Gaya Tameron: Le dernier chaman
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NoLuffy
GAYA TAMERON
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- GAYA TAMERONKouhaiVotre premier message !Un premier message sur le forum.Un ancien de Manga-FanPlus de 5 ans sur Manga-Fan.
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Re: Gaya Tameron: Le dernier chaman
Jeu 2 Juin 2016 - 15:51
OK alors c'est parti, pour le neuvième et avant dernier chapitre :
Chapitre 9 : Rickstar fait ses adieux
Rickstar, sans perdre un instant, prit possession du corps inanimé. Il retrouva alors son apparence d’autrefois. Fier chien de garde, le malinois s’élança sur la piste qu’il avait flairée. La maison des Rémassien se situait à plusieurs milliers de kilomètres pourtant ce n’était pas vraiment un problème pour lui. Infatigable malgré la distance à parcourir et la vitesse qu’il avait adoptée ! Il avait une taille qui correspondait à celle des chiens de sa race, mais ses pouvoirs lui permettaient de se déplacer autrement. Même s’il n’utilisait que le strict nécessaire dans l’éventail de ses capacités. Il évitait les villages, les villes, les autoroutes, longeant les cours d’eau et sautant au-dessus lorsqu’il se savait seul. Il valait mieux ne pas attirer l’attention. Les Affantès étaient bien trop facilement impressionnables et corruptibles ! Selon eux, la magie, la réincarnation des âmes… tout n’était que mythe et fantaisie ; les contes pour enfants les prenaient pour thème, la science-fiction, parfois aussi. Mais ils en étaient certains, la réalité était bien différente.
Pas un seul instant, ils ne pouvaient croire qu’il n’en était rien. Les questions insolubles, les vides laissés par la science, tout ce qu’ils ne comprenaient pas, avait sa solution grâce à ce qu’ils n’osaient pas envisager. Seule comptait leur petite vie étriquée, conjuguée au temps de la haine des autres, de l’amour de l’argent et du pouvoir. C’était vraiment déplorable ! Bien entendu, ils n’étaient pas tous ces monstres d’égoïsme ; les Rémassien, par exemple, étaient très différents. Ils préfiguraient ce que l’ensemble des humains auraient du être.
Rickstar ralentit, brusquement. Il venait de se rendre compte qu’il venait d’arriver à destination. Sans hésiter, il franchit le portillon en sautant au-dessus. Arrivé sur le seuil de la porte d’entrée et par habitude, il passa à travers. Il fut obligé de revenir en arrière pour récupérer le corps de Shon. Là encore, il devait être discret à cause du voisinage. Il s’empressa de reprendre sa forme initiale et d’un coup de patte, ouvrit la porte. Lorsqu’il entra à l’intérieur de la pièce principale, il ne vit personne. Il les appela et passa furtivement d’une pièce à l’autre sans localiser ni le père ni l’Esprit de la mère. Ce fut un éclair fugace qui attira son attention. Cela venait du jardin, à l’arrière de la maison. Tous les rideaux avaient été tirés ; seule la cuisine qui n’en possédait pas, lui avait permis de voir l’éclat de lumière. Une fois encore, il dut prendre garde de ne pas abandonner le corps de Shon, en passant par la porte-fenêtre du salon. Il écarta délicatement les rideaux du bout de ses dents, et abaissa la poignée afin de pouvoir sortir, normalement.
Une cohorte de Vengeurs se battait contre des Capteurs. Et Elaï servait de rempart à son mari. Sûre d’elle, elle remarqua l’Esprit-chien et lui sourit, en passant juste devant lui. Rickstar était là. Elle pouvait donc, elle aussi, se lancer dans la bataille. Elle savait qu’elle pouvait compter sur lui pour veiller à la sécurité de Bassou. Elle fit apparaître un objet ovoïde, qui brillait comme un saphir. Le halo, qu’il formait, se dilatait sans que rien ne puisse le contenir. Il recouvrit les Vengeurs et les Esprit-éléments sans aucune distinction. D’ailleurs, ni les uns ni les autres n’avaient l’air d’y prêter la moindre attention. S’ils l’avaient remarqué, sans doute pensaient-ils qu’il ne présentait aucune menace pour eux. La lumière bleue s’assombrit et un grondement sourd retentit en son centre. L’œuf les aspira tous et il retomba au sol, comme un vulgaire rocher. Il mesurait environ une trentaine de centimètres de diamètre. Son éclat s’était terni. L’objet ne s’était pas brisé en tombant. Il remuait par à-coups comme un œuf sur le point d’éclore. Lorsque sa coquille se brisa finalement, les Capteurs en sortirent les premiers. Etonnamment, ils étaient plus nombreux ! Les Vengeurs avaient-ils disparu ou bien avaient-ils plutôt été convertis ? Lorsque l’œuf se désintégra, le nombre de Capteurs présents ne laissait plus aucun doute possible. Torax venait de perdre quelques soldats au profit du Bien et de la vie. Un court instant incrédule, Rickstar observait Elaï. Il venait d’assister à une démonstration de la puissance sans cesse grandissante de la Guérisseuse Suprême. Tant qu’elle resterait auprès de Bassou, celui-ci ne risquerait rien. Cependant, une question le tourmentait : pour quelle raison, les Vengeurs continuaient-ils à attaquer le père de Shon ? Torax continuait-il à espérer se servir de sa mort afin de compter parmi ses rangs le puissant chaman ? Ou bien voulait-il simplement l’isoler au point de perdre toute motivation, tout désir de se battre et de protéger le monde qu’il convoitait ? Il accordait un certain crédit à la deuxième alternative et devrait par conséquent les en avertir tous les deux.
Pour l’instant, il devait partir à la recherche de sa maîtresse. Bassou était sous bonne garde et, ne lui en déplaise, elle était nécessaire à sa sécurité. Il s’éclipsa.
La trace qu’il suivait était celle de Déborah Miller. Elle faisait parti des forces de police, depuis près de dix ans. Elle avait partagé sa vie entre son métier, terriblement prenant, et son chien adoré. Elle était très attachée à celui qui était aussi son co-équipier. Il occupait une grande place dans son cœur. Depuis qu’il était décédé, durant une nuit, pendant son sommeil, elle était restée seule. Et elle n’acceptait pas sa mort. Son chagrin était immense. Rickstar souhaitait l’aider. Il ne voulait pas qu’elle se laisse submerger par sa peine. Mais comment procéder ?
Elle aurait besoin de construire autre chose. Même s’il n’était pas question d’oublier le passé. Elle devrait surtout vivre avec ses souvenirs sans qu’ils l’empêchent de vivre. Soudain, la solution se révéla à lui : un chiot. Ce serait le subterfuge parfait pour l’obliger à reprendre goût à la vie, sans s’appesantir sur sa douleur. Il allait devoir trouver un chiot et le lui offrir. Il savait que c’était le remède parfait pour qu’elle puisse à nouveau être heureuse. Il continuait à traverser les terres, qui lui étaient inconnues, sans leur prêter la moindre attention. Pourtant, il était conscient que ce n’était pas ainsi qu’il trouverait ce qu’il cherchait. S’il traversait une grande ville, il avait de bien meilleures chances d’y parvenir. Les chiens errants y étaient nombreux ! Sitôt la décision prise, il se mit en quête d’une ville, peu importait sa taille. Pour ce faire, il s’éleva dans les airs, en tâchant de ne pas se faire voir.
Les arbres les plus hauts de la forêt toute proche le camoufleraient avantageusement. Il aperçut alors, une ville tout proche. Il n’avait qu’à traverser la forêt et elle lui permettrait de rejoindre la vie citadine sans éveiller les soupçons. Il s’engouffra, vif comme l’éclair, parmi les pins géants, et eux seuls assistèrent, silencieux, à sa course effrénée. En seulement quelques minutes, il parcourut les plusieurs kilomètres qui le séparaient de son but. Arrivé à la lisière de la forêt, il ralentit son allure de manière à ce qu’elle paraisse normale pour un chien de sa taille. Le bruit, l’air nauséabond, la foule, et la poussière, … tout lui revenait en mémoire. Autrefois, cela avait été son environnement, mais aujourd’hui, il ne faisait plus parti de ce monde. Il regarda autour de lui, détaché ; les villes étaient toutes les mêmes : bâtiments gris, trottoirs et routes encombrés, des lumières qui clignotaient un peu partout. A un coin de rue, il remarqua un restaurant. D’instinct, il sut qu’il devait bifurquer. Là où il y avait un restaurant, il y avait aussi des poubelles pleines de restes qui ne manqueraient pas d’attirer tous les abandonnés du secteur. C’était dans un endroit comme celui-ci qu’il trouverait un chiot, il en était certain ! Il pénétra dans la rue qui débouchait sur un parking. Les poubelles à l’entrée étaient pleines de sacs éventrés. Il ne s’était pas trompé. Il lui suffisait simplement d’attendre le bon candidat. Il se dissimula contre le mur qui débouchait sur l’entrée du parking et formait un angle saillant avec la rue où il se trouvait. De cet endroit, il pouvait surveiller les allers et venues des affamés. Et ce fut presque un défilé ininterrompu ; des chats, des chiens en meute, un vieux setter qui boitait, une chienne en gestation… Quelques minutes après elle, l’Esprit-chien aperçut un adorable chiot. Celui-ci avançait prudemment. Contrairement à ses prédécesseurs, il semblait avoir perçu la présence de Rickstar. C’était peut-être un signe ! Le grand malinois décida de se montrer. Dès qu’il fut hors de sa cachette, il s’avança et l’ombre qu’il projetait au sol s’imposa au jeune cocker qui recula, apeuré. Il se plaqua au sol, en signe de soumission et attendit la sentence. Le grand chien se coucha près de lui, comme pour le rassurer et se mit à le lécher. Le chiot finit par se lever et manifesta sa joie en tournant autour de lui. Il était vraiment parfait : de grands yeux tristes, une tête adorable …Il savait que sa maîtresse ne résisterait pas ! À n’en pas douter, ce chiot avait été abandonné ! Il le suivrait donc facilement ; du moins pour ne plus être seul!
Rickstar n’avait plus qu’à poursuivre son chemin sur la trace de Déborah. Il commença à s’éloigner et, comme il l’avait prévu, le chiot le suivit. Mais victime de sa taille, il avait du mal à suivre son protecteur ; si bien que celui-ci l’attrapa délicatement entre ses dents et se mit à trottiner jusqu’à la sortie de la ville. Le chiot se laissa alors emmener et finit même par s’endormir. Le périple dura encore près d’une heure. Sa maîtresse avait déménagé, depuis sa disparition.
Lorsqu’ils arrivèrent devant chez elle, Rickstar déposa doucement le petit cocker. Durant le trajet, il avait décidé de le nommer Luckystar. Une sorte de continuité qui serait la bienvenue. La petite boule noire se réveilla, se mit à bailler et vint s’asseoir entre les deux pattes avant du malinois. L’Esprit-chien donna de grands coups de pattes contre la porte, afin d’attirer l’attention de celle qui occupait les lieux. Il perçut enfin sa silhouette dans l’entrée, la clé qui tournait dans la serrure puis la poignée qui s’abaissait. La porte s’ouvrit et le chiot partit se réfugier derrière le chien adulte. Déborah ne le vit même pas. Immobile, elle n’osait croire ce qu’elle voyait : sur le seuil se tenait son chien. Les yeux écarquillés, la bouche ouverte, les larmes ruisselant sur son visage, elle était incapable de dire quoi que ce soit ou même de bouger. L’esprit-chien prit l’initiative d’entrer. Il la poussa doucement. Et le chiot lui emboîta le pas. Après leur passage, elle réussit à fermer la porte. Lorsqu’elle se retourna, c’était comme dans un rêve ! Son chien vint se blottir contre elle et elle eut l’impression de revivre. Elle le caressait, incrédule et pourtant radieuse, enfouissant son visage larmoyant dans son pelage doux et soyeux. Elle n’en revenait pas ! Il était mort ! Et il revenait aujourd’hui pour elle ! C’était si bon de le retrouver ! Peu lui importait combien de temps il resterait ; il était revenu ! Rickstar s’écarta doucement d’elle. Ces retrouvailles seraient de courte durée ; il était inutile de les prolonger plus que nécessaire ! Elles risquaient de n’en être que plus douloureuses ! De surcroît, un petit être attendait de lui être présenté. Il prit la parole, la regardant droit dans les yeux :
— Je suis revenu afin que tu saches que je suis en paix. Heureux de ma vie avec toi. Mon corps était vieux et malade. La mort était devenue la seule issue possible. Je ne t’oublierais jamais, tu peux en être sûre ! Je m’efforcerai de veiller sur toi. Tout ce que je te demande c’est de continuer à aimer la vie comme avant. Tes souvenirs ne doivent pas t’empêcher de vivre normalement. Je sais que ce sera difficile, au début, mais tu dois le faire. Regarde, pour t’y aider, je t’ai amenée ce chiot que j’ai trouvé dans la rue. Il a besoin d’affection et de soins. Je l’ai baptisé Luckystar. Je compte sur toi pour bien t’en occuper. Je te le confie. Aime-le autant que tu m’as aimé ! Et profites de chaqu’instant avec lui ! Essaye de ne pas trop pleurer et surtout sois heureuse ! Adieu, je dois partir !
Il la laissa stupéfaite, agenouillée et quitta la maison sans même lui jeter un dernier regard. C’était mieux comme ça !
Elle fondit en larmes, sans pouvoir se retenir. Tout s’était passé si vite ! C’était si injuste ! Le chiot s’approcha d’elle et lui lécha la joue. Elle l’avait à peine regardé. Elle cessa de pleurer presqu’instantanément, le prit dans ses bras et le caressa tendrement.
— Allez, viens Luckystar, je suis sûre que tu es affamé ! lui dit-elle.
En guise de réponse, il gémit brièvement. Lorsqu’elle déposa une gamelle pleine de croquettes, celles de son chien mort, il se rua dessus. En à peine une minute, le récipient fut vidé de son contenu. Il releva la tête et lui adressa un regard plein de reconnaissance. Elle le serra contre elle et il lui lécha le visage. Elle se mit à rire aux éclats. Cela ne lui était pas arrivé depuis très longtemps. Elle se sentait vivante, à nouveau, grâce au petit cocker. Elle n’oublierait jamais son premier chien ; mais elle sentait que ce petit être représentait pour elle une nouvelle chance de goûter au bonheur de la vie avec un animal de compagnie. Une page se tournait dans sa vie et une nouvelle restait à écrire.
L’Esprit-chien, discrètement, les observait par la fenêtre. Il était heureux de voir que sa maîtresse s’autorisait à aimer à nouveau. Il savait pertinemment que le chiot serait heureux avec elle. Une goutte perla sur son museau et s’évapora aussitôt. Les Esprits conservaient une part de fragilité. Ils étaient toujours capables de ressentir les émotions humaines mais ils ne les vivaient plus de la même manière. C’était une sensation éphémère, voilà tout ! L’intensité était diminuée. En se libérant de leur enveloppe charnelle, les sentiments dont ils étaient la proie relevaient davantage du souvenir !
Un bref instant, il passa en revue les meilleurs moments de son existence avec Déborah. Puis, il se ressaisit. Il pensa à Shon qui était, seul, sur les Terres arides de Thanatosis. Il aurait voulu le rejoindre mais il ignorait s’il serait capable de ruser pour faire apparaître la trappe d’accès. Il chercha un endroit calme et isolé. Il tenait à essayer, malgré tout. Il trouva un champ de maïs qui serait parfait. Il s’y engouffra sans la moindre hésitation. Le sol était presqu’entièrement recouvert d’épi de maïs de taille adulte. Ce qui formait un épais manteau protecteur pour quiconque souhaitait se soustraire aux regards curieux. Il savait comment il devait s’y prendre. Il lui suffisait d’imiter le jeune chaman et avec un peu de chance, il réussirait à le rejoindre. Il s’allongea dans le champ, écrasant de son poids de nombreuses tiges grossières. Il attendit quelques minutes et s’échappa du corps emprunté. Mais la trappe refusa d’apparaître en dépit de sa patience. Déçu et soucieux, il rebroussa chemin vers le village où habitaient les Rémassien. Il n’imaginait que trop bien à quel point les deux parents seraient mécontents et inquiets de le voir revenir seul, sans leur fils. Rickstar pourrait bien sûr attester que cela s’était révélé nécessaire. Ils n’avaient pas eu d’autre choix !
Chapitre 9 : Rickstar fait ses adieux
Rickstar, sans perdre un instant, prit possession du corps inanimé. Il retrouva alors son apparence d’autrefois. Fier chien de garde, le malinois s’élança sur la piste qu’il avait flairée. La maison des Rémassien se situait à plusieurs milliers de kilomètres pourtant ce n’était pas vraiment un problème pour lui. Infatigable malgré la distance à parcourir et la vitesse qu’il avait adoptée ! Il avait une taille qui correspondait à celle des chiens de sa race, mais ses pouvoirs lui permettaient de se déplacer autrement. Même s’il n’utilisait que le strict nécessaire dans l’éventail de ses capacités. Il évitait les villages, les villes, les autoroutes, longeant les cours d’eau et sautant au-dessus lorsqu’il se savait seul. Il valait mieux ne pas attirer l’attention. Les Affantès étaient bien trop facilement impressionnables et corruptibles ! Selon eux, la magie, la réincarnation des âmes… tout n’était que mythe et fantaisie ; les contes pour enfants les prenaient pour thème, la science-fiction, parfois aussi. Mais ils en étaient certains, la réalité était bien différente.
Pas un seul instant, ils ne pouvaient croire qu’il n’en était rien. Les questions insolubles, les vides laissés par la science, tout ce qu’ils ne comprenaient pas, avait sa solution grâce à ce qu’ils n’osaient pas envisager. Seule comptait leur petite vie étriquée, conjuguée au temps de la haine des autres, de l’amour de l’argent et du pouvoir. C’était vraiment déplorable ! Bien entendu, ils n’étaient pas tous ces monstres d’égoïsme ; les Rémassien, par exemple, étaient très différents. Ils préfiguraient ce que l’ensemble des humains auraient du être.
Rickstar ralentit, brusquement. Il venait de se rendre compte qu’il venait d’arriver à destination. Sans hésiter, il franchit le portillon en sautant au-dessus. Arrivé sur le seuil de la porte d’entrée et par habitude, il passa à travers. Il fut obligé de revenir en arrière pour récupérer le corps de Shon. Là encore, il devait être discret à cause du voisinage. Il s’empressa de reprendre sa forme initiale et d’un coup de patte, ouvrit la porte. Lorsqu’il entra à l’intérieur de la pièce principale, il ne vit personne. Il les appela et passa furtivement d’une pièce à l’autre sans localiser ni le père ni l’Esprit de la mère. Ce fut un éclair fugace qui attira son attention. Cela venait du jardin, à l’arrière de la maison. Tous les rideaux avaient été tirés ; seule la cuisine qui n’en possédait pas, lui avait permis de voir l’éclat de lumière. Une fois encore, il dut prendre garde de ne pas abandonner le corps de Shon, en passant par la porte-fenêtre du salon. Il écarta délicatement les rideaux du bout de ses dents, et abaissa la poignée afin de pouvoir sortir, normalement.
Une cohorte de Vengeurs se battait contre des Capteurs. Et Elaï servait de rempart à son mari. Sûre d’elle, elle remarqua l’Esprit-chien et lui sourit, en passant juste devant lui. Rickstar était là. Elle pouvait donc, elle aussi, se lancer dans la bataille. Elle savait qu’elle pouvait compter sur lui pour veiller à la sécurité de Bassou. Elle fit apparaître un objet ovoïde, qui brillait comme un saphir. Le halo, qu’il formait, se dilatait sans que rien ne puisse le contenir. Il recouvrit les Vengeurs et les Esprit-éléments sans aucune distinction. D’ailleurs, ni les uns ni les autres n’avaient l’air d’y prêter la moindre attention. S’ils l’avaient remarqué, sans doute pensaient-ils qu’il ne présentait aucune menace pour eux. La lumière bleue s’assombrit et un grondement sourd retentit en son centre. L’œuf les aspira tous et il retomba au sol, comme un vulgaire rocher. Il mesurait environ une trentaine de centimètres de diamètre. Son éclat s’était terni. L’objet ne s’était pas brisé en tombant. Il remuait par à-coups comme un œuf sur le point d’éclore. Lorsque sa coquille se brisa finalement, les Capteurs en sortirent les premiers. Etonnamment, ils étaient plus nombreux ! Les Vengeurs avaient-ils disparu ou bien avaient-ils plutôt été convertis ? Lorsque l’œuf se désintégra, le nombre de Capteurs présents ne laissait plus aucun doute possible. Torax venait de perdre quelques soldats au profit du Bien et de la vie. Un court instant incrédule, Rickstar observait Elaï. Il venait d’assister à une démonstration de la puissance sans cesse grandissante de la Guérisseuse Suprême. Tant qu’elle resterait auprès de Bassou, celui-ci ne risquerait rien. Cependant, une question le tourmentait : pour quelle raison, les Vengeurs continuaient-ils à attaquer le père de Shon ? Torax continuait-il à espérer se servir de sa mort afin de compter parmi ses rangs le puissant chaman ? Ou bien voulait-il simplement l’isoler au point de perdre toute motivation, tout désir de se battre et de protéger le monde qu’il convoitait ? Il accordait un certain crédit à la deuxième alternative et devrait par conséquent les en avertir tous les deux.
Pour l’instant, il devait partir à la recherche de sa maîtresse. Bassou était sous bonne garde et, ne lui en déplaise, elle était nécessaire à sa sécurité. Il s’éclipsa.
La trace qu’il suivait était celle de Déborah Miller. Elle faisait parti des forces de police, depuis près de dix ans. Elle avait partagé sa vie entre son métier, terriblement prenant, et son chien adoré. Elle était très attachée à celui qui était aussi son co-équipier. Il occupait une grande place dans son cœur. Depuis qu’il était décédé, durant une nuit, pendant son sommeil, elle était restée seule. Et elle n’acceptait pas sa mort. Son chagrin était immense. Rickstar souhaitait l’aider. Il ne voulait pas qu’elle se laisse submerger par sa peine. Mais comment procéder ?
Elle aurait besoin de construire autre chose. Même s’il n’était pas question d’oublier le passé. Elle devrait surtout vivre avec ses souvenirs sans qu’ils l’empêchent de vivre. Soudain, la solution se révéla à lui : un chiot. Ce serait le subterfuge parfait pour l’obliger à reprendre goût à la vie, sans s’appesantir sur sa douleur. Il allait devoir trouver un chiot et le lui offrir. Il savait que c’était le remède parfait pour qu’elle puisse à nouveau être heureuse. Il continuait à traverser les terres, qui lui étaient inconnues, sans leur prêter la moindre attention. Pourtant, il était conscient que ce n’était pas ainsi qu’il trouverait ce qu’il cherchait. S’il traversait une grande ville, il avait de bien meilleures chances d’y parvenir. Les chiens errants y étaient nombreux ! Sitôt la décision prise, il se mit en quête d’une ville, peu importait sa taille. Pour ce faire, il s’éleva dans les airs, en tâchant de ne pas se faire voir.
Les arbres les plus hauts de la forêt toute proche le camoufleraient avantageusement. Il aperçut alors, une ville tout proche. Il n’avait qu’à traverser la forêt et elle lui permettrait de rejoindre la vie citadine sans éveiller les soupçons. Il s’engouffra, vif comme l’éclair, parmi les pins géants, et eux seuls assistèrent, silencieux, à sa course effrénée. En seulement quelques minutes, il parcourut les plusieurs kilomètres qui le séparaient de son but. Arrivé à la lisière de la forêt, il ralentit son allure de manière à ce qu’elle paraisse normale pour un chien de sa taille. Le bruit, l’air nauséabond, la foule, et la poussière, … tout lui revenait en mémoire. Autrefois, cela avait été son environnement, mais aujourd’hui, il ne faisait plus parti de ce monde. Il regarda autour de lui, détaché ; les villes étaient toutes les mêmes : bâtiments gris, trottoirs et routes encombrés, des lumières qui clignotaient un peu partout. A un coin de rue, il remarqua un restaurant. D’instinct, il sut qu’il devait bifurquer. Là où il y avait un restaurant, il y avait aussi des poubelles pleines de restes qui ne manqueraient pas d’attirer tous les abandonnés du secteur. C’était dans un endroit comme celui-ci qu’il trouverait un chiot, il en était certain ! Il pénétra dans la rue qui débouchait sur un parking. Les poubelles à l’entrée étaient pleines de sacs éventrés. Il ne s’était pas trompé. Il lui suffisait simplement d’attendre le bon candidat. Il se dissimula contre le mur qui débouchait sur l’entrée du parking et formait un angle saillant avec la rue où il se trouvait. De cet endroit, il pouvait surveiller les allers et venues des affamés. Et ce fut presque un défilé ininterrompu ; des chats, des chiens en meute, un vieux setter qui boitait, une chienne en gestation… Quelques minutes après elle, l’Esprit-chien aperçut un adorable chiot. Celui-ci avançait prudemment. Contrairement à ses prédécesseurs, il semblait avoir perçu la présence de Rickstar. C’était peut-être un signe ! Le grand malinois décida de se montrer. Dès qu’il fut hors de sa cachette, il s’avança et l’ombre qu’il projetait au sol s’imposa au jeune cocker qui recula, apeuré. Il se plaqua au sol, en signe de soumission et attendit la sentence. Le grand chien se coucha près de lui, comme pour le rassurer et se mit à le lécher. Le chiot finit par se lever et manifesta sa joie en tournant autour de lui. Il était vraiment parfait : de grands yeux tristes, une tête adorable …Il savait que sa maîtresse ne résisterait pas ! À n’en pas douter, ce chiot avait été abandonné ! Il le suivrait donc facilement ; du moins pour ne plus être seul!
Rickstar n’avait plus qu’à poursuivre son chemin sur la trace de Déborah. Il commença à s’éloigner et, comme il l’avait prévu, le chiot le suivit. Mais victime de sa taille, il avait du mal à suivre son protecteur ; si bien que celui-ci l’attrapa délicatement entre ses dents et se mit à trottiner jusqu’à la sortie de la ville. Le chiot se laissa alors emmener et finit même par s’endormir. Le périple dura encore près d’une heure. Sa maîtresse avait déménagé, depuis sa disparition.
Lorsqu’ils arrivèrent devant chez elle, Rickstar déposa doucement le petit cocker. Durant le trajet, il avait décidé de le nommer Luckystar. Une sorte de continuité qui serait la bienvenue. La petite boule noire se réveilla, se mit à bailler et vint s’asseoir entre les deux pattes avant du malinois. L’Esprit-chien donna de grands coups de pattes contre la porte, afin d’attirer l’attention de celle qui occupait les lieux. Il perçut enfin sa silhouette dans l’entrée, la clé qui tournait dans la serrure puis la poignée qui s’abaissait. La porte s’ouvrit et le chiot partit se réfugier derrière le chien adulte. Déborah ne le vit même pas. Immobile, elle n’osait croire ce qu’elle voyait : sur le seuil se tenait son chien. Les yeux écarquillés, la bouche ouverte, les larmes ruisselant sur son visage, elle était incapable de dire quoi que ce soit ou même de bouger. L’esprit-chien prit l’initiative d’entrer. Il la poussa doucement. Et le chiot lui emboîta le pas. Après leur passage, elle réussit à fermer la porte. Lorsqu’elle se retourna, c’était comme dans un rêve ! Son chien vint se blottir contre elle et elle eut l’impression de revivre. Elle le caressait, incrédule et pourtant radieuse, enfouissant son visage larmoyant dans son pelage doux et soyeux. Elle n’en revenait pas ! Il était mort ! Et il revenait aujourd’hui pour elle ! C’était si bon de le retrouver ! Peu lui importait combien de temps il resterait ; il était revenu ! Rickstar s’écarta doucement d’elle. Ces retrouvailles seraient de courte durée ; il était inutile de les prolonger plus que nécessaire ! Elles risquaient de n’en être que plus douloureuses ! De surcroît, un petit être attendait de lui être présenté. Il prit la parole, la regardant droit dans les yeux :
— Je suis revenu afin que tu saches que je suis en paix. Heureux de ma vie avec toi. Mon corps était vieux et malade. La mort était devenue la seule issue possible. Je ne t’oublierais jamais, tu peux en être sûre ! Je m’efforcerai de veiller sur toi. Tout ce que je te demande c’est de continuer à aimer la vie comme avant. Tes souvenirs ne doivent pas t’empêcher de vivre normalement. Je sais que ce sera difficile, au début, mais tu dois le faire. Regarde, pour t’y aider, je t’ai amenée ce chiot que j’ai trouvé dans la rue. Il a besoin d’affection et de soins. Je l’ai baptisé Luckystar. Je compte sur toi pour bien t’en occuper. Je te le confie. Aime-le autant que tu m’as aimé ! Et profites de chaqu’instant avec lui ! Essaye de ne pas trop pleurer et surtout sois heureuse ! Adieu, je dois partir !
Il la laissa stupéfaite, agenouillée et quitta la maison sans même lui jeter un dernier regard. C’était mieux comme ça !
Elle fondit en larmes, sans pouvoir se retenir. Tout s’était passé si vite ! C’était si injuste ! Le chiot s’approcha d’elle et lui lécha la joue. Elle l’avait à peine regardé. Elle cessa de pleurer presqu’instantanément, le prit dans ses bras et le caressa tendrement.
— Allez, viens Luckystar, je suis sûre que tu es affamé ! lui dit-elle.
En guise de réponse, il gémit brièvement. Lorsqu’elle déposa une gamelle pleine de croquettes, celles de son chien mort, il se rua dessus. En à peine une minute, le récipient fut vidé de son contenu. Il releva la tête et lui adressa un regard plein de reconnaissance. Elle le serra contre elle et il lui lécha le visage. Elle se mit à rire aux éclats. Cela ne lui était pas arrivé depuis très longtemps. Elle se sentait vivante, à nouveau, grâce au petit cocker. Elle n’oublierait jamais son premier chien ; mais elle sentait que ce petit être représentait pour elle une nouvelle chance de goûter au bonheur de la vie avec un animal de compagnie. Une page se tournait dans sa vie et une nouvelle restait à écrire.
L’Esprit-chien, discrètement, les observait par la fenêtre. Il était heureux de voir que sa maîtresse s’autorisait à aimer à nouveau. Il savait pertinemment que le chiot serait heureux avec elle. Une goutte perla sur son museau et s’évapora aussitôt. Les Esprits conservaient une part de fragilité. Ils étaient toujours capables de ressentir les émotions humaines mais ils ne les vivaient plus de la même manière. C’était une sensation éphémère, voilà tout ! L’intensité était diminuée. En se libérant de leur enveloppe charnelle, les sentiments dont ils étaient la proie relevaient davantage du souvenir !
Un bref instant, il passa en revue les meilleurs moments de son existence avec Déborah. Puis, il se ressaisit. Il pensa à Shon qui était, seul, sur les Terres arides de Thanatosis. Il aurait voulu le rejoindre mais il ignorait s’il serait capable de ruser pour faire apparaître la trappe d’accès. Il chercha un endroit calme et isolé. Il tenait à essayer, malgré tout. Il trouva un champ de maïs qui serait parfait. Il s’y engouffra sans la moindre hésitation. Le sol était presqu’entièrement recouvert d’épi de maïs de taille adulte. Ce qui formait un épais manteau protecteur pour quiconque souhaitait se soustraire aux regards curieux. Il savait comment il devait s’y prendre. Il lui suffisait d’imiter le jeune chaman et avec un peu de chance, il réussirait à le rejoindre. Il s’allongea dans le champ, écrasant de son poids de nombreuses tiges grossières. Il attendit quelques minutes et s’échappa du corps emprunté. Mais la trappe refusa d’apparaître en dépit de sa patience. Déçu et soucieux, il rebroussa chemin vers le village où habitaient les Rémassien. Il n’imaginait que trop bien à quel point les deux parents seraient mécontents et inquiets de le voir revenir seul, sans leur fils. Rickstar pourrait bien sûr attester que cela s’était révélé nécessaire. Ils n’avaient pas eu d’autre choix !
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