[MANGA/ANIME] Berserk

Le manga Berserk a débuté en 1989, en prépublication dans le magazine japonais, Young Animal (toujours en cours de parution au Japon).

Une série animée (25 épisodes produite par le studio OLM – 1997) reprenant les tomes 4 à 13, nous emmenait durant la jeunesse de Guts, jeune guerrier tourmenté qui rencontre Griffith, chef de la Troupe du Faucon (mercenaires à la solde de l’Empire de Midland).

De cette rencontre naîtra une amitié ambiguë, mais néanmoins efficiente (=Performance permettant de réaliser un objectif avec le minimum de moyens engagés) :

la présence de Guts (ci-contre), guerrier à l’épée démesurée, se révélera vite indispensable à l’ambition du jeune Griffith, bretteur et tacticien hors-pair.

L’anime est ainsi le récit de l’ascension et de la chute de la Troupe du Faucon, et de la relation entre Guts et Griffith, particulièrement complexe, entre relation d’intérêt (Griffith utilise la force de Guts), respect mutuel (les deux se considèrent mutuellement en tant que frères d’arme), et affection profonde (chacun a besoin de la présence de l’autre de façon inexplicable).

Particulièrement crue, la série animée l’est pourtant moins que le manga qui se montre sans concession dans sa façon de présenter les choses :

la religion
la pédophilie
l’homosexualité
l’infanticide
l’inceste
le viol
Et les nombreux massacres renvoient une image particulièrement sombre de l’âme humaine, dont Griffith est à ce titre le plus parfait représentant.


En filigrane apparaît donc une réflexion sur l’homme, partagée entre sa monstruosité (Les monstres étant une représentation physique de la part d’ombre qui sommeille en chaque homme), sa violence (le monde de berserk est un monde ravagé par plusieurs guerres), son ambition (illustré à merveille par le rêve et le machiavélisme de Griffith), ses désirs (notamment sexuels), et la volonté inhérente à tous de rechercher à faire le bien, et ce parfois au détriment des autres.


Berserk est un chef d’œuvre qui pousse Kentarô Miura dans une analyse minutieuse de la conscience et des relations humaines.

En 2002, Berserk s’est vu récompensé au Japon par le prix d’excellence à la cérémonie du Prix Tezuka, derrière Takehiko Inoue avec son manga Vagabond, qui a reçu le premier prix. En 2007, il reçoit le prix du meilleur seinen au Japan Expo.

Cette déshumanisation latente fait parti du monde même de Berserk. Que ce soit chez les soldats servant de chairs à canons au combat ou les nobles adeptes du complot meurtrier, les Hommes y sont décrits par un nihilisme démesuré.

Un aspect romantique qui sera complètement annihilé lors d’un final tétanisant qui risque de vous marquer plusieurs jours durant. Entre Jérôme Bosch et Lovecraft, le climax de Berserk nous offre l’Enfer sur un plateau comme on l’a rarement vu. Un carnage hallucinant et viscéral dont personne ne peut ressortir indemne. Berserk prend aux tripes, là où ça fait mal, très mal.

La violence, les guerres, le désespoir, l’obscurantisme, le fait de représenter les pires exactions de l’âme humaine (viol, pédophilie, infanticide, torture et j’en passe), sont au cœur même de ce monde dévoré par les ambitions et la soif de sang.

On s’aperçoit rapidement que la dark fantasy est un sous-genre malheureusement trop peu exploité dans les différents médias de la pop culture… Alors qu’il peut donner d’authentiques œuvres marquantes : Guin Saga (dont Kentaro Miura s’est grandement inspiré) en roman, Conan le Barbare, Le 13ème Guerrier et 300 pour le cinéma, God of War pour le jeu vidéo et surtout Claymore récemment pour le manga.

Si l’on pourra dire sans équivoque que Berserk est un chef-d’œuvre sur le papier, à l’écran on regrettera que la série ait autant vieilli. Les années ont passé et cela se voit.

Si après un tel dithyrambe, je n’ai tout de même pas envie de crier au chef-d’œuvre c’est parce que la série se termine de la façon la plus frustrante qui soit. Un putain de cliffhanger qui à dû rendre fou la plupart des téléspectateurs de l’époque (et encore ceux d’aujourd’hui). En effet, ayant rattrapé le manga, la série s’est arrêtée nette, au pic de son émotion, sans connaître de suite.

Treize ans plus tard, les aventures de Guts pourrait ressusciter puisque un nouveau projet devrait voir le jour. En attendant, rien ne vous empêche pas de vous jeter, tel un Berserker en pleine bataille, sur le manga de Kentaro Miura…