Un peu de poésie... =)

"Traversant les Saisons..."

Te rappelles-tu de ce jour de printemps,
Lorsque, marchant au milieu des champs d’antan,
Tenant ta main, n’écoutant que des oiseaux le chant,
Je priais pour que se fige à jamais le temps ?

Petit être au bout des bras prenant son envol,
Qui grandira à mes côtés, de près puis de loin,
Me souriant naïvement, buvant mes paroles,
Puis s’éloignant doucement, suivant son chemin,

La vie avançait et je suivais ses pas,
Me laissant porter par l’insouciance d’un temps.
Fondant pour ces filles faisant naître en moi l’émoi,
Je profitais de l’adolescence au fil des ans…

Te souviens-tu de ces nuits d’été passées
A admirer les astres, allongés dans l’herbe,
Contemplant, avide, de tes yeux la beauté,
Nous battant souvent avec des paroles acerbes ?

Toi, ma tendre amie, suspendue à mon bras,
Je vis la vie jeter une arme entre nos âmes,
Cœur de métal au creux d’une main loin de toi,
Qui n’appartenait qu’à une seule femme.

Mon cœur cogna si fort au milieu des champs,
Désormais ravagés, décimés par la guerre.
Je vis si souvent la vie quitter le corps de gens
Que chaque jour je cru quitter cette terre.

Mais l’espoir fit de moi un malheureux survivant.
C’est pourquoi, marchant vers toi, remerciant les dieux,
Je ne compris plus l’intérêt d’être vivant
En apprenant que je ne verrais plus tes yeux…

Te remémores-tu ces années vécues
Sur ce banc, au milieu d’un parc pour enfants,
Les observant de loin, déchu, haï, perdu,
Ignoré ou bien jugé comme terrifiant ?

J’avais fait face à une armée d’hommes armés,
Mais ma terreur était plus grande devant ceux qui,
Par un simple regard sur mon âme damnée,
Semblaient régir entièrement ma vie.

J’avais abandonné tout ce en quoi je croyais.
Ma foi s’effaçait à mesure que le temps passait.
Assis au coin d’une rue, patiemment, j’attendais,
Que la mort rétablisse nos liens défaits.

Mais l’envie de vivre était beaucoup plus forte
Que le désir d’en finir et de mourir.
Une lueur, comme si s’ouvrait une porte,
Me redonnait l’envie de me battre face au pire.

Et c’est ce sentiment si peu souvent présent
Qui me permit de partir sur un coup d’éclat.
Un jour comme les autres, pourtant si différent.
Mais dont sans doute personne ne se souviendra.

Un matin, assis sur le banc d’un parc pour enfants.
L’un d’eux traversant la rue en courant,
Tombant devant un camion à pleine vitesse.
Me jetant sur lui avant que sa vie ne cesse.

Jetant alors l’enfant au plus proche passant.
Puis fermant les yeux l’instant d’après,
La revoyant une dernière fois me souriant…
Emportant cette image pour toujours dans mes pensées…

Déambulant dans des allées dallées damnées,
Il aspire à trouver un espoir pour son esprit ;
Car, faisant fi de ses incitations au défi,
L’inspiration le fuit, lui et ses pensées.

Dévalant des vallées aux horizons voilés,
L’obscurité le guette et sa quête semble obscure.
Mais relevant son regard vers les monts étoilés,
Il persiste à penser de ne cesser d’en avoir cure.

Il n’existe aucune solution pour raviver
L’âme de ceux que ce souffle a condamnés.
On y goûte une fois et, telle une drogue dure,
Elle vous envoûte puis finalement vous emmure.

Une sensation absolue de pouvoir,
L’impression d’être capable de percevoir
Au milieu de ce monde qui nous entoure
Les plus grands, les plus infimes de ses contours…

Cerné par l’acier forgé d’armées immenses,
Perdu parmi les cris de mes frères, j’avance.
Brandissant cette lance souillée de leur sang,
Je fais face, seul, à tous ces combats incessants.

A la nuit tombée, le feu des dieux fut lâché.
Des flèches enflammées fendirent l’air en sifflant,
Embrasant tout ce que le feu put embrasser,
Détruisant ce qui fut construit au fil des ans.

Les lâches avaient alors lancé l’assaut, poussant
Des cris créant dans nos cœurs une peur si pâle
Que même les plus vaillants vacillèrent, défaillant
Face au désespoir inspiré par ce grand mal.

Sortant brutalement de rêves embrumés,
Je m’emparai de mon arme dans un sursaut
Priant mes ancêtres décédés de donner
Aux miens la force de repousser l’assaut.

Un ennemi surgit sur mon flanc droit, chargeant.
Je déviai d’un coup sa lame luisante et
Plongeai la pointe en métal dans son cœur battant,
Songeant aux vies que sa mort avait sauvées.

D’autres assaillants sortirent de nulle part,
Levant vers moi leurs armes et leur rage sans fin.
Usant d’une force qui s’était faite rare,
Je les annihilai, les tuant un à un.

Les cris des femmes qu’on égorgeait sans merci,
Ceux des enfants tomban sous les flèches ennemies,
Le râle des maris donnant leurs âmes sans remord
Dans l’espoir de les soustraire au joug de la mort.

L’un après l’autre je vis mes frères tomber.
Et faisant face au fils du chef de leur armée,
Je vis mon vieux père être désarmé
Avant que le sabre ne le fasse succomber.

Criant, pleurant, hurlant à ce monde ma peine,
Je courus vers son corps inerte déjà si froid,
Maudissant cet homme s’éloignant de moi,
Dont la vue m’inspirait dés lors la plus grande haine.

Ces hommes n’ôtaient la vie que pour le plaisir.
Nous étions loin de tout, sans intérêt aucun,
Vivant en paix, pauvres mais ayant pour désir
De voir ce cadeau être donné à chacun.

Mais ce paradis laissa place à un enfer,
Où les flammes emportaient femmes et enfants,
Où le fer se croisait entre la chair et le sang,
Où les liens d’amour durent se défaire…

Inspirant lentement et tenant fermement
Ce sabre de samouraï si cher à mon cœur,
Je me relevai, me jetant violemment
Dans la bataille avec colère et sans peur.

Les coups pleuvent tout autour et tout à coup je pleure.
Chaque vie que je prends me ramène à ces enfants.
Les leurs, les nôtres, ne connaîtront que le malheur,
Lorsqu’ils verront sur ces champs le sang de leurs parents.

Mais ma survie passe avant tout, car de ma lignée
Je ne suis désormais que le seul survivant.
Un jeune garçon d’une vingtaine d’années,
Promis à propager l’art des Anciens d’antan.

Mon sabre dans autour de mon cou au fil du vent.
Ma lame déchaîne près d’elle sa fureur.
Mon âme demeure en éveil à tout instant.
Et mon cœur bat avec encore plus d’ardeur.

Ce n’est que lorsque le ciel s’illumina,
Que je retrouvai l’homme ayant hanté mes pensées.
Son sabre en main, il fit volte-face et s’avança,
Sans peur, persuadé d’une victoire aisée.

Sa lame s’abattit, j’esquivai sur le côté.
Un coup de pied me projeta en arrière.
Je me redressai, levant mon sabre en l’air,
Parant, me soustrayant à la fatalité.

Je poussai un cri, le forçant à reculer.
Surpris, il sourit, avide d’un sang vaillant,
Attaquant à pleine dents et sans calculer,
Sans réfléchir à qui était son assaillant.

Il fendit l’air pour fendre mon corps en deux,
Je me baissai, frôlant sa lame d’un cheveu,
Puis, dans un éclair, je frappai sans pitié,
Vengeant mon père, lui rendant sa dignité.

Le son d’un cor déchira soudainement l’air.
L’ennemi sonna la retraite et quitta les lieux.
Les combats cessèrent aussi vite qu’ils commencèrent,
Nous laissant seuls, avec nos morts et nos dieux.

Ce jour là, je vis se détruire mon enfance.
Une fois nos morts honorés, je quittai cette vie,
Laissant derrière moi ce village et cette nuit,
Errant dans un Japon rempli de violence.

Sabre à la main, main sur le cœur, je combattis.
Donnant mon âme à ceux ayant perdue la leur.
Priant, œuvrant, espérant en tout temps, en toute heure,
Voir un paradis finalement rebattis.