilité. Il isolait Bassou, qui se mit à tousser. L’air se changeait en un rideau épais de fumée. Pourtant, il voulait avancer ; aveugle et à bout de force, son cerveau lui disait de bouger, malgré tout. Il devait rejoindre son fils, lui expliquer, le faire revenir à la raison. Son fils avait beaucoup changé. Il avait sans doute été possédé ; c’était la seule explication possible. Mais cette idée le terrifiait ; il savait exactement ce que cela impliquait. Si Shon était bel et bien habité par un Vengeur, la seule catégorie capable de le faire, celui-ci le mènerait à sa perte. Autrement dit, il perdrait son fils. Le simple fait de l’envisager lui donnait de bonnes raisons pour continuer à avancer. La gorge de plus en plus sèche, il lui était impossible de voir ni même d’entendre ce qui se passait autour de lui. Quand un obstacle le fit trébucher, il reconnut assez vite le canapé sur lequel était étendue sa femme. Mais il ne put se relever. Un vent glacial l’immobilisa sur place. En quelques secondes, il fut paralysé par le froid.
- Désolé, papa ! Ce n’était pas toi que je visais. Mais au cas où, je ne peux pas t’autoriser à la toucher. Quant à vous, je vais m’occuper de vous et définitivement ! s’empressa de dire Shon.
Il leva les bras vers le ciel, joignant les mains en une sorte de prière et visa ensuite Tora. Du bout de ses doigts jaillit un terrible blizzard qui s’abattit férocement sur elle. Il était si puissant que rien ne lui résistait. Il envahit toute la maison. Ses rafales firent chanceler Bassou, réduit à une simple statue de glace. En tombant, il aurait pu se briser mais par chance il resta entier. Contre toute attente, des dizaines de gouttes de sang perlèrent sur sa peau blanche comme du marbre et se figèrent en touchant le sol. Même réduit à un simple objet, sa sensibilité n’en était pas pour autant réduite ; il avait très précisément senti les milliers de couteaux à la lame tranchante s’enfoncer dans sa chair. Il avait enduré la déchirure et la brûlure qui suivait ; sans un mot.
Son fils, furieux, n’avait rien vu de ce qu’il faisait endurer à son père. Mais ce n’était pas le cas de Rickstar. Il alerta le jeune chaman. Celui-ci resta figé un moment sans pouvoir réaliser ce qui se passait. Mais une attaque de la Grande Prêtresse le réveilla et malgré la honte qu’il ne pouvait manquer d’éprouver, il invoqua des Capteurs de classes distinctes. Il avait failli tuer son père, c’était horrible, soit ; mais, il lui appartenait de réparer sa terrible erreur. Des flammèches se regroupèrent autour de Bassou. Elles allaient le réchauffer, en faisant fondre sa prison de glace. Des flaques rosées se formèrent progressivement et bientôt, il fut capable de bouger. Frigorifié, glacé, l’ancien chaman grelottait et claquait des dents. Sa température corporelle restait encore en-dessous de la normale. Un feu de camp se forma à ses pieds et il s’assit à proximité.
L’attaque de Tora avait fait l’effet d’un électrochoc sur Shon. Elle lui avait permis de réagir à temps. Il avait lancé, à son tour, une offensive où la terre, l’eau et le feu se mêlaient pour former une arme massive, destinée à la faire plier. En effet, elle fut contrainte de se protéger et fit apparaître un bouclier de feu, dans ce but. La puissance de l’assaut l’avait mise de mauvaise humeur et elle lui adressa un sourire malveillant. Elle fit virevolter le bouclier, de plus en plus vite et des pierres de lave s’en échappèrent, prenant pour cible unique : Shon.
Son père vint s’interposer entre les deux adversaires et s’adressa à son amie :
- Je t’en supplie, arrête ! Tu t’en prends à mon fils ! Même s’il a tort, je ne veux pas que tu lui fasses du mal ! Laisse-le emmener sa mère ! Il pense qu’elle est en danger avec nous. Alors, s’il-te-plaît, fais-le pour moi, en souvenir de notre amitié !
A ces mots, la Grande Tora le dévisagea longuement ; elle sembla réfléchir, puis éclata de rire. Un rire forcé, dérangeant et étrange. De son côté, le jeune garçon demeurait interdit. Cette réaction le mettait mal à l’aise. Toute attaque s’était interrompue dès l’intervention de son père, et les Esprit-éléments attendaient impatiemment la reprise de la bataille. Mais cela ne pouvait arriver, car quelque chose allait tout changer.
La Grande Unificatrice fut, brusquement, prise de violents tremblements, qui gagnaient en intensité. C’était comme si elle se disloquait de l’intérieur. Progressivement, du bas vers le haut, elle disparut. Ce qui avait été n’était plus et à la place un Vengeur se rua sur son père.
Avant même de pouvoir réagir, Shon s’aperçut que quelqu’un avait ralenti le cours du temps. Il pouvait, ainsi, à loisir, observer l’attaque de l’Esprit maléfique. Il savait qu’il n’y était pour rien et devina en un éclair le nom du responsable : Rickstar. Heureusement qu’il était là ! A l’intérieur de sa tête, il entendit la voix de son ami résonner :
- Ce n’est pas Tora qui a endormi ta mère. Cela lui était impossible ; elle est prisonnière d’un autre monde, parallèle au vôtre où une nouvelle réalité a pris vie. Le Mal suprême qui a pour nom Torax y règne en maître absolu. Tora n’a jamais existé dans ce monde-ci. Mais pour que son pouvoir soit invulnérable, il devait s’en prendre à « notre » Tora. Cette dimension singulière n’est autre que le Royaume des morts. Tout être qui y existe, vit aussi dans votre monde. Je sais, c’est compliqué. Je vais essayer d’être plus clair. Tous les êtres humains ont une partie de leur âme qui les attend là-bas. Lorsqu’ils meurent, leur corps se désagrège et leur âme redevient complète. Seuls les chamans et les guérisseuses sont entiers durant toute leur vie. A Affantésis, Tora avait un frère jumeau mais celui-ci est décédé bien avant sa naissance. C’est pour cette raison qu’il voue une haine sans borne à sa sœur et au monde des humains. Il est persuadé qu’elle lui a volé sa vie et que votre monde l’a rejeté sciemment. A Thanatosis, il s’est bâti une réputation à la hauteur de ses méfaits et de ses pouvoirs. Aujourd’hui, s’il a envoyé un Vengeur, c’était pour te rallier à sa cause. En plongeant ta mère dans cette léthargie, il espérait que tu oublierais ta véritable nature. Mais crois-moi, tu peux te fier à Tora. Ce qu’elle t’a dit est la stricte vérité : tu es son successeur ! En fait, tu es précieux pour les deux camps ; c’est toi qui a le pouvoir de faire triompher ou le Bien ou le Mal ! Ne te fais aucun souci pour ta mère, je l’ai mise en sécurité, à l’intérieur de la grotte. En ce qui concerne ton père, c’est autre chose. Tu dois impérativement le protéger et détruire ce Vengeur. Il ne pourra jamais résister à une autre attaque. Le meilleur moyen pour le sauver est très simple : tu dois échanger ton corps avec le sien. De cette manière, il se trouvera en sécurité ; ton corps est une véritable armure en soi. Dès que tu auras procédé à l’échange, tu n’auras plus qu’à exterminer ton adversaire. C’est sa faute si ton père te paraissait étrange tout ce temps. Ils sont capables de faire de n’importe quel humain un zombie, étranger à lui-même ; et cela rien que par leur présence. Je suis très étonné que tu aies perçu l’effet de ce maléfice et aussi que Tora la fausse n’était pas celle qu’elle prétendait être. Tu as une intuition très puissante. Je suis persuadé qu’elle te sera très utile, au cours de ta carrière de chaman. Une dernière chose, encore. Sache que c’est Tora qui m’a donné toutes ces informations. Elle t’a aussi transmis tous ses pouvoirs, alors que tu étais entre la vie et la mort. Elle ne voulait surtout pas que son frère malfaisant s’en empare. A présent, tu as en ta possession toutes les cartes pour gagner. Tout dépend de toi ! Maintenant, tiens-toi prêt ! Je vais rétablir le cours normal du temps. Bonne chance !
Shon hocha la tête. Il avait confiance en lui comme jamais.
En une fraction de seconde, le Vengeur retrouva toute sa vitalité et poursuivit son attaque. Il avait beau être incroyablement rapide, Shon eut pourtant le temps de procéder à l’échange des corps et de le contrer. L’enveloppe de son père lui donnait de nouvelles sensations. Son corps était musclé et nerveux ; l’excitation du combat l’irradiait. Il était bien plus grand, aussi ; il mesurait un mètre quatre-vingt-dix. La différence était flagrante. Il avait le sentiment d’être devenu un géant. Posséder un corps pareil était une chance formidable ! Il se sentait bien plus fort. Le Vengeur n’avait aucune chance contre lui, il en était certain !
En parant son attaque, il l’éloigna suffisamment pour pouvoir prévoir le moindre de ses mouvements tout en réfléchissant à la manière de le terrasser. Cette fois, il devait prendre en compte la sécurité de son père. Il ne lui en voulait plus ; il savait qu’il n’était pas responsable de ce qui était arrivé à sa mère. Afin d’éviter les dommages collatéraux, il décida d’en finir au plus vite avec le Vengeur. Le plus simple était une frappe d’envergure. Il invoqua un grand nombre de Miséreux, de Capteurs, de Monolithes et de Polythos. Ces Esprits jaillirent tous en même temps du médaillon que portait en permanence son père, déchirant sa chemise de coton. Brûlant d’un feu bleu et blanc, le jeune chaman était devenu à la fois accumulateur d’énergie, récepteur et portail d’accès. Il était en transe. Rickstar prit l’initiative de prendre part à l’attaque groupée. Il précéda l’armée rugissante et tous s’élancèrent en direction du Vengeur. Celui-ci avait l’air surpris et déconcerté ; ressentait-il sa fin toute proche ?
A distance, Shon commandait la horde. Chaque catégorie avait une aptitude différente. Il allait s’en servir. Il y eut des hurlements assourdissant, des geysers de lave, des cyclones et des cascades d’eau ; tout cela vers une unique cible. Ensemble, ils pénétrèrent la robe protectrice de l’Esprit démoniaque. Sous l’impact, celui-ci se disloqua violemment. Nichés en masse dans son cœur, ils avaient eu raison de lui. Mais, il lui restait encore assez de force pour tenter de se reconstituer. Son champ magnétique en était capable. Les différents corpuscules s’épuisaient en vaines tentatives. Chaque nouvel essai était aussitôt réduit à néant par l’armée d’Esprits. Si bien qu’aux termes de maints efforts, le Vengeur finit par s’éteindre définitivement.
Shon était le grand vainqueur. Il eut besoin de quelques minutes pour quitter l’état extatique. Pendant ce temps, une demi-ombre fugitive disparut sous un des meubles, sans que nul n’y prête la moindre attention ; et l’armée quitta le monde des vivants.
- GAYA TAMERONKouhaiVotre premier message !Un premier message sur le forum.Un ancien de Manga-FanPlus de 5 ans sur Manga-Fan.
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Lun 18 Mai 2015 - 16:56
Merci Jackloft25, ça fait super plaisir!
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